mardi 23 août 2011

Le risque de violence politique

Le propos apparaît comme trouble. Il semble s'appuyer sur des faits, introduire quelques considérations psycho-historiques pour terminer par « Si par malheur, ils s'avèrent incapables d'en fournir, cela aiguisera les risques de déstabilisation de nos sociétés et de nos démocraties. » (« fournir » des réponses à ce qui est provoqué par la peur et le désespoir). Quelles sociétés, quelles démocraties? Au fait quel est le Sens de ce pluriel.

Des éléments d'actualité et un édifice bien ambigu. D'abord le titre « L'angoisse liée à la crise se mue en indignation voire en rage quand l'opinion constate l'aggravation des inégalités et des injustices sociales. »

On nous raconte que l'opinion "constaterait", depuis la crise, l'aggravation des inégalités et des injustices sociale. Mystification. L'opinion n'est formée que par les médias qui retransmettent les analyses souvent mal intentionnées. Le seul "constat" c'est de ce dont ils sont bombardés tous les jours. L'immense majorité n'a rien constaté quant à la crise financière et ne peux en avoir d'expérience ni conçu de peur, angoisse ou désespoir. Ceux qui sont malgré tout dans ce cas - le cas notamment des licenciements supplémentaires intervenus depuis septembre - ne sont pas dans une situation différente des licenciés beaucoup plus nombreux qui chaque année interviennent dans les statistiques du chomage. Près de deux millions de chômeurs auparavant, 10% de plus ce n'est pas changer d'échelle ni de nature du problème pour ceux qui en sont victimes.

Autrement dit l'angoisse, l'indignation et la rage ne sont pas du tout mécaniquement liés à la crise mais aux entreprises de déstabilisations que l'article, un de plus, veut « expliquer » sinon comprendre comme lorsque l'on veut excuser sinon susciter ». Ce sont les fasifications de l'analyse qui sont révélatrices. Ici les prémisses sont fausses et les conclusions préétablies aussi. Le mélange du plan national et international, l'alibi de la crise (mondiale) pour un mouvement (franco-français) antérieur à la crise ne clarifient pas le raisonnement. Mais en est-il besoin puisque prémisses et conclusions sont préétablies.

Identifions quelques facteurs clé de la situation

1 - Une mutation de civilisation sur le plan mondial caractéristisée par la montée en puissance des autonomies personnelles et communautaires (à l'encontre des modèles conformistes, normatifs et rationalisés) et facilitée par l'explosion d'expérimentations de masse sur internet.

2 - Une crise financière révélatrice et accélératrice de la mutation qui renvoie à la considération des valeurs humaines communautaires (bien commun) plus qu'aux calculs « individualistes » liés à la croyance dans des systèmes supposés naturels.

3 - Un modèle français dominateur : le jacobinisme et sa croyance dans les systèmes rationnels (technocratie), un Etat dominateur de la nation, une fonction publique au service de l'Etat et pas de la nation, une charge financière pour la nation supérieure à toute autre, un temple idéologique : l'éducation nationale qui refuse le service (éducatif) du à la nation, un temple philosophique « scientifique » avec les institutions de l'université et de la recherche, un ensemble d'institutions et d'entreprises d'Etat, tenant en tutelle les collectivités locales et la nation malgré les lois de décentralisation qui sont tous les jours contournées dans le cadre de l'opération de « reconquête » entreprise par les hauts fonctionnaires depuis le début.

4 - Les défaillances de ce modèle sont de plus en plus flagrantes (il n'est pas le seul agissant en France et dans la république mais le seul dominateur). Sa logique vient en contradiction avec le « mouvement du monde ». Par exemple il est fondé sur le maintien en état de subordination, de minorité, tant des fonctionnaires de base que des salariés des entreprises privées. Le contraire de l'autonomisation ou empowerment. C'est son modèle humain : une élite détentrice des pouvoirs de la Raison (d'Etat) une masse d'individus mineurs, irresponsables, obéissants et vérouillés par des syndicats d'un modèle unique au monde (8% de syndiqués et un pouvoir extravagant).

5 - Outre les dynamiques de civilisation auxquelles ce modèle français résiste (voir les retards français dans de multiples domaines) le Président de la République a entrepris de réaliser ce que tous ses prédecesseurs n'ont pas osé entreprendre : la reprise de pouvoir du politique c'est-à-dire de la démocratie sur l'Etat et son administration.

Voilà la clé, voilà la source de la guerre qui est faite en France à la démocratie représentée par le pouvoir élu. Voilà le Sens de la violence : vaincre le pouvoir politique et la démocratie donc la nation, sans qu'apparaisse le véritable conflit.

Pour cela il faut rester dans l'ombre mais après l'émergence de la crise, les revendications sont les mêmes qu'avant. Non à l'autonomie des universités, non à la réforme de la recherche, non à la réforme de l'éducation nationale, non à tout ce qui met en question le pouvoir administratif. Savez-vous que l'application des lois pourra être contrôlée par le parlement ce qui n'existait pas avant, que le parlement pourra proposer des lois ce qui n'était pas avant. Les lois ont toujours été dans les mains des administrations qui les rédigent et sutout leurs décrets et leurs circulaires d'application. Les parlementaires pour l'essentiel étaient dépossédés de tout pouvoir, les gouvenants aussi.

Alors pour dissimuler l'enjeu national vital il faut mettre en avant :
Le parti qui est détenu par les fonctionnaires et notamment les enseignants et universitaires (lequel?).
Les syndicats étatistes dont la doctrine du rapport de force se nourrit de toutes les opportunités pour maintenir ou sauver une emprise sur les salariés bien menacée.
Les partis étatistes trotskystes ou simplement marxistes qui ont du grain anticapitaliste à moudre grâce aux révélations de la crise.
Les instances à la suffisance déstabilisée par la reconquête du politique et de la nation et tous les corporatismes issus d'un mode de manipulation de la société consitant à mettre en scène le rapport antagoniste : intérêts particuliers, intérêt général (intérêt de l'Etat et ses clercs).
S'y collent aussi ceux qui sont déstabilisés par le mouvement du monde, à tout hasard : les intermédiaires, les médias.
Il faut y rajouter pour mémoire le mouvement écologiste mais son ambiguité vis-à-vis de l'Etat national et plus délicate à manier.

Alors il faut dire que la plupart des protagonistes n'ont aucune conscience de cela (mineurs). Certains sont dans de tous autres modèles, plus créatifs, plus autonomes, plus engagés dans le service des hommes, concernés par le bien commun. J'en connais. Mais trop sont formatés dans le ronron de l'Etat protecteur ignorant que cette protection ils l'ont payé de leur aliénation confortable.

Il y a une coalition en France pour tout casser plutôt que de perdre ce modèle de pouvoir et de confort. L'ennemi public numéro un pour eux c'est Nicolas Sarkozy le président de la République élu par la nation. La guerre c'est à la nation qu'elle est faite et la violence est toujours le refus de la démocratie pour des raisons totalitaires, comme dans toutes les républiques populaires d'ailleurs.

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