samedi 26 novembre 2011

Ce qu'ils veulent pour l'école

Vincent Peillon a précisé le projet de François Hollande pour l'éducation dans un document dont ToutEduc a eu la primeur. Pour «passer un nouveau contrat entre l'Ecole et la Nation», le candidat estime qu'il faudra «s'appuyer sur une volonté commune de transformer en profondeur notre système éducatif». Or, «la volonté et les convergences existent aujourd'hui», il en veut pour preuve le texte de l'Appel de Bobigny. Ce manifeste, lancé après un long travail de concertation par Yves Fournel, adjoint au maire de Lyon et président du Réseau français des Villes éducatrices, a été contresigné par les principaux syndicats enseignants (FSU, Sgen-CFDT, Unsa). Il démine donc le terrain pour les politiques, qui ont traditionnellement peur des syndicats enseignants, du Snes surtout.

Sans surprise, François Hollande veut «concentrer les moyens là où ils sont le plus nécessaires» : relance de l'éducation prioritaire, «rééquilibrage entre les niveaux d'enseignement», l'école primaire, maternelle notamment, devant recevoir des «moyens nouveaux», mise en place «en région, d'un véritable service public de l'orientation» pour les élèves, les étudiants et la formation tout au long de la vie, un point que la section "orientation" du Snes risque de ne pas apprécier.

Sur les rythmes scolaires, Vincent Peillon, qui s'exprime au nom du candidat, annonce le retour à la semaine de 4 jours et demi, et un cadre national pour lutter contre les journées trop longues et une année scolaire «trop courte», mais renvoie une bonne part de la question sur les collectivités, dans le cadre de «projets éducatifs locaux». Vincent Peillon estime aussi que «les parents doivent trouver à l'école un véritable accueil» et que leurs représentants doivent voir leur rôle renforcé.

S'agissant de la formation des enseignants, elle doit être «équilibrée entre les savoirs disciplinaires, la pédagogie et la pratique». Le concours doit être organisé «plus tôt pour pouvoir réellement organiser cette formation, et une entrée progressive dans le métier». Ensuite, la formation continue, «reconstruite, deviendra obligatoire». Quant au statut des enseignants et à la définition de leurs missions, ils devront évoluer.

Jean-Luc Mélenchon a également répondu à l'Appel, et sa réponse est sa première prise de position, comme candidat, sur la question scolaire. Il entend au contraire de l'équipe du PS, garantir le statut des enseignants et «abroger les mesures qui visent à le remettre en question». Il estime pourtant «nécessaire» une «nouvelle loi d'orientation définissant les grands objectifs» de l'Education nationale, et que «tous les acteurs de l'éducation» soient mis «au cœur des projets éducatifs».

Le Front de gauche propose «la création d'un service public de la petite enfance et l'obligation scolaire à 3 ans». Il s'oppose «à la mise en place des jardins d'éveil». Pour «rompre avec les logiques de compétition et de déterminisme», il souhaite revenir «sur le livret de compétences et les évaluations dès le plus jeune âge», ainsi que sur le fichier "base élève".

Il considère que l'autonomie des établissements «signifie [leur] mise en concurrence» et qu'elle «favorise l'ingérence des pouvoirs locaux et des intérêts privés dans le fonctionnement de l'école». Il évoque d'ailleurs «le rétablissement de la carte scolaire».

«La construction d'une culture commune de haut niveau» doit contribuer à ce qu'aucun élève ne sorte sans qualification du système scolaire. Mais pour lutter contre les difficultés, «la diversité des méthodes pédagogiques (...) doit être à même de proposer des solutions adaptées pour chaque élève». Le candidat est très attaché à «l'immense vivier que représente la liberté pédagogique», mais semble pencher pour les théories constructivistes, puisqu'il considère que les élèves doivent être, «dès le plus jeune âge, associés à l'acquisition du savoir». Il évoque aussi l'éducation à la citoyenneté d'élèves qui votent ou qui prennent part à l'élaboration du règlement intérieur de l'établissement.

Quant à Eva Joly, qui a également répondu au courrier des promoteurs de l'Appel de Bobigny, elle se «félicite des très grandes convergences entre [eux] et le projet écologiste» et souligne son «attachement à un droit à l'éducation pour chacun». La candidate d'Europe Ecologie Les Verts est pourtant un peu gênée par la proposition de créer un «service public de la petite enfance». Elle est en effet «très attachée à la spécificité de l'école maternelle» et prudente sur l'idée de l'obligation scolaire à 3 ans.

Elle «se reconnaît» dans la définition de l'autonomie des établissements donnée dans l'Appel, puisqu'il s'agit de «s'appuyer davantage sur la travail de la communauté éducative», et non d'«accroître les pouvoirs du chef d'établissement» vu comme un «manager». Elle trouve «particulièrement féconde» la notion de «parcours éducatif» qui y figure et évoque la possibilité de sortir de la structure "groupe-classe" : «nous proposons de confier un groupe d'une centaine d'élèves à une équipe d'enseignants, qui (...) déterminerait les modes de regroupement les plus pertinents».

Sur la formation des enseignants, elle défend leur recrutement au niveau master, avec un concours au niveau licence, et deux travaux de recherche, l'un sur une discipline universitaire, l'autre sur «une question d'éducation». Elle en appelle à un «débat national», où les corps intermédiaires seraient «force de proposition».

Cet Appel a été adressé à tous les candidats "républicains". François Bayrou n'y a pas, pour l'heure, répondu. Quant à Nicolas Sarkozy, n'étant pas, «à ce jour» candidat, il a laissé son chef de cabinet dire qu'il voulait «remettre les valeurs du mérite, du travail et de l'égalité des chances au cœur de [la] politique éducative».

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