samedi 4 décembre 2010

Du management à la manipulation

Toute activité humaine poursuit des buts (object activité), adopte des règles (forme) et cherche à promouvoir des valeurs (pour justifier, évaluer)

1. Agir de façon autonome, responsable de ses choix et de ses actes
2. Les entreprises dictent les conditions à respecter et les objectifs à atteindre, tout en exigeant l'autonomie de ses employés
3. Les dirigeants instrumentalise l'autonomie pour se débarrasser de leurs responsabilités et pouvoir tenir comme responsable de tout échec les employés qualifiés d'autonomes
4. Le concept d'autonomie sert pour "faire faire"
5. Quand on cherche à faire passer pour autonome des actes qui réalisent ce que d'autres attendent, une seule expression s'impose pour résumer ce processus : une nouvelle forme de manipulation

Il ne faut pas faire croire aux esclaves qu'ils sont les maîtres
Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des lapins de 3 semaines :-)

N'ayant plus de vis à vis solide et cohérent auxquel ils puissent faire face, ni collectif intermédiaire protecteur, les individus vivent des situations paradoxales. Ils sont rendus responsables de la réussite ou de l'échec.

Ne sommes nous pas alors face à une véritable perversion du sens même de l'autonomie qui au lieu d'être ce qui permet à chacun de se donner sa propre loi, devient le moyen par lequel on assujettit aujourd'hui de plus en plus les travailleurs aux lois de l'entreprise.

La perversion du management ne consiste-t-elle pas justement à faire volontairement adhérer les salariés à leur propre asservissement ?

C'est une chose de dire qu'on emploie un individu pour avoir recours à ses services, c'est une autre d'attribuer à une personne des caractéristiques essentielles qui la rendent plus ou moins employable.

"Employabilité", concept flou adapté à l'économie de la performance, rime de plus en plus avec remplaçabilité.

Les entreprises veulent faire passer l'idée que les aspirations individuelles de ses salariés ne peuvent que coïncider avec le projet de l'entreprise.

Adaptabilité : l'homme sans épaisseur, prêt à tout et finalement bon à rien ...

Le bon sens est de rappeler quelques évidences, la responsabilité ne va pas de soi avec l'adaptation. La cohérence est une des facettes du principe de responsabilité. Inversement, l'adaptation constante, c'est le propre de l'habile, du manipulateur, voire du salaud. Il faut choisir entre les savants et les salauds.

Propagande, vient de propaganda, qui doit être propagé, le mot fut introduit en 1622, comme terme religieux par la congrégation de la propagande afin de répondre la religion catholique.

Il ne peut pas y avoir de la propagande et de l'écoute.

Selon Philippe Liger, directeur des ressources humaines du groupe Accor, "le marketing des ressources humaines", il faut réinventer des modèles et bâtir de nouveaux repères dans un monde qui en manque singulièrement en réintroduisant la notion de sécurité et d'éthique.

La clé est de s'intéresser aux individus non plus seulement à travers ce qu'ils savent faire mais ce qu'ils sont.

Les managers modernes se focalisent donc sur la "quête de sens" des individus, et cherchent à les convaincre que seul le travail rend aujourd'hui possible l'épanouissement personnel. Et c'est là que la manipulation prend toute son ampleur. Car l'humanisme dont les managers se veulent porteurs n'est que d'apparence. Ce qui importe réellement est d'exploiter le sens de l'identité et du bien être des travailleurs au profit des objectifs de l'entreprise.

Cette invasion dela sphère privé par la sphère professionnelle n'est pas en soi scandaleuse surtout dans un monde très exigeant. A condition qu'on prenne conscience qu'il s'agit d'une dégradation du cadre de vie et non comme le discours managérial un épanouissment personnel !
Alors qu'oeuvrer prend fin quand l'objet est achevé, prêt à s'ajouter au nombre commun des objets ...travailler tourne sans cesse dans le même cercle que prescrivent les processus biologiques de l'organisme vivant, les fatigues et les peines ne prennent fin qu'avec la mort de cet organisme.
Le travail symbole de liberté, d'épanouissement personnel, ou de nécessité ?
"Le travail rend libre", à l'entrée des camps de concentration ... extrême dérision crescendo de l'abjection concentrationnaire, perversion sadique chez les nazis, perversion manipulatrice chez ceux qui prétendent que le travail n'est qu'épanouissment.
Discours managériaux, comme celui d'excellence difficilement conciliable avec la liberté.
Le travail, est-ce la guerre de tous contre tous ... ou bien c'est l'émulation, l'occasion de surpasser ?
Charles Taylor : "la quête personnelle", prendre soin de soi même, responsable de sa vie et culpabilité lorqu'il n'arrive pas à tout gérer ...
La confiance en soi ? Qu'est-ce que la confiance ? La confiance humaine contient en elle même le germe de la trahison.
La manipulation a toujours existé, comme l'expliqué déjà Platon, il y a 2 sortes de discours, celui qui permet de progresser sur le chemin de la connaissance, et celui qui relève de la sophistique pour obtenir un bénéfice extérieur à l'ordre du discours.
Le langage est ainsi manipulé car on préfère l'efficacité à la vérité.Pascal dans les Provinciales expliquait que la violence et la vérité ne peuvent rien l'un sur l'autre. C'est une étrange et longue guerre que celle où la violence essaie d'opprimer la vérité.

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