dimanche 30 octobre 2011

Entre déjà plus et encore à venir...

Et que prouve donc ton cœur ?

Entre hier et demain il oscille

sans bruit, étranger

et sonne en battant,

sa chute hors du temps.

Ingeborg Bachmann. Tombe, cœur.

Dans mon début est ma fin. […]

Je suis ici ou là, ou ailleurs. Dans mon début. […]

Ce que nous appelons le début est souvent la fin. […]

La fin est l’endroit d’où nous partons.

TS Eliot. Four Quartets.

Le présent est fait de déformations du passé et d’ébauches imprécises de l’avenir.

Pierre Reverdy. Le livre de mon bord.

L’avenir nous tourmente, le passé nous retient, c’est pour ça que le présent nous échappe.

Gustave Flaubert. Lettre à Louise Colet.

Nous errons dans des temps qui ne sont pas [les] nôtres.

Blaise Pascal. Pensées.

Toutes nos expériences, y compris cette conversation, ont lieu dans le passé.

Même s’il ne s’agit que de millionièmes de seconde.

La caméra que je regarde en ce moment se trouve à quelques mètres. Elle est donc, depuis quelques millionièmes de seconde, déjà dans le passé par rapport au temps indiqué sur ma montre.

Le signal met du temps à arriver. La lumière que reflète la caméra, ou que tu reflètes, me parvient avec un décalage. Un décalage infime, car la vitesse de la lumière est rapide.

- Combien de temps met la lumière à nous parvenir de la lune ? Un peu plus d’une seconde.
- Et du soleil ? Huit minutes.

Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont au moment où nous les voyons. Non, c’est ça le piège. Le présent n’existe pas. C’est vrai. Le seul présent qui pourrait exister, c’est ce qu’il y a dans mon esprit. C’est ce qui se rapproche le plus du présent absolu. Et encore… parce que quand je pense, le signal tarde à se déplacer entre mes sens.

Il y a un décalage.

Gaspar Galaz dans le film de Patricio Guzman. Nostalgie de la lumière.

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