dimanche 27 novembre 2011

Evolution de l’intelligence collective et de la spirale de la conscience

Présentation

WIE : Don Beck, pouvez-vous commencer par expliquer le concept de base de la dynamique en spirale ?

Don Beck : Le concept de la dynamique en spirale est que la nature humaine n’est pas figée ; tout n’est pas joué à la naissance. Au contraire, nous avons les capacités, par la nature même de notre esprit/cerveau, de construire de nouveaux mondes conceptuels. Aussi, ce que nous essayons de décrire est simplement comment les humains sont capables, lorsque les conditions deviennent suffisamment mauvaises, de s’adapter à leur situation en créant de plus grandes complexités de pensée pour gérer de nouveaux problèmes.

WIE : Pouvez-vous en dire davantage sur cette capacité, qui semble propre à l’homme, de développer des niveaux plus élevés de pensée et de connaissance ?

DB : La Dynamique en Spirale a pour postulat que nous possédons une intelligence adaptative, » intelligence complexe, adaptative et contextuelle « , qui se développe en réponse aux circonstances et défis de la vie auxquels nous sommes confrontés, ce que dans ce modèle de dynamique en spirale nous appelons les Conditions de Vie. Ce sur quoi nous portons systématiquement notre attention est la dynamique d’ordre causal créée par les Conditions de Vie, puis sur les types de mécanisme d’adaptation et d’intelligence collective qui sont fabriqués en réponse à ces conditions. Ces intelligences collectives sont ce que nous appelons les mêmes *.

WIE : Vous semblez insister sur la nature évolutive de l’intelligence humaine, qui nous permet de nous adapter et de survivre à nos défis existentiels, ou » Conditions de Vie « . Pouvez-vous en dire plus sur l’importance évolutive des » mêmes » ?

DB : Comme les gènes, les virus et les bactéries, les mêmes répondent au même principe de base que l’on trouve dans l’univers, à savoir le renouvellement, la capacité de régénération. Chaque même successif implique un horizon plus vaste, un principe d’organisation plus complexe, avec un nouveau calibrage des priorités et des structures mentales, ainsi que des lignes de fond spécifiques. C’est un moyen résoudre les problèmes. C’est un moyen d’assigner un ordre de priorité, de mettre en avant ce qui est plus important et pourquoi, en réponse aux Conditions de Vie. Et tout comme un code biologique ADN, code qui se reproduit lui-même en se disséminant dans tout le corps, le code d’un même est un schéma bio-psycho-socio-spirituel de type ADN, une empreinte qui se répand à travers une culture, et joue son rôle dans tous les domaines d’expression de cette culture, modelant les codes de survie, la mythologie des origines, les formes artistiques, les styles de vie, les appartenances communautaires.

WIE : Donc, selon vous, à mesure que les humains s’adaptent à leurs Conditions de Vie, cela éveille de nouvelles sortes d’intelligence, ou des codes, les » mêmes « , qui à leur tour façonnent l’évolution de la culture.

DB : Oui. Et les cultures, comme les pays, sont formées par l’émergence de ces mêmes, ou systèmes de valeurs, qui constituent le ciment qui relie un groupe, le définissant comme type de population et réfléchissant la place qu’il occupe sur la planète.

Mon vieil ami et collègue, feu le professeur Clare Graves, avait l’intuition qu’il existait des modèles sous-jacents dans l’évolution de la conscience humaine. Il a identifié huit niveaux d’existence psychologique et culturelle, ou systèmes de valeurs, qui sont devenus la base de notre modèle en spirale. Les mêmes principes ou niveaux d’existence s’appliquent aussi bien à une personne individuelle qu’à l’ensemble d’une société. Graves a impliqué des milliers de personnes dans son étude, cherchant constamment à déceler ces modèles sous-jacents qui, estimait-il, reflètent différents niveaux d’activation de notre système nerveux moteur.

WIE : Pourriez-vous esquisser le modèle en spirale avec sa hiérarchie de huit mêmes, ou niveaux d’existence ?

DB : Dans le langage de Graves, le » Premier Etage » de la spirale est un ensemble de six mêmes caractérisés par les notions d’existence ou de subsistance. Cela veut dire que nous ressemblons davantage à des animaux qu’à des dieux et que nous avons à faire face à des problèmes d’existence d’ordre essentiellement terrestre.
Donc, le Premier Etage (BEIGE, VIOLET, ROUGE, BLEU, ORANGE, VERT) rassemble nos problèmes de » subsistance » ou de survie, tandis que le Second Etage (JAUNE, TURQUOISE) œuvre à l’élaboration de formes saines de tous les systèmes du Premier Etage, dans le contexte d’une communauté globale, riche en informations et hautement mobile. Bien que Graves ait identifié huit niveaux d’existence, avec un neuvième à l’horizon, la Spirale est en expansion, ouverte sans fin, continue et dynamique. Il n’y a pas d’état final, pas de destination ultime, pas de paradis utopique. C’est une quête sans fin vers le haut, dont chaque phase n’est qu’un prélude à la suivante, puis la suivante, et la suivante.

WIE : Et qu’est-ce qui provoque l’émergence évolutive de ces stades, ou mêmes, le long de cette spirale ascendante ?

DB : Nos crises, parce qu’elles offrent les points d’inflexion et les bornes repères qui déclenchent le mouvement vers le prochain niveau de développement humain. Et chaque niveau d’existence, ou même, ressemble plus à une vague montante, un système vivant et fluide, qu’à une étape hiérarchique rigide comme une marche d’escalier. Une fois qu’un nouveau niveau apparaît dans une culture, tous les stades précédents de développement restent acquis dans le système de valeurs résultant. Dans le langage de Ken Wilber, tout nouveau stade social » transcende et inclut » chacun de ceux qui ont précédé. Pour cette raison, les systèmes de pensée plus complexes comportent de plus grand degrés de liberté.

WIE : Pourquoi utilisez-vous un modèle en spirale pour représenter l’émergence de ces stades évolutifs de développement psychologique et culturel ?

DB : La forme spiralée du tourbillon est ce qui représente le mieux la façon dont émergent les systèmes humains, ou mêmes, car ils évoluent par niveaux de complexité croissante. Chaque spire montante indique la survenue d’une version plus élaborée de ce qui existe déjà, chaque même étant un produit de son temps et de ses conditions. Et ces mêmes forment des spires correspondant à une complexité croissante chez une personne, dans une famille, une organisation, une culture ou une société. Nous vivons tous dans des états en mouvement ; il y a toujours de nouveaux vins, toujours de vieilles lies. Et l’on peut constater que tout ce processus évolutif fonctionne, du fait même que nous sommes toujours ici, que nous avons été capables de survivre des milliers et des milliers d’années sous la menace d’un environnement très hostile. Ainsi, nous sommes en présence d’une espèce merveilleuse qui a la capacité innée de se renouveler elle-même. C’est ce qui fait de nous des humains.

•Le concept de » même » fut proposé dans les années 70 par le biologiste évolutionniste Richard Dawkins. Selon lui, il fallait considérer l’évolution de la culture indépendamment de l’évolution génétique et biologique. Les » mêmes » de Dawkins désignent des » unités de transmission culturelle » spécifiques, telles que les chansons, les idées, les modes vestimentaires, parmi d’autres exemples. Toutefois, dans la Dynamique en Spirale, elles sont appelées » petits mêmes « .

Lorsque Beck utilise le mot » même « , il fait référence à un » système central de valeurs » ou » même de valeurs « . Ces systèmes agissent comme » principes organisateurs » s’exprimant à travers les petits mêmes, et ils sont si essentiels à nos façons de penser qu’ils peuvent » se répandre à travers tout un groupe ou une culture entière, et structurer par eux-mêmes les états d’esprit « .

BEIGE

WIE : Votre modèle de dynamique en spirale figure notre mouvement évolutif en commençant il y a 100 000 ans avec l’apparition du premier » niveau d’existence « , le mème BEIGE. A quoi correspond ce premier stade du développement humain ?

DB : Le BEIGE, dans notre modèle, est un état d’existence pour ainsi dire automatique, induit par les besoins physiologiques impérieux qui actionnent le dispositif primaire de survie avec lequel nous sommes nés. Dans sa forme originelle, si on remonte à 100 000 ans, le niveau d’existence BEIGE a été la première étape qui a fait de nous des humains. Il s’agit d’humains luttant simplement pour leur survie dans des environnements où se trouvent d’autres animaux. Néanmoins, nous sommes plus sophistiqués et semblons avoir plus de talents conceptuels pour nous réunir en clans protecteurs afin de préserver ce que nous avons et nous protéger des prédateurs. Le père, dans le clan de survie, mange en premier, parce que si le plus fort meurt, la famille n’a plus d’espoir. Ainsi, la clé du BEIGE est la survie par l’utilisation d’une intelligence instinctive, avec un système sensoriel plus affûté qui nous permet de mieux voir et de mieux entendrenous pouvons ressentir des choses avec la racine nos cheveux dans la nuque. Le simple fait de rester en vie est ce qui compte le plus.

WIE : Reste t-il des exemples de BEIGE de nos jours ?

DB : Le seul vrai BEIGE qui existe encore aujourd’hui dans sa condition primitive est caché en Indonésie et dans certaines parties d’Afrique. Nous avons étudié les aborigènes pendant quelque temps : il est tout à fait clair qu’ils ont la troublante capacité de retrouver de l’eau enfouie, ou des œufs d’autruche. Ils peuvent aussi sentir les changements de temps. Donc, » primitif » ne veut pas dire pour nous » primitif-et-imbécile « , parce qu’il pourrait bien y avoir jusqu’à seize sortes de sens, y compris la capacité de voir à grande distance, une multiplicité de sens activés à ce niveau d’existence. Mais aujourd’hui, la plupart de ces sens sont atrophiés, submergés par nos systèmes conceptuels plus complexes.

WIE : Est-ce que les conditions de vie forcent parfois les gens à exister au niveau BEIGE, même s’ils ne sont pas réellement primitifs ni ne sont représentatifs de la forme » primaire » de ce mème ?

DB : Oh, on peut trouver des traces de BEIGE chez les gens qui vivent dans la rue et sont avant tout des chasseurs-cueilleurs, qui mangent ce qu’ils dégotent sur leur chemin. On peut certainement en voir l’exemple dans les horribles conditions d’extrême pauvreté de Somalie ou d’Ethiopie, où l’existence se réduit au geste de la main à la bouche. C’est aussi évident chez les nouveaux-nés, qui mangent quand ils ont faim. Et puis un certain nombre de gens, quand ils sont exposés à une catastrophe, peuvent régresser jusqu’au BEIGE. Le sens de priorités plus hautes disparaît brusquement quand on se trouve pris dans une tragédie personnelle, dans des situations de souffrance ou de privation extrême. Il se crée une sorte de vide, certainement induit par la peur, parce que les limites et les attentes se dissolvent soudain et que l’on se retrouve seul sur ses pas, livré à ses propres moyens.

C’est ce sentiment que nous avons quand nous avons à faire quelque chose d’entièrem
ent différent, quelque chose que nous n’avons jamais fait auparavant et que nous ne sommes même pas sûrs de pouvoir faire. Je pense qu’après le 11 septembre nous avons vu des gens rentrer temporairement dans le BEIGE parce que la crise les a mis dans une condition psychologique différente.

VIOLET

WIE : Le second niveau ascendant de la spirale est le VIOLET. Quels développements évolutifs caractérisent le passage de l’existence primitive du BEIGE au niveau d’existence suivant, le mème VIOLET ?

DB : Le VIOLET est animiste, tribal et mystique. Dans le monde du VIOLET, nous trouvons les premiers signes de communauté humaine, le sentiment d’une parenté d’esprit » je suis quelqu’un parce que j’appartiens à un certain clan ou à une certaine tribu. » Durant la période glacière, le monde est devenu surpeuplé.

Il y avait plus d’humains par kilomètre carré que jamais auparavant. Dans le système BEIGE, des clans ont commencé à se heurter à d’autres clans, avec un début de compétition pour investir les niches écologiques. Soudain, un clan approximativement structuré se consolide en une tribu,mettons, quatre à cinq cents individus de sorte qu’il peut désormais survivre dans une situation de compétition avec d’autres clans. Donc, l’un des changements de Conditions de Vie menant au passage du BEIGE au VIOLET concernait la territorialité et l’accès aux ressources.

Au même moment, une mutation est intervenue pour éveiller dans le cerveau la première véritable capacité d’associer la cause et l’effet. Ce furent les premières notions de métaphysique. Dans l’esprit BEIGE, les événements semblent être dispersés, chacun isolé, sans grand caractère prévisible. Mais, par exemple en Afrique, si la lune est pleine et qu’une vache meurt, l’esprit VIOLET fait la corrélation entre les deux événements, l’un devenant la cause de l’autre.

Ainsi, l’émergence du système métaphysique, en même temps que la capacité de travailler plus solidement en équipe, s’est produite lors de la transition de l’Individu des premiers âges (BEIGE) vers l’Individu Mystique (VIOLET), émergence précipitée par les changements de Conditions de Vie intervenus lors de l’ère glacière, il y a environ cinquante mille ans.

WIE : Il semble que l’émergence de la capacité de s’unir et travailler ensemble augmente littéralement nos chances de survie.

DB : Vous avez parfaitement raison. Littéralement. Et dans la mesure où ces étapes d’existence, ou niveaux de mème, représentent des systèmes bio-psycho-sociaux, ils indiquent l’émergence évolutive de capacités et d’aptitudes biologiques et physiques.

Par exemple, nous savons que le niveau d’ocytocine, hormone biochimique du cerveau
dont les bienfaits pour la santé sont divers, est plus élevé quand les humains mangent en groupe. Ainsi, manger ensemble, rompre le pain ensemble, les fêtes de toutes sortes, tout cela élève le niveau d’ocytocine dans le cerveau et améliore la survie.

Autre chose s’est développé à cette époque, c’est le processus chimique interne au cerveau, quel que soit ce mécanisme, qui permet à une personne d’entendre intérieurement des voix, les voix des esprits. Le mème VIOLET est fortement corrélé aux tendances dites de cerveau droit telles que l’intuition aiguë, l’attachement émotif aux lieux et aux choses, et un sens mystique des rapports de cause à effet. J’ai moi-même un sens VIOLET bien développé, ayant passé tellement de temps avec les Zoulous dans des lieux sacrés.

ROUGE

WIE : Avec ses tribus et ses rituels, le même VIOLET semble avoir constitué un saut significatif par rapport à l’existence primitive du BEIGE.. Comment le prochain niveau de mème de la spirale le ROUGE émerge-t-il du VIOLET, et quelles sont les caractéristiques qui le définissent ?

DB : Dans la zone ROUGE, nous avons les débuts du moi brut, égocentrique. Je suis quelqu’un. Ce qui a commencé à causer, il y a environ dix mille ans, les changements de Conditions de Vie conduisant au ROUGE ne furent pas des échecs, mais plutôt des succès.

Dans le VIOLET, nous avons fort bien réussi. Nous avons trouvé de la nourriture, nous avons stabilisé notre mode de vie, nous avons conquis ce que nous pensions être les dragons de notre vie.

Tout était lisse, ennuyeux. Beaucoup de jeunes sont devenus mécontents. Ils ont vu que quelque chose de leur essence, plutôt que d’être protégé, était en train d’être contenu, limité. C’est alors que le ROUGE progresse à grands pas. Maintenant nous avons des individus élitaires qui commencent à s’extraire de l’élément unifiant du VIOLET, devenu dépassé.

Ainsi, ce que le VIOLET a produit, par ses succès, était le besoin d’individus forts accédant au pouvoir, qui dominent, par exemple dans un environnement militaire où l’on a pas le temps de voter s’il faut ou non » prendre la colline « . Ce qui commence à se libérer est l’affirmation du moi brutle renégat, l’hérétique, le barbare, le vas-y-seul, le moi puissant, l’hédoniste.

WIE : Il est plus difficile de voir les attributs positifs du même ROUGE . Le VIOLET m’attire franchement plus, avec cette mise en avant de l’union humaine et du sens de la métaphysique.

DB : Il y a à la fois des expressions positives et négatives dans tous les mêmes, y compris le ROUGE. Dans le ROUGE, nous voyons des taux de crimes élevés, nous voyons toutes sortes de rage et de rébellion, mais nous pouvons aussi voir de merveilleux élans de créativité, des actes héroïques, la capacité de briser la tradition et de frayer de nouveaux chemins. Et la rébellion, l’impulsivité de mode ROUGE ne pouvaient se manifester que parce que le VIOLET, à travers l’union, avait stabilisé les choses.

Et puis le ROUGE était en rébellion contre les rituels et les sacrifices imposés à la jeunesse par le système VIOLET les rites douloureux de passage, par exemple. C’est pourquoi le ROUGE succède au VIOLET, et pourquoi le VIOLET dispose la scène du ROUGE.
C’est très important je veux que vous voyiez les interconnections. Les mêmes ne sont pas des entités qui flottent dans le vide. Le ROUGE n’est pas meilleur que le VIOLET.

C’est différent. Donc vous devez vous demander, avant tout : quelles sont les Conditions de Vie ? Si les Conditions de Vie vous demandent d’être fort et de vous affirmer, ou de combattre pour sortir d’une horrible situation, alors le même ROUGE est la voie à suivre. Le ROUGE n’est pas une aberration, mais une partie normale du répertoire des mêmes humains. Cette perspective est fondamentale dans la dynamique en spirale : vous acceptez que les mêmes ne représentent pas une hiérarchie de » mieux « , mais plutôt que chacun peut s’exprimer de manière positive ou négative, et que toute la spirale, avec son assortiment de codes de type même, existe à l’intérieur d’une seule personne, prête à être invoquée en réponse aux sollicitations de ses fluctuantes Conditions de Vie.

BLEU

WIE : Et maintenant, le quatrième niveau de même de la spirale. Pourriez-vous commencer par parler des problèmes de Conditions de Vie produites par l’individualisme et l’égocentrisme du ROUGE, qui finalement ont nécessité une transition vers le niveau suivant, le BLEU ?

DB : Dans le BLEU, il y a la recherche d’un but transcendant, une reconnaissance de l’importance de l’ordre et du sens, d’un univers contrôlé par un pouvoir unique et supérieur. La société ne peut plus fonctionner avec la présence constante du ROUGE, avec ses entités de type guerrier, gangs ou seigneurs de guerre ; ainsi nous devons grandir pour résoudre les problèmes créés par le succès du ROUGE. Ici, pour la première fois, naît la capacité de ressentir la culpabilité (le ROUGE se sent honteux mais pas coupable). Dans le système BLEU, les individus acceptent avec joie l’autoritarisme et le sacrifice de soi pour le bien commun.

Quand le BLEU commence à se développer, il doit prendre en main le ROUGE. C’est pourquoi dans l’Ancien Testament on trouve des mesures punitives telles que » œil pour œil et dent pour dent « .

S’il existe un composant ROUGE fort, alors on a, dans les systèmes religieux et légaux, une forme punitive très accentuée de BLEU. Ceci est conçu pour traiter la menace du ROUGE, et aussi longtemps que la menace ROUGE est présente, l’expression punitive du BLEU continuera d’exister. Mais dès que le BLEU a moins à contenir la violence du ROUGE, il continue son cycle de vie en s’orientant vers une version plus saine de lui-même, prenant la forme de systèmes plus institutionnalisés, dans lesquels prévalent rigueur, discipline, responsabilité, stabilité, persévérance et ordre.

Ce qui semble également se produire dans le cerveau est une meilleure capacité d’abstraction, et cette faculté d’abstraction est associée à une cause, une » cause célèbre « , un » isme « par exemple le Chemin Octuple du bouddhisme, ou l’idée de l’islam, qui sont tous les deux des abstractions. Donc encore une fois, nous sommes dans une zone métaphysique, mais cette fois les esprits VIOLET sont organisés en » notre Dieu est une forteresse puissante… « . Et donc nous avons la naissance du monothéisme, du Zoroastrisme et de tous les » ismes « , qui ont commencé soudain à émerger il y a environ cinq mille ans. Et bien qu’ils aient eu des contenus différents, leurs modes de pensée étaient tous identiques.

WIE : Je n’avais jamais envisagé les religions du monde sous cet angle, à savoir qu’en dépit de leurs différences de » contenu « , elles sont l’expression du même stade évolutif de développement.

DB : Oui, parce que ces codes de même sont comme des empreintes, ou comme des aimants. Le code de mème que nous désignons par BLEU rencontre un but transcendant. Quel est ce but transcendant ? Cela peut être le bouddhisme, le judaïsme ou l’islam. Le code de ce mème s’est attaché à de telles expressions religieuses car elles lui fournissent un moyen de s’exprimer. Par conséquent nous pouvons avoir des guerres sacrées entre deux » ismes » qui, tous deux, relèvent du code BLEU. Car il y a une différence entre les manifestations superficielles d’un système de valeurs de basele mème régi par un codeet ce système de base lui-même.

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ORANGE

WIE : Comment le BLEu absolutiste, discipliné et institutionnel, a-t-il engendré le mème ORANGE, le cinquième niveau du modèle en spirale ?

DB : L’ORANGE, dans notre modèle, est associé à l’avancement, à l’amélioration et au progrès. Là encore, le thème précédent, ici le BLEU, a été poussé jusqu’à ses limites. On en tire le maximum de réussite ; et ensuite, qu’arrive t-il ?

L’individu en nous s’agite. » Mais je suis un individu. Je veux affirmer mon autonomie personnelle « . Le BLEU dit » Non, tu dois rester dans le rang et te conformer aux ordres du système. Ne veux-tu pas aller au paradis ? Ne veux-tu pas avoir une bonne retraite ? » Et l’ORANGE répond, » Oui, mais je pense que je peux produire le paradis sur terre. Je pense que je peux augmenter la part du gâteau. «
C’est ainsi que nous avons eu le Siècle des Lumières, qui était essentiellement l’émancipation de l’esprit individuel par rapport à des forces devenues très restrictives.

Quand le système BLEU est apparu, il était pertinent et nécessaire. Mais l’individualisation ORANGE a commencé à se manifester il y a environ trois cents ans, lorsque les chefs consacrés sont devenus trop punitifs, et aussi discrédités parce qu’ils ne réussissaient pas à protéger les gens des épidémies.

C’est ainsi qu’est née, Dieu merci, la méthode scientifique. On a vu également grandir la foi dans l’optimisme, la mobilité la croyance que nous sommes de fait capables de façonner notre avenir, que nous sommes les administrateurs de l’univers et pouvons par conséquent le dominer. Nous pouvons nous tailler une bonne vie à notre profit.

Et à nouveau, certaines choses fascinantes se sont produites pour la première fois, semble-t-il, et ceci dans les cerveaux européens des années 1700le sens mathématique, le sens du rythme, le sens linéaire qui ont rendu possible l’écriture de la musique, la quantification et la mesure. Ces capacités classiques du cerveau gauche se sont développées magistralement dans les cerveaux occidentaux à partir du système ORANGE. Ce grand mouvement merveilleux est qualifié à l’envie d’ » occidental « , mais c’est réellement ce que c’est.

WIE : Il est rafraîchissant de vous entendre parler de l’orange en ces termes, parce que j’étais en train de penser aux nombreux effets négatifs de ce mème particulier, notamment les ravages écologique auxquels l’industrialisation ORANGE a conduit.

DB : C’est pourquoi nous devons regarder trois choses : les Conditions de Vie, le code/mème lui-même, et la façon dont ce code s’exprime dans un certain contexte. Si nous n’aimons pas le capitalisme ou le consumérisme, qui sont des expressions du code/mème ORANGE, il faut voir que ces expressions ne sont pas le code » orange » en lui-même, qui est la capacité de fabriquer les choses, d’améliorer les choses.

La créativité et la capacité technique inhérentes à ce même code ORANGE peuvent à présent servir à nettoyer l’environnement. C’est pourquoi nous ne pouvons nous permettre de minimiser aucun de ces systèmes mimétiques. Nous pouvons remettre en question l’une de ses manifestations, mais sans le système de pensée ORANGE, nous ne pourrions pas résoudre les problèmes médicaux, nous ne pourrions pas imaginer comment purifier l’eau ou l’air, et nous régresserions dans les mythes et le mysticisme du BLEU. Je pense que personne ne souhaite que cela arrive.


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VERT

WIE : Le mème VERT est le niveau final du premier étage de la spirale. Pouvez-vous parler du mème VERT, comment il a émergé de l’ORANGE, et indiquer le rôle qu’il joue dans l’émergence humaine vers le haut de la spirale ?

DB : A son mieux, le VERT est communautaire, égalitaire et consensuel. Sans l’ORANGE nous n’aurions pas eu le VERT, parce que dans l’ORANGE l’être intérieur était court-circuité et ignoré. Notre science nous a engourdis, laissés sans cœur ni âme, nantis des seules manifestations extérieures de la réussite. La » bonne vie » était mesurée seulement en termes matériels.

Nous découvrons que nous sommes devenus séparés de nous-mêmes, aussi bien que des autres. Donc le VERT, ce code mimétique assez récent, a commencé à émerger il y a environ cent cinquante ans, des âges de l’Industrie, de la Technologie, de l’Abondance et des Lumières, pour déclarer que dans chacune de ces entreprises, l’être humain de base a été négligé. Le point focal se déplace de l’accomplissement personnel vers des buts et des objectifs communautaires et de groupe pour le VERT, nous sommes tous une seule famille humaine.

Le VERT commence par faire la paix en nous-mêmes, puis prend de l’ampleur en portant l’attention sur les dissonances et les conflits de notre société. Il veut instaurer la paix là aussi, en prenant en considération les fossés économiques et les injustices créés par l’ORANGE, mais également par le BLEU et le ROUGE, pour apporter la paix et la fraternité permettant le partage égalitaire. On s’attaque à la rigidité des rôles masculin/féminin, on ouvre les plafonds en posant des verrières, on met en œuvre des programmes de soutien, on tend à effacer les distinctions de classe sociale. La spiritualité est de retour grâce à une approche unitaire dépassant les confessions particulières et le sectarisme.

WIE : Et puisque le même VERT est le dernier niveau du » premier étage « , il doit nous préparer à faire la transition vers les niveaux » Etre » du second étage de la spirale.

DB : Oui, car ce que le VERT a accompli, dans un sens très positif, est l’épuration de la spirale, en proclamant l’égalité de toutes les différentes expériences de vie.

Il affaiblit le contrôle du BLEU et de l’ORANGE, permettant aux populations indigènes du VIOLET ou du ROUGE d’avoir leur place au soleil et leur temps d’antenne sur CNN. Il œuvre, vous voyez, à la découverte de l’égalité, la ressemblance et la sensibilité. Et il agit ainsi pour une très bonne raison : car sans le VERT, nous ne pourrions pas atteindre le JAUNE ni le Second Etage.
Le » Mauvais Même Vert «

WIE : Docteur Beck, mon » centre de gravité » mimétique est certainement dans le VERT. Et je ne suis pas la seule : le mème VERT est une grande tendance de la culture occidentale d’aujourd’hui, et il est pour beaucoup, comme pour moi-même, le paradigme conceptuel et psychologique dominant.

DB : Comme je l’ai dit, le VERT est une étape essentielle vers le JAUNE et le Second Etage, mais son coût est élevéil absorbe plutôt qu’il ne contribue.

WIE : Pourquoi dites-vous que le VERT est coûteux ?

DB : Parce qu’il en coûte de donner à tous sans demander d’autre contribution que de tendre la main. La plupart des nobles programmes de » Grande Société » n’ont pas fonctionné, et ceux qui ont essayé le socialisme dans leur version du code » vert » se sont aperçus que ce n’est pas la réponse non plus.

WIE : Et que voulez-vous dire quand vous dites que le VERT » absorbe plutôt qu’il ne contribue » ?

DB : Il utilise les ressources que l’ORANGE a construites, mais comme il méprise l’ORANGE, il tourne le dos à la croissance. De son point de vue, la croissance et la consommation sont mauvaises. Il veut utiliser les ressources déjà disponibles et les redistribuer de telle sorte que tout le monde puisse en profiter. Le VERT est un système merveilleux, mais, ironie de l’histoire, il suppose que tout le monde possède le même niveau d’opulence que lui.

WIE : Je reconnais certainement cela dans ma propre expérience : mon bon niveau de vie me permet d’être très satisfaite de moi et très égalitaire en même temps !

DB : Exact. Seules ces personnes qui ont réussi dans l’ORANGE qui ont un confortable compte en banque, qui ont quelque garantie de survie, qui n’ont pas le loup à la porte vont se mettre à penser VERT. Malheureusement, quand le VERT se met à lancer ces attaques contre les niveaux mémétiques BLEU et ORANGE les bonnes sœurs qui vous tapent sur les doigts et les gros chats dans leurs suites présidentielles c’est comme quelqu’un qui grimpe sur le toit de la maison puis jette l’échelle qui l’y avait mené.

WIE : Quels sont les effets visibles de l’expression négative du mème VERT ?

DB : Malheureusement, ce que fait cette version négative du VERT est de détruire la capacité des systèmes économiques et sociaux de l’ORANGE et du BLEU a réellement traiter les lacunes que le VERT a lui-même identifiées.

Il détruit les structures économiques de l’ORANGE. Et il détruit aussi les systèmes autoritaires du BLEU, qui sont nécessaires pour contrôler le ROUGE, comme nous pouvons le voir trop clairement aujourd’hui dans l’exemple du Zimbabwe. Par conséquent, il devient contre-productif. Il fait empirer les choses.

Il soulage le ROUGE de la responsabilité d’apprendre la discipline et de se donner un but dans le BLEU-ORANGE, car il aime les peuples indigènes, mais a tendance à leur attribuer une plus grande complexité en les voyant comme » nobles sauvages « . Avec la destruction des systèmes autoritaires et purificateurs du BLEU et de l’ORANGE, il y a déferlement du comportement ROUGE indiscipliné, égocentrique et impulsif dans la zone VERT, aussi bien en nous-même que dans nos sociétés. Et c’est ce mélange malsain de ROUGE et de VERT, dans lequel un narcissisme égocentrique fort se combine avec des discours pontifiants sur l’humanité et l’égalité, qui devient le terreau de ce que Ken Wilber et moi-même appelons le » Mauvais Mème Vert » ou » boomeritis « , ainsi appelé parce que la génération d’après-guerre (la génération du baby boom) a été la première à entrer dans le mème VERT en masse.

WIE : Le livre de Ken Wilber, Boomeritis, m’a certainement aidée à réaliser que j’étais, en effet, infectée par ce » virus » post-moderne !

DB : Vous voyez, toute l’idée du » Mauvais Mème Vert » repose sur une stratégie rhétorique. Ken et moi nous sommes demandé : comment décoiffer le VERT ? Comment le faire bouger ? Parce qu’une grande partie de ce mouvement n’est plus qu’un marais stagnant, à notre avis. Donc, nous nous sommes dit : inventons le Mauvais Mème Vert.

Faisons-lui un peu honte. Tendons-lui un miroir et montrons-lui ce qu’il fait, avec l’espoir qu’il séparera le Mauvais Mème Vert du VERT légitime et sain. Bas les masques, donnons à voir à suffisamment de gens leur duplicité, leur superficialité, le côté complaisant et auto-satisfait de leurs propres systèmes de croyances sous leurs atours politiquement corrects, pour finalement faire passer la nouvelle qu’il existe quelque chose qui va plus loin. C’est une mesure drastique, une stratégie rhétorique pour afficher un symbole qui, nous l’espérons, aidera un certain nombre de gens à comprendre que ce qu’ils font revient en réalité à détruire cela même qu’ils désirent accomplir.

WIE : Quelles sont les implications spirituelles et psychologiques du Mauvais Mème Vert ?

DB : Le VERT démarre par la quête de soi. » Je veux arriver à me connaître. Je veux me confronter à l’enfant caché en moi. Je veux faire la paix, je veux trouver la tranquillité. » Donc je vais à une séance d’entraînement à la sensibilité pour avoir un feed-back ; j’entre en moi-même, je vais au fond, pour examiner tout mon vécu et essayer de me débarrasser de la culpabilité. Le VERT déteste la culpabilité. Et il veut se confronter à la rage du point de vue de la victime, comme quelque chose qui lui est tombé dessus. Mais le VERT est un système relativiste. Et ce système de pensée comporte beaucoup de naïveté. » Tout le monde est bon ! C’est la société qui rend les gens mauvais. Il n’y a pas d’individu mauvais. Le mal n’existe pas. Tout cela est un mythe. Tout le monde va nous aimer. » Et bien, le 11 septembre a sonné les trompettes du réveil. Pour la première fois le VERT a commencé à voir le vilain visage du BLEU/ROUGE. Depuis ce jour-là, beaucoup plus de gens s’intéressent au travail que nous faisons.
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Les Conditions de Vie

WIE : Vous avez dit précédemment que de nouvelles intelligences de nouveaux niveaux de même se forment en réponse à nos Conditions de Vie. Personne ne peut nier que les Conditions de Vie auxquelles nous sommes actuellement confrontés en tant que communauté humaine globale sont plus dangereuses qu’elles ne l’ont jamais été dans l’histoire, et constituent de graves défis. Pourriez-vous parler de ces Conditions de Vie et indiquer le rôle qu’elles jouent dans notre prochaine transition évolutive ?

DB : Ce qui est survenu à notre époque, pour le meilleur ou pour le pire, c’est que nous avons appris les codes de base et les principes de la vie elle-même. Nous sommes confrontés à des choix d’immense portée transformer nos habitats naturels, croiser des gènes, utiliser la science de diverses façons pour modifier l’expérience humaine. Aucun de nous, je pense, n’a idée de ce que cela va engendrer. Nous sommes donc arrivés maintenant à cette position : nous agissons comme des dieux.

Nous pouvons changer l’avenir, et nous n’avions jamais eu cette capacité auparavant en tant qu’espèce. Donc encore une fois, nous découvrons que, non par nos échecs mais par nos succès mêmes, nous sommes confrontés à des conditions extrêmement dangereuses.
En outre, le pouvoir, sous la forme de l’armement nucléaire développé dans le système ORANGE, plus complexe que le code BLEU précédent et comportant donc l’influence stabilisatrice de ce dernier, est à présent sous le contrôle du mème ROUGE. Or celui-ci, dépourvu de l’influence du BLEU, dépourvu de discipline, du sens des responsabilités, n’a pas conscience du potentiel de destruction mutuelle qui a émergé au stade ORANGE en même temps que cette avancée technologique particulière.

Le ROUGE a une vision à court terme du pouvoir, et ça, c’est un sacré problème. C’est bien cela, n’est-ce pas, qui constitue l’un des risques majeurs auxquels nous sommes confrontés en tant qu’espèce.

WIE : Ajoutons à cette pression le fait que la vie change à une vitesse accélérée. La citation que je vais vous lire, de l’inventeur et futuriste Ray Kurzweil, exprime le changement énorme que nous précipitons, nous en tant qu’humains, dans le même temps que nous essayons de nous y adapter : Il y a des siècles, les gens ne pensaient pas du tout que le monde était en train de changer. Leurs grands-parents avaient eu les mêmes vies qu’eux, et ils s’attendaient à ce que leurs petits-enfants aient la même, et cette attente était largement confirmée…

Ce qui n’était pas pleinement compris, c’est que la vitesse de changement va elle-même en s’accélérant, et que les vingt dernières années ne sont pas un bon guide pour les vingt prochaines années. Nous doublons la vitesse de changement de paradigme, le taux de progrès, chaque décennie. Nous verrons dans les deux prochaines décennies autant de progrès que ce que nous avons accompli pendant tout le 20e siècle, car nous avons accéléré à ce point-là. Le 20e siècle a représenté l’équivalent de vingt-cinq années de changement à sa vitesse actuelle ; et dans les prochaines vingt-cinq années nous accomplirons quatre fois les progrès constatés au 20e siècle. Et nous accomplirons 20 000 années de progrès au cours du 21e siècle, ce qui est presque mille fois plus en termes de changement technique que ce que nous avons connu au 20e siècle.

DB : Oh, voilà une citation redoutable. Mais cela suppose que nos systèmes génétiques biologiques contiennent la complexité de codes nécessaire pour soutenir cette quantité de changement aussi rapidement. Il se présente déjà quelques doutes dans l’esprit de ceux qui étudient notre système immunitaire quant à savoir si oui ou non nous avons la capacité de gérer la complexité qui nous est demandée, même physiquement. Donc cette citation suppose un organisme qui est capable d’assimiler cette quantité de changement. Je ne sais pas si c’est le cas. Je sais qu’aujourd’hui nous sommes sujets à des changements incroyables parce qu’il y a des milliards de gens qui, de mon point de vue, traversent différentes couches et niveaux de la spirale simultanément. Donc, plutôt que notre espèce ne progresse uniquement le long d’une ligne horizontale, il apparaît que de multiples changements se produisent de haut en bas de la spirale. Beaucoup progressent maintenant dans des zones que nous avons quittées il y a trois cent ans.

On peut aussi ajouter d’autres choses, comme l’impact du microprocesseur. En outre, à mesure que nous en apprenons davantage sur nous-mêmes avec les études de biologie moléculaire, nous dévoilons ledit mystère de notre génétique. Nous pouvons faire du clonage ; nous pouvons croiser des gènes mais qu’arrivera-t-il si nous faisons du gâchis ? Si nous relâchons des agents biogènes, ou des virus, qui attaqueraient toute vie à base de carbone ? Quand nous nous mettons à jouer avec les codes les plus profonds de notre biologie, personne ne peut prévoir ce que les battements d’ailes d’un petit papillon dans la Théorie du Chaos* produira au bout du compte. C’est pour cette raison que nous sommes soumis à un tel stress, ce qui veut dire aussi que nous devrions rechercher de nouvelles formes d’organisation davantage d’ensembles de gens car aucun individu ne sera capable de garder seul toutes ces choses à l’esprit.

WIE : La biologiste évolutionniste Elisabet Sahtouris a dit que » le stress est la seule chose qui cause l’évolution. » Y a t-il une relation entre les niveaux toujours croissants de stress que nous éprouvons dans nos Conditions de Vie actuelle et la capacité, pour un pourcentage significatif d’entre nous, d’évoluer plus haut dans la spirale ?

DB : Et bien, l’évolution profite des crises. Elle profite des appels à l’éveil. Mais cela ne garantit pas pour autant qu’il y aura un mouvement vers le haut. Si, pour les gens, les Huns sont à la porte, littéralement, ou s’ils sont soudain menacés de perdre leur travail pour cause de ralentissement ou d’effondrement économique, l’énergie et la capacité de penser de façon plus complexe s’affaiblissent, de fait, pour laisser place à un ordre de priorité inférieur ou remontant à un stade antérieur.

Donc, en plus d’une crise, il doit y avoir une certaine stabilité dans le système mimétique de base. Et il doit y avoir la capacité de créer de nouveaux systèmes conceptuels, parce que le seul fait d’être exposée à des problèmes peut faire régresser la société tout entière. C’est exactement ce qui s’est produit au Zimbabwe, qui était un lieu très richement doté. A présent c’est quasiment la famine pour des millions de gens là-bas. C’est pourquoi le stress en lui-même n’est pas la clé. Comme dirait le prix Nobel Ilya Prigogine, quand un système commence à se désagréger, on atteint une phase où se produit soit une poussée vers un système plus complexe soit un recul vers un système moins complexe.

Ce changement prend place lors de cette phase critique, ce point de rupture. Si les crises de stress sont certainement nécessaires pour sortir d’un paradigme mimétique, cela ne garantit pas pour autant que nous produirons l’émergence qui est nécessaire. Jusqu’à présent, ce fut le cas.

• » L’effet papillon » illustre l’essence de la Théorie du Chaos. C’est la notion selon laquelle le battement d’ailes d’un papillon crée une perturbation qui, amplifiée par le mouvement chaotique de l’atmosphère, peut modifier les structures climatiques à grande échelle, de telle sorte que le comportement à long terme devient impossible à prévoir.

Le saut vers le Second Etage

WIE : Votre collègue, feu Clare Graves, a eu l’intuition prophétique d’une transition évolutive que nous serions appelés à faire. Il y a trente ans, il a dit : » Les humains doivent se préparer à un saut important… Ce n’est pas simplement une transition vers un nouveau niveau d’existence mais le début d’une nouveau « mouvement » dans la symphonie de l’histoire humaine. » Pouvez-vous parler de la transformation qui nous est demandée pour survivre à nos Conditions de Vie actuelles, et évoluer vers le Second Etage ?

DB : A la fin des années 70, Graves a commencé à découvrir, dans ses recherches et par l’observation, des schémas de pensée qu’il ne pouvait pas expliquer. Il a observé chez certains sujets soumis à des tests une qualité et une complexité extraordinaires dans la prise de décision et dans d’autres aspects des facultés cognitives. Ces individus semblaient avoir un type d’esprit différent. Ils pouvaient trouver davantage de solutions plus rapidement. Ils ne semblaient pas motivés par le statut.

Il y avait un abandon de la peur, ce qui est peut être le point le plus significatif. La peur semblait s’être évanouie. La prudence n’avait pas disparu, mais la peur oui. La sécurité tribale (VIOLET), le pouvoir brut (ROUGE), le salut pour l’éternité (BLEU), la réussite individuelle (ORANGE), et le besoin d’être accepté (VERT), ces aspects avaient tous perdu de l’importance. A la place, on notait une curiosité accrue quant au fait d’être simplement en vie dans un univers en expansion.
WIE : L’abandon de la peur signifierait certainement un changement énorme dans la conscience humaine et dans les motivations qui modèlent notre existence humaine. Clare Graves a-t-il trouvé d’autres indices de l’imminence de cette transition évolutive ?

DB : Je crois qu’il a eu rapidement la preuve que certains esprits devenaient conscients des problèmes auxquels nous faisons face aujourd’hui, bien avant que ces problèmes ne deviennent visibles au reste d’entre nous. Il me disait qu’à son sens un cerveau sur dix mille naissait avec des traits biologiques et des fréquences différentes.

Et que ces individus ne se conforment pas aux normes de la société parce que leur esprit est déjà organisé pour un paradigme différent. Il est finalement arrivé à la conclusion que dans ce domaine quelque chose d’unique était en train de se produire, qui ne semblait pas être seulement une nouvelle étape faisant suite au niveau VERT. Cela semblait être une nouvelle catégorie. Les Conditions de Vie qui demanderaient cette nouvelle complexité de pensée, celle qu’il a observée il y a une trentaine d’années, sont finalement apparues sur le devant de la scène. Mais il a fait ces constats bien avant le microprocesseur, avant la fin de la guerre froide, et avant la découverte de l’ADN et de la biologie moléculaire.

Ainsi Graves a senti qu’un changement de nature profonde était en train d’avoir lieu, un changement qui se situait au-delà de la somme combinée des six premiers codes mimétiques. Bien sûr, tout cela était une théorie. Mais quand on regarde la complexité extraordinaire à laquelle nous faisons face, cette théorie semble gagner de plus en plus en crédibilité.

Car maintenant nous pouvons voir la planète depuis la lune, nous avons ces merveilleux instruments d’analyse et ces satellites qui peuvent même sonder sous les surfaces, et, pour la première fois, nous pouvons commencer à comprendre la planète elle-même comme un écosystème global, d’une façon qui n’était pas possible auparavant.

En outre, le monde actuel se trouve agité en tous sens par l’apparition en même temps d’expressions culturelles de tous les mèmes tribus ethniques, seigneurs de guerre égocentriques, les » ismes » à la fois dangereux et rédempteurs, toute une palette d’opportunistes et de matérialistes en essor, et une multitude de structures postmodernes égalitaires politiques, religieuses ou professionnelles.

On ne sait plus où donner de la tête. Et que faisons-nous ?

WIE : Exact c’est la grande question. Comment le saut vers le second étage va-t-il répondre à cette question ?

DB : A ce stade, on a jaugé tous les vieux systèmes mimétiques et on les a tous trouvés défaillants. Alors que la pleine manifestation du même JAUNE, le premier niveau du Second Etage, se trouve des années dans le futur, gardez à l’esprit que la texture et la capacité finale de ce niveau mimétique suivant doit s’ajuster à, et/ou dépasser, la complexité des Conditions de Vie à laquelle il est confronté. Il doit percevoir le tableau général et l’interconnexion de tout. Ainsi le JAUNE aura une perspective verticale rehaussée, avec la capacité de transcender et d’inclure, tout en les valorisant, les niveaux d’existence qui l’ont précédé, mais aussi d’anticiper ce qui va suivre.

Je crois que le huitième code de même le TURQUOISE émergera en conjonction avec le septième, le JAUNE. On pourrait voir le JAUNE comme » un cerveau gauche avec des sentiments » et le TURQUOISE comme » un cerveau droit avec des données.

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Le Turquoise

» Le TURQUOISE se focalisera sur les vagues les plus amples, sur les grands courants d’énergie, et agira au nom de la Force de Vie elle-même, dans ses nombreuses manifestations en diverses formes de vie sur la planète. Le second étage, à travers des structures, combinera les éléments du JAUNE et du TURQUOISE pour rechercher la qualité et la profondeur de pensée aptes à régler des problèmes complexes.

Et avec tout ça, il y a la reconnaissance que la spirale entière elle-même est spirituelle, et que nous nous trouvons sur cette échelle montante de l’émergence humaine.

C’est cela, la spiritualité.

Mais puisque les mêmes ne sont pas des types d’individu, mais des formes d’intelligence adaptative chez les individus, le JAUNE et le TURQUOISE existent rarement pleinement chez nos contemporains. Différentes personnes en possèdent différents fragments, ou composants, ou mêmes versions, et cela rend encore plus nécessaire la formation de ce que j’appellerais des » syndicats de cerveau créatif « , produisant par interactions et dialogues des plongées plus profondes dans la connaissance.

Donc cela doit donner lieu, pour la première fois, à des discussions vraiment sérieuses, au lieu de ces conférences isolées où chacun fait son propre truc. Cela va appeler des échanges de vues en profondeur. Et savoir si, encore une fois dans leur histoire, les humains seront capables de s’élever à la hauteur de l’occasion est la question existentielle du moment.

source : le magazine : »what is Enlightenmen

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