samedi 31 décembre 2011

Les plus importantes découvertes scientifiques de l'année 2011

Des abeilles qui ont des émotions aux particules qui vont plus vite que la lumière, l’année 2011 a été très riche en découvertes scientifiques de premier plan. Voici six de ces avancées surprenantes, sélectionnées par Wired, qui «posent de nouvelles questions et repoussent les frontières du possible».

1 Les neutrinos qui vont plus vite que la lumière –ou pas

En septembre 2011, les chercheurs de la collaboration internationale OPERA en Italie affirment que les neutrinos, des particules fondamentales très légères et furtives, fusent plus vite que la lumière. La vitesse de cette dernière, l’un des piliers de la physique depuis le début du siècle, est pourtant réputée indépassable dans le cadre de la relativité restreinte d’Albert Einstein rappelle le Washington Post. Cette découverte, suscitant un vif émoi dans la communauté scientifique, n’a pas été confirmée et est encore en cours de vérification.

2 L’intelligence des animaux et les émotions des abeilles

Comme le rappelle Wired, il ne se passe pas une semaine sans que de nouvelles preuves sur l’intelligence animale soient avancées: rats emphatiques, pigeons qui savent compter, et ainsi de suite.

Mais le fait que les abeilles puissent avoir des émotions semblent être la découverte la plus emblématique de cette tendance. Des chercheurs sont en effet parvenus à montrer qu’elles pouvaient développer à leur manière une certaine vision du monde, parfois très pessimiste, influant leurs comportements dans la ruche.

3 Nous avons tous en nous quelque chose de Néandertal

Pendant des années, certains scientifiques suspectaient que nos gênes avaient été croisé avec ceux des hommes de Néandertal. Cette hypothèse a été confirmée en 2010 puis en 2011 rapporte le Los Angeles Times à la fin du mois d'août, l’ADN de ces ancêtres cousins est bien présent dans notre génotype et même celui des hommes de Denisovan.

4 Des planètes habitables existent

Grâce au télescope Kepler, la NASA a détecté une planète assez proche qui ressemble de très près à la Terre. Cette exoplanète, appelée Kepler 22-b, est 2,4 fois plus lourde que notre planète et semble satisfaire les conditions nécessaires pour que la vie soit possible.

5 Un virus de la grippe extrêmement contagieux découvert en laboratoire

Des biologistes sont en effet parvenus à créer une autre forme très contagieuse de la grippe aviaire A(H5N1) qui normalement se transmet difficilement entre humains, mais qui reste très mortelle selon le New Scientist.

Comme nous le rappelions dans Slate à la mi-décembre, un comité aux Etats-Unis a même décidé que certains détails des expérimentations ne seront pas divulgués dans les revues scientifiques afin d’éviter que cette souche mutante ne tombe en de mauvaises mains…

6 Des signes de la «particule de Dieu»?

Cette particule fondamentale, aussi appelé le Boson de Higgs, et dont l’existence n’est pour l’instant pas avérée, fascine beaucoup de physiciens. Deux expériences, ATLAS et CMS, semblent indiquer qu’elle existe vraiment, mais rien n’est encore sûr à 100%. Wired note toutefois que si c’était vrai, ce serait une des découvertes les plus révolutionnaires du 21e siècle.

Retrouvez la suite de cette sélection sur le site de Wired.

Photo: Une collision de protons © 2011 CERN

Ce que la Chine veut obtenir en sortant l'Europe de l'ornière


billet de 100 yuans en perles, par l'artiste Liu Zheng (P.Haski/Rue89)

L'Europe a-t-elle sacrifié son indépendance en se tournant vers la Chine pour sauver la zone euro, comme l'ont affirmé aussi bien François Hollande que François Bayrou ou Daniel Cohn-Bendit ? La question mérite d'être posée en termes moins simplistes.

Hu Jintao, le numéro un chinois, n'a sans doute pas pu s'empêcher d'avoir un grand moment de jouissance lorsque Nicolas Sarkozy l'a appelé, jeudi, pour l'informer des résultats du sommet européen de Bruxelles.

Son objectif ? Accorder un répit à la Grèce et au delà, à la finance mondiale, en incitant son interlocuteur à investir dans le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Le même Sarkozy qui lui donnait des leçons il y a trois ans sur le Tibet, et s'affichait avec le dalaï lama, la bête noire de Pékin.

Dès jeudi soir, le président du FESF, Klaus Regling, arrivait à Pékin pour des entretiens avec les officiels chinois. Et, selon le Financial Times de vendredi, la Chine pourrait investir 35 à 70 milliards d'euros, voire plus, dans le FESF. A quel prix ?

1

Obtenir des contreparties tous azimuts

Les échanges publics sont polis et vagues. Mais qui peut croire que la Chine ne posera pas ses conditions, explicites et implicites, pour l'octroi de cette aide dont l'Europe, affaiblie, a cruellement besoin. On peut évoquer :

  • L'octroi du statut d'économie de marché à la Chine. Pékin doit obtenir ce statut en 2016 selon les termes de son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), mais demande que la date soit avancée.

    L'Union européenne a jusqu'ici refusé, car ce statut offrirait de meilleures garanties d'accès aux produits chinois sur le marché européen, en les mettant à l'abri de clauses antidumping.

  • Arrêt des pressions sur la valeur du yuan, la monnaie chinoise, dont la sous-évaluation est régulièrement dénoncée à Washington comme à Bruxelles.
  • Plus de rigueur dans la gestion des économies européennes, sous contrôle du FMI.
  • Arrêt des pressions sur les sujets politiques sensibles pour Pékin comme les droits de l'homme en Chine, le Tibet, Taïwan, etc.
  • Levée de l'embargo européen sur les ventes d'armes à la Chine : promis par Jacques Chirac et Gerhard Schröder, la levée de cet embargo, héritage du massacre de Tiananmen en 1989, s'est heurté à l'absence de consensus européen. Pékin le vit comme une humiliation.

Les conclusions du sommet signalent le renversement du rapport de force mondial : la vieille Europe, berceau de l'industrialisation et des empires coloniaux, appelle désormais à la rescousse les « émergents », c'est-à-dire l'ancien monde colonisé (Inde, Brésil, Chine...) pour sauver ses économies.

Le prix à payer pour l'Europe : un rapport de force moins favorable face à la nouvelle puissance chinoise, dans les dossiers qui fâchent : importations chinoises ou conceptions divergentes de la gouvernance du monde (comme l'a montré le récent veto chinois et russe sur la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU).

C'est ce qu'a dit François Hollande, le candidat du PS, lors de son passage sur TF1 :

« Peut-on penser que le fait de se mettre, ne serait-ce qu'en partie, entre les mains de ces nations avec lesquelles nous avons par ailleurs à négocier sur le front monétaire et commercial nous mettra en capacité d'obtenir des résultats positifs pour l'Europe ? »

C'est ce que dénonce également l'eurodéputé Vert Daniel Cohn Bendit, qui regrette qu'au lieu de « communautariser » une partie de la dette des pays de la zone euro, on a préféré une « solution chinoise » (et russe). « Politiquement vous vous mettez dans la main de la Russie et de la Chine », a-t-il dit sur BFM-TV.

Daniel Cohn\-Bendit critique le recours à la Chine

Sujet diffusé par BFM-TV

Hubert Védrine, l'ancien ministre des Affaires étrangères de Lionel Jospin, explique le nouveau rapport de force au Figaro en termes plus policés :

« Dans la mondialisation, il y a les mondialisateurs et les mondialisés. Les Occidentaux ont perdu le monopole de la puissance, de la richesse, de l'influence, de la décision. Il faut partager avec d'autres. »

2

Ne pas refaire les mêmes erreurs qu'avec les Etats-Unis

Du point de vue chinois, les choses ne sont pas simples non plus.

La Chine a investi environ la moitié de ses 3 200 milliards de dollars de réserves en devise américaine, dont une bonne partie en bonds du Trésor américain. Elle l'a fait :

  • pour placer les liquidités dues à son colossal excédent commercial,
  • pour donner des gages aux Etats-Unis inquiets de l'émergence de la puissance chinoise, et ainsi éviter une nouvelle « guerre froide ».

Ce faisant, la Chine a financé le déficit américain, comme le Japon l'avait fait avant elle, et s'est retrouvé sans recours lorsque la crise des « subprimes » a frappé en 2008, et menacé tout l'édifice de l'économie américaine.

La Chine n'investira pas dans les mêmes conditions pour renflouer l'Europe : elle exigera un maximum de garanties sur la réduction de la dette des pays de la zone euro, et sur la réduction des déficits.

Ironiquement, Pékin a créé sa propre agence de notation, qui a déjà privé en 2010 la France de son mythique AAA...


Cet été, déjà, Pékin avait sermonné les Américains sur leur incapacité à gérer convenablement la question de leur dette, alors que la Maison Blanche et le Congrès s'opposaient sur le relèvement du plafond de la dette américaine.

Les Chinois ne supportent pas l'incertitude, et les Européens, de leur point de vue, évoluent dans une zone grise.

En 2007, la Chine avait ainsi défini sa politique de réserves :

« Nous recherchons la stabilité, la liquidité et le retour sur investissement et nous avons une politique stratégique à long terme. »

La zone euro, telle qu'elle est, répond-elle à ces critères ?

3

Ne pas alimenter la surenchère nationaliste en interne

C'est un fait méconnu en Europe, mais le pouvoir chinois doit faire face à une surenchère nationaliste, interne mais aussi extérieure au parti communiste, qui a lancé de vives critiques contre l'équipe dirigeante pour avoir investi en bons du trésor américains.

Très active sur le Web, cette aile nationaliste considère que la Chine doit utiliser ses ressources à régler ses problèmes de développement, plutôt qu'à financer le déficit des Américains, a fortiori celui des Européens sans enjeu stratégique.

Dans le Financial Times, Li Daokui, membre du Comité monétaire de la Banque centrale chinoise, le dit clairement :

« Le principal souci du gouvernement chinois est de savoir comment expliquer cette décision au peuple chinois. »

Le débat avait très chaud en 2007-2009, lors de la crise des subprimes. Le gouvernement a dû faire face à la surenchère d'une aile nationaliste.

En 2007, deux économistes chinois liés au parti communiste avaient semé l'effroi en menaçant d'employer « l'arme nucléaire » monétaire : mettre sur le marché les réserves chinoises en dollar.

Ils avaient très vite été désavoués par Pékin, mais leur message était passé. Des gens haut placés dans l'appareil du pouvoir chinois réfléchissent à de tels scénarios catastrophes.

Et ils ne risquent pas de se calmer lorsque le Congrès américain menace régulièrement la Chine de déclencher la guerre des monnaies, ou quand leur parvient les échos antichinois des campagnes électorales aux Etats-Unis, ou en France.

En répondant à l'appel à l'aide de l'Europe, Pékin devra en permanence vérifier si l'opinion publique – qui se fait entendre sur Internet malgré la censure –, n'y voit pas la répétition de l'« erreur du dollar ».

Un blogueur, Songhzhe, cité par le New Yorker, sonnait ainsi l'alarme sur Weibo, le site de microblogging chinois :

« Pourquoi devons-nous une nouvelle fois donner ce que nous avons gagné par le fruit de notre sang, de notre sueur et de nos larmes, à ces riches et paresseux Européens ? »

4

Accéder librement à la technologie

Si la Chine est prête à participer avec modération au plan européen de sauvetage de la zone euro, c'est évidemment afin de sauver le premier marché au monde pour ses produits. Mais c'est aussi pour ouvrir plus grand la porte à ses investissements.

Depuis une décennie, les entreprises chinoises tentent de rattraper leur retard à la fois en investissant plus que leurs concurrents dans la recherche et le développement, mais aussi en rachetant des entreprises disposant de technologies de pointe.

Dans la course aux brevets, Pékin s'est heurté, aux Etats-Unis, à des blocages politiques. Que ce soit dans la technologie ou dans l'énergie, les tentatives de rachat d'entreprises américaines par les Chinois ont souvent été bloquées, à l'exception notable de la branche PC d'IBM, vendue à Lenovo.

Dans ses rapports avec l'Europe, la Chine espère qu'il en ira différemment : elle sait que les Européens sont affaiblis et en ordre dispersé. Les investissements chinois, encore modestes, sont déjà en augmentation de 50% cette année, pour atteindre quelque 5,6 milliards d'euros.

Attendez-vous donc à plus de rachats d'entreprises de pointe européennes par les Chinois, sauveurs providentiels de secteurs en difficulté.

Le hasard a fait que le jour même où l'Europe se tournait vers Pékin, un consortium chinois concluait le rachat pour à peine 100 millions d'euros du constructeur automobile suédois Saab, en faillite financière mais disposant d'une marque et d'un savoir-faire reconnus. Saab rejoint l'autre suédois Volvo et le britannique Rover dans le giron d'une industrie automobile chinoise ambitieuse.

Avec l'accord de Bruxelles, la « diplomatie du carnet de chèques » chinois pourra se déployer sans entraves dans une Europe affaiblie et ouverte.

Les optimistes y verront une nouvelle étape de la mondialisation dans laquelle la Chine prendra toute sa place de grande puissance sans pour autant viser l'hégémonie. Les pessimistes, nombreux, y verront la fin de la capacité de l'Europe de peser sur un monde dans lequel elle représente pourtant l'un des pôles majeurs.

Evolution de la force politique

partis-politiques-fran-ais.jpg

source

http://lewebpedagogique.com/reussirenhg/files/2011/10/grands-partis-.jpg


Partis politiques

La Chine double l'Europe et met en service son propre GPS



Le système de réseau GPS chinois, Beidou, 31/12/2011 à 07h10

Voici un cas d'école qui illustre bien les faiblesses de l'Europe, et, a contrario, la force actuelle de la Chine : Pékin a annoncé la mise en service, d'abord sur une base régionale, de son propre réseau GPS baptisé Beidou, après avoir abandonné sa coopération avec le système européen Galileo qui a pris six ans de retard dans la vue.

Au début des années 2000, la Chine s'était associée au projet européen Galileo, destiné à assurer l'ndépendance de l'Europe vis-à-vis du GPS américain. Pékin avait même investi 200 millions de dollars dans le budget du projet.

Mais les déboires financiers de ce chantier européen, qui s'est heurté à la fois aux égoïsmes nationaux dans un domaine pourtant jugé stratégique, et au sabotage explicite mené par l'administration Bush, ont poussé Pékin, en pleine montée en puissance de son économie et de ses ambitions, à lancer son propre système, Beidou.

Le lancement des premiers satellites chinois du réseau Beidou a pris les Européens par surprise. En 2007, le Figaro rapportait la réaction indignée d'un responsable de la Direction des transports de la Commission européenne, qui supervise le projet Galileo :

« Nous avons appris la nouvelle du lancement par la presse. Le programme Beidou n'a pas été discuté de manière satisfaisante depuis l'accord de coopération signé en 2003, qu'il s'agisse de la compatibilité avec Galileo ou de l'accès au marché chinois qui doit rester non discriminatoire. Cela fait plus d'un an que nous demandons à Pékin de clarifier sa position. En vain. »

Méfiance entre Pékin et les Européens

La méfiance s'était déjà bien installée entre Pékin et les Européens. Lorsque j'étais correspondant en Chine, au début des années 2000, le chef d'état major de l'armée de l'air française était venu rencontrer les autorités chinoises car l'Europe souhaitait empêcher la Chine d'utiliser Galileo à des fins militaires, alors qu'ils étaient financièrement engagés dans le développement du système.


Le système chinois Beidou

Résultat : la Chine a mobilisé ses ressources et ses talents, et a créé son propre système, comme toujours à double usage, civil et militaire. Et, avec le volontarisme d'un régime autoritaire, a franchi toutes les étapes bien plus vite que les Européens désunis et fauchés, même si Galileo a été sauvé de la banqueroute et verra bien le jour, mais avec six ans de retard sur le calendrier initialement prévu (les deux premiers satellites n'ont été lancés qu'en octobre dernier de Kourou, en Guyane, ce que n'annonce toujours pas le site de l'organisation, et leur phase de tests ne débutera qu'en 2014).

Partis plus tard, les Chinois ont déjà dix satellites opérationnels, et à terme, il y en aura 35 avant la fin de la décennie. Mais le système est d'ores et déjà opérationnel dans une zone allant du Xinjiang, à l'ouest, aux confins de l'Asie centrale, jusqu'au Pacifique à l'est et à l'Australie au sud.

Et il est d'accès gratuit sur simple demande par e-mail, rendant les mêmes services que le GPS américain dont nous disposons actuellement, quand Galileo sera un service commercial payant.

Certes, les performances annoncées par le futur système européen sont bien meilleures que celles qu'assure aujourd'hui, et même demain son équivalent chinois. Mais toutes les contradictions de l'Europe, technologiquement brillante mais politiquement nulle, apparaissent dans cette épopée ratée.

« Objectif Lune »

D'autant que la conquête de l'espace par les Chinois ne s'arrête pas là : un livre blanc publié jeudi à Pékin trace une ambition considérable pour les prochaines années, avec la création d'une station spatiale d'ici à 2020, et un « objectif Lune » explicite là où les Américains ont renoncé.

Là encore, la Chine a développé ses propres capacités spatiales, un programme géré et développé par les militaires, après que les Etats-Unis lui ont fermé la porte de la coopération internationale menée par tous les autres pays, par rivalité stratégique.


La Chine annonce un premier décès dû à la grippe A (H5N1)

Hong Kong a relevé, le 21 décembre, son niveau d'alerte à la grippe aviaire et décrété un embargo provisoire sur les importations de volaille vivante après la mort sur le territoire de trois volatiles porteurs du virus H5N1.AP/Kin Cheung

Un chauffeur d'autobus de Shenzhen, dans le sud de la Chine, est mort, samedi 31 décembre, de la grippe A (H5N1), rapporte la presse officielle. Le malade âgé de 39 ans, qui présentait les symptômes d'une grave pneumonie, avait été hospitalisé le 25 décembre, précise l'agence Chine nouvelle.

Hong Kong a relevé, le 21 décembre, son niveau d'alerte à la grippe aviaire et décrété un embargo provisoire sur les importations de volaille vivante après la mort sur le territoire de trois volatiles porteurs du virus H5N1.

"Jusqu'à présent, les 120 personnes qui ont été en contact avec cet homme récemment ne présentent aucun signe de maladie", indique-t-on de même source. De même, on pense que l'homme n'a eu aucun contact avec des oiseaux, et "nous n'avons aucune information concernant des oiseaux malades", a précisé de son côté le bureau de l'agriculture et de la pêche. Il n'y a "aucune raison pour l'instant d'abattre des volailles" dans la région.

Hong Kong, voisine de Shenzen, a relevé mardi son niveau d'alerte à la grippe aviaire et décrété un embargo provisoire sur les importations de volaille vivante après la mort mi-décembre sur le territoire de trois volatiles porteurs du virus H5N1. Le virus H5N1 est mortel dans 60 % des cas. On craint un pic d'infection en début d'année 2012.

Hong Kong avait été le premier pays à connaître une épidémie de grippe aviaire d'importance en 1997, avec le décès de six personnes, provoqué par une mutation à l'époque inconnue du virus. Des millions de volailles avaient été abattues. Les contaminations par le virus H5 se sont jusqu'ici déroulées de l'animal vers l'homme mais les scientifiques craignent qu'une mutation permette des contaminations d'homme à homme, déclenchant une pandémie meurtrière.

L'OMS INQUIÈTE PAR LES RECHERCHES SUR UN VIRUS MUTANT

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite samedi "profondément inquiète" par les recherches menées en laboratoire sur un virus mutant de la grippe aviaire H5N1. Le laboratoire néerlandais dirigé par Ron Fouchier au centre médical universitaire Erasmus de Rotterdam avait annoncé en septembre avoir créé une mutation du virus H5N1 potentiellement capable, pour la première fois, de se transmettre facilement entre mammifères et potentiellement entre humains. L'Université du Wisconsin a également produit une communication sur ce virus. Les deux recherches ont été financées par les Instituts nationaux américains de la santé (NIH).

"L'OMS prend note que" que ces annonces "ont suscité des inquiètudes sur les possibles risques et mauvais usages associés à ces recherches", indique l'organisation dans un communiqué mis en ligne en anglais. L'OMS "est également profondément inquiète des conséquences potentiellement négatives" de tels travaux, ajoute le texte. "Toutefois, l'OMS considère que les études menées dans des conditions appropriées doivent continuer" afin d'accroître les connaissances "nécessaires pour réduire les risques posés par le virus H5N1", selon le communiqué.

vendredi 30 décembre 2011

Girls Rule

Une couverture 100% girl power réunissant les chanteuses les plus vendeuses en 2011.

Une couverture 100% girl power réunissant les chanteuses les plus vendeuses en 2011.

Last Friday Night

Basilique de la Nativité

Une bagarre a éclaté mercredi entre des prêtres arméniens et grecs orthodoxes à la suite d'un différend sur... le nettoyage de la basilique de la Nativité, à Bethléem, selon un correspondant de l'AFP.

Suite aux célébrations de Noël, des dizaines de prêtres des deux communautés, habillés de noir, ont commencé à nettoyer les lieux, chacun dans des espaces spécifiques, armés de balais et de produits de nettoyage. Un prêtre arménien supervisant les opérations a alors eu l'impression qu'un ecclésiastique orthodoxe grec empiétait avec son balai sur leur espace. Le ton est monté jusqu'à ce que le différend se transforme en bagarre.

Des policiers palestiniens sont finalement parvenus à séparer les prêtres, qui ont repris leur ménage, selon le correspondant de l'AFP.
Un peu plus tard, une deuxième querelle a nécessité une nouvelle intervention. Aucun prêtre n'a été blessé, ni arrêté par la police. Le 27 décembre 2007, une bagarre entre prêtres arméniens et grecs orthodoxes avait éclaté pour des raisons similaires, faisant sept blessés, cinq prêtres et deux policiers.

Tout comme l'église du Saint sépulcre, dans la Vieille ville de Jérusalem, la basilique de la Nativité à Bethléem, où le Christ a vu le jour selon les Evangiles, est soumise à un strict statu quo régissant les responsabilités des Eglises grecque-orthodoxe, catholique et arménienne. L'espace y est rigoureusement réparti tout comme les horaires de prières. La Nativité est la plus ancienne basilique en Terre sainte et un des lieux les plus saints du christianisme. (belga)



Comme en 2010, 2009, 2008, ... Bref, rien de bien neuf sous le "soleil" ;-)

L'habit ne fait pas le moine !


Ce sont peut être des prêtres arméniens et grecs orthodoxes mais ils ont nettoyé en protestant ;-) Bonne année à toutes et tous.

Paix sur terre aux hommes de bonne volonté

jeudi 29 décembre 2011

Chorégraphie

Le Génie

à M. Le Vicomte de Chateaubriand


Les circonstances ne forment pas les hommes ; elles les montrent : elles dévoilent, pour ainsi dire, la royauté du Génie, dernière ressource des peuples éteints. Ces rois qui n'en ont pas le nom, mais qui règnent véritablement par la force du caractère et la grandeur des pensées, sont élus par les événements auxquels ils doivent commander. Sans ancêtres et sans postérité, seuls de leur race, leur mission remplie ils disparaissent en laissant à l'avenir des ordres qu'il exécutera fidèlement.


F. DE LA MENNAIS.

I

Malheur à l'enfant de la terre,
Qui, dans ce monde injuste et vain,
Porte en son âme solitaire
Un rayon de l'esprit divin !
Malheur à lui ! l'impure envie
S'acharne sur sa noble vie,
Semblable au Vautour éternel,
Et, de son triomphe irritée,
Punit ce nouveau Prométhée
D'avoir ravi le feu du ciel !

La Gloire, fantôme céleste,
Apparaît de loin à ses yeux ;
Il subit le pouvoir funeste
De son sourire impérieux !
Ainsi l'oiseau, faible et timide,
Veut en vain fuir l'hydre perfide
Dont l'oeil le charme et le poursuit,
Il voltige de cime en cime,
Puis il accourt, et meurt victime
Du doux regard qui l'a séduit.

Ou, s'il voit luire enfin l'aurore
Du jour, promis à ses efforts ;
Vivant, si son front se décore
Du laurier, qui croît pour les morts ;
L'erreur, l'ignorance hautaine,
L'injure impunie et la haine
Usent les jours de l'immortel.
Du malheur imposant exemple,
La Gloire l'admet dans son temple,
Pour l'immoler sur son autel !

II

Pourtant, fallût-il être en proie
À l'injustice, à la douleur,
Qui n'accepterait avec joie
Le génie, au prix du malheur ?
Quel mortel, sentant dans son âme
S'éveiller la céleste flamme
Que le temps ne saurait ternir,
Voudrait, redoutant sa victoire,
Au sein d'un bonheur sans mémoire,
Fuir son triste et noble avenir ?

Chateaubriand, je t'en atteste,
Toi qui, déplacé parmi nous,
Reçus du ciel le don funeste
Qui blesse notre orgueil jaloux :
Quand ton nom doit survivre aux âges,
Que t'importe, avec ses outrages,
À toi, géant, un peuple nain ?
Tout doit un tribut au génie.
Eux, ils n'ont que la calomnie :
Le serpent n'a que son venin.

Brave la haine empoisonnée ;
Le nocher rit des flots mouvants,
Lorsque sa poupe couronnée
Entre au port, à l'abri des vents.
Longtemps ignoré dans le monde,
Ta nef a lutté contre l'onde
Souvent prête à l'ensevelir ;
Ainsi jadis le vieil Homère
Errait inconnu sur la terre,
Qu'un jour son nom devait remplir.

III

Jeune encor, quand des mains du crime
La France en deuil reçut des fers,
Tu fuis : le souffle qui t'anime
S'éveilla dans l'autre univers.
Contemplant ces vastes rivages,
Ces grands fleuves, ces bois sauvages,
Aux humains tu disais adieu ;
Car dans ces lieux que l'homme ignore
Du moins ses pas n'ont point encore
Effacé les traces de Dieu.

Tu vins, dans un temps plus tranquille,
Fouler cette terre des arts
Où croît le laurier de Virgile,
Où tombent les murs des Césars.
Tu vis la Grèce humble et domptée :
Hélas ! il n'est plus de Tyrtée
Chez ces peuples, jadis si grands ;
Les grecs courbent leurs fronts serviles,
Et le rocher des Thermopyles
Porte les tours de leurs tyrans !

Ces cités, que vante l'histoire,
Pleurent leurs enfants aguerris ;
Le vieux souvenir de leur gloire
N'habite plus que leurs débris.
Les dieux ont fui : dans les prairies,
Adieu les blanches théories !
Plus de jeux, plus de saints concerts !
Adieu les fêtes fraternelles !
L'airain, qui gronde aux Dardanelles,
Trouble seul les temples déserts.

Mais si la Grèce est sans prestiges,
Tu savais des lieux solennels
Où sont de plus sacrés vestiges,
Des monuments plus éternels,
Une tombe pleine de vie,
Et Jérusalem asservie
Qu'un pacha foule sans remord,
Et le bédouin, fils du Numide,
Et Carthage, et la Pyramide,
Tente immobile de la mort !

Enfin, au foyer de tes pères,
Tu vins, rapportant pour trésor
Tes maux aux rives étrangères,
Et les hautes leçons du sort.
Tu déposas ta douce lyre :
Dès lors, la raison qui t'inspire
Au sénat parla par ta voix ;
Et la Liberté rassurée
Confia sa cause sacrée
À ton bras, défenseur des Rois.

Dans cette arène où l'on t'admire,
Sois fier d'avoir tant combattu,
Honoré du double martyre
Du génie et de la vertu.
Poursuis, remplis notre espérance ;
Sers ton prince, éclaire la France,
Dont les destins vont s'accomplir.
L'Anarchie, altière et servile,
Pâlit devant ton front tranquille
Qu'un tyran n'a point fait pâlir.

Que l'envie, aux pervers unie,
Te poursuive de ses clameurs,
Ton noble essor, fils du Génie,
T'enlève à ces vaines rumeurs ;
Tel l'oiseau du Cap des Tempêtes
Voit les nuages sur nos têtes
Rouler leurs flots séditieux ;
Pour lui, loin des bruits de la terre,
Bercé par son vol solitaire,
Il va s'endormir dans les cieux !

Prométhée

On raconte que Prométhée a créé les premiers hommes en les modelant dans la glaise et qu'il fut toujours leur bienfaiteur par la suite. Comme Zeus avait refusé le feu aux hommes, il était monté sur l'Olympe et, avec l'aide d'Athéna, avait dérobé une étincelle incandescente sur le char du dieu Hélios. Il l'avait ensuite introduite en contrebande sur la terre en la cachant à l'intérieur d'une tige de fenouil sauvage. Zeus découvrit le vol lorsqu'il aperçut de loin la lumière du feu qui brillait sur terre. Cette tromperie le rendit furieux, aussi décida-t-il de punir le voleur, ainsi que les receleurs. Il envoya d'abord Pandore qui fut la source de tous les maux sur terre ; quant à Prométhée, il lui réserva une cruelle punition, puisqu'il le fit enchaîner par Héphaïstos au sommet du Caucase. Chaque jour, un aigle descendait du ciel pour venir lui ronger le foie qui se reformait chaque nuit, car Prométhée était immortel. Zeus rendit ainsi ce tourment interminable. Ce n'est qu'après plusieurs générations qu'Héraclès vint le délivrer en tuant l'aigle.

Prométhée, qui était plus avisé qu'Atlas, avait prévu l'issue de la révolte contre Cronos et, par conséquent, préféra combattre aux côtés de Zeus; il persuada Epiméthée de faire de même. Il était, à la vérité, le plus avisé de sa race, et Athéna, à la naissance de laquelle il avait assisté lorsqu'elle avait jailli de la tête de Zeus, lui enseigna l'architecture, l'astronomie, les mathématiques, la navigation, la médecine, la métallurgie et bien d'autres arts utiles qu'il communiqua aux hommes.
Mais Zeus, qui avait décidé d'exterminer totalement la race des hommes, et qui ne l'avait épargnée que sur l'intervention expresse de Prométhée, s'irrita de leurs talents divers et aussi de voir leurs pouvoirs s'accroître sans cesse.

Un jour, une querelle éclata à Sycione, au sujet d'un taureau offert en sacrifice: personne n'était d'accord sur les morceaux qui devaient être consacrés aux dieux et ceux qui revenaient aux hommes.

Promethée
Prométhée dérobe le feu
d'après Jan Cossiers

Prométhée, appelé pour être l'arbitre du conflit, dépeça et découpa un taureau et avec la peau il fit deux sacs qu'il remplit de ce qu'il avait découpé. Le premier sac contenait toute la chair, mais il la dissimula sous l'estomac, qui est la partie la moins appétissante de l'animal, le second contenait les os cachés sous une onctueuse couche de graisse blanche. Lorsqu'il demanda à Zeus de choisir celui-ci, facilement trompé, choisit le sac contenant les os et la graisse qui fut désormais la part réservée aux dieux; mais Zeus punit Prométhée en retirant le feu aux hommes.
Prométhée se rendit aussitôt chez Athéna et la pria de le faire entrer secrètement dans l'Olympe, ce qu'elle lui accorda. Aussitôt qu'il y fut parvenu, il alluma une torche au char de feu du Soleil et il en détacha un morceau de braise incandescente qu'il glissa dans la tige creuse d'un fenouil géant. Puis, éteignant sa torche, il s'enfuit sans être aperçu et donna le feu aux hommes. Zeus jura de se venger. Il donna l'ordre à Héphaïstos de fabriquer une femme en argile, aux quatre Vents d'insuffler la vie en elle, à toutes les déesses de l'Olympe de la parer.

Pandora
Pandora d'après Boris Vallejo

Cette femme, Pandore, la plus belle qui fût jamais créée, Zeus l'envoya en présent à Epiméthée, sous la conduite d'Hermès. Mais Epiméthée, qui avait été prévenu par son frère de n'accepter aucun cadeau venant de Zeus, s'excusa respectueusement et refusa son présent. De plus en plus irrité, Zeus fit enchaîner Prométhée, nu, à une colonne dans les montagnes du Caucase où un vautour vorace lui dévorait le foie toute la journée. Et il n'y avait pas de terme à sa souffrance, car toutes les nuits son foie se reconstituait. Mais Zeus pour s'excuser de sa cruauté, fit circuler une histoire qu'il avait inventée: Athéna, racontait-il, avait fait venir Prométhée dans l'Olympe à cause d'une secrète aventure amoureuse.

Epiméthée, très ému du sort de son frère, s'empressa d'épouser Pandore, que Zeus avait faite aussi sotte, aussi méchante et aussi paresseuse qu'il l'avait faite belle. Peu après, elle ouvrit une jarre, que Prométhée avait recommandé à son frère de tenir close et dans laquelle il avait Prométhée fabrique les Hommeseu le plus grand mal à enfermer tous les maux capables d'affliger le genre humain: notamment la vieillesse, le travail, la maladie, la folie, le vice et la passion. Tous les maux se répandirent au-dehors en une immense nuée et piquèrent Epiméthée et Pandore sur toutes les parties du corps puis s'attaquèrent aux mortels. Cependant la trompeuse Espérance, que Prométhée avait aussi enfermée dans la jarre, les dissuada, par ses mensonges, d'un suicide général. Un jour, Héraclès atteignit les montagnes du Caucase où Prométhée avait été enchaîné tandis qu'un griffon-vautour, né de Typhon et d'Echidna, lui arrachait le foie.

Prométhée

Zeus s'était repenti de lui avoir infligé ce châtiment, car Prométhée l'avait, depuis, averti amicalement de ne pas épouser Thétis, de crainte qu'elle n'engendre quelqu'un qui serait plus puissant que lui, et, à présent qu'Héraclès intercédait pour le pardon de Prométhée, Zeus l'accorda. Cependant, comme il l'avait un jour condamné à un châtiment éternel, Zeus stipula que pour donner l'impression d'être toujours prisonnier, il devrait porter une bague faite du métal de ses chaînes et sertie d'une pierre du Caucase, et ce fut la première bague sertie d'une pierre.
Mais les souffrances de Prométhée devaient durer jusqu'au jour où un immortel descendrait de son plein gré au Tartare, à sa place; aussi Héraclès rappela-t-il à Zeus qu'il tardait à Chiron de se libérer de son don d'immortalité depuis qu'il souffrait d'une blessure incurable.

Ainsi n'y avait-il plus d'obstacle et Héraclès, invoquant Apollon abattit le griffon vautour d'une flèche au cœur et délivra Prométhée.

Prométhée
Héraclès délivrant Prométhée par Christian GRIEPENKERL

Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima : des crimes contre l’humanité

Depuis 1945, plus de 2 400 explosions – dont la puissance de certaines [1] équivalait à plusieurs milliers de fois celle d’Hiroshima – ont eu lieu, sans parler des « ratés » et des dizaines d’accidents catastrophiques dont les premiers connus datent de l’automne 1957 à Windscale (UK) et Maïak (ex-URSS), respectivement classés 5 et 6 sur l'échelle INES. Mais qui en connaît précisément les conséquences ? Aucune enquête épidémiologique internationale digne de ce nom n’ayant été diligentée à ce propos, un comité européen sur les risques de l'irradiation (CERI) [2] a étudié, à la demande des députés verts, et confirmé l’impact de l’activité atomique depuis 65 ans sur les populations mondiales, ce dont on pouvait se douter puisqu’on en retrouve les traces jusque dans les glaces du pôle Sud [3]. Les enjeux sont tellement énormes que les effets pathologiques de toutes ces contaminations à petites doses et au long cours sont farouchement niés de concert par tous les pays ou les organisations intergouvernementales.

Centre nucléaire de Maïak (photo AFP)
Tchernobyl : irradiations et multicontaminations « à rebonds »
Tout comme le 6 août 1945, le 26 avril 1986 est une date historique pour l’ensemble de l’humanité [4]. Dès les débuts du cataclysme, les irradiations furent violentes, très supérieures à celles d’Hiroshima ou de Nagasaki [5], multiples, complexes et pérennes, quelle que soit la distance du lieu de l’accident : c’est une des particularités de Tchernobyl par rapport aux bombardements de 1945.
En explosant, le réacteur n°4 de la centrale Lénine de Tchernobyl n’a pas seulement rejeté des gaz et des aérosols divers issus de la désintégration atomique du combustible, comme le ferait une bombe, mais il a également rejeté « des particules chaudes solides » [6] de combustible : ce sont des fragments de toutes tailles qui, combinés avec d’autres radionucléides, sont retombés sur le site ou à proximité de la centrale. Par la suite, des « particules chaudes liquides » se sont également formées dans le sol après les pluies. Lorsque ces particules pénètrent dans l’organisme par l’eau et les aliments ingérés ou par l’air inhalé, elles produisent, même longtemps après leur émission, des doses élevées d’irradiation ponctuelle interne. Cette remarque est importante pour la compréhension de la suite et des suites de l'accident.

Explosion du réacteur de Tchernobyl (extrait du film La bataille de Tchernobyl)
Depuis le jour de la catastrophe, les irradiations ont été peu à peu supplantées par des contaminations de long terme et la situation radiologique évolue d’une manière que nul ne pouvait prédire. Deux exemples :
- Suite aux processus de désintégration du plutonium 241, la formation naturelle de l’américium 241, puissant émetteur de rayons gamma, va constituer un aspect important de la contamination de nombreux territoires situés jusqu’à un millier de kilomètres de l’explosion. A cause de cette désintégration progressive, les territoires dont le niveau de rayonnements gamma était faible sont devenus à nouveau dangereux.
- Par ailleurs, il y eut une forte redistribution des radionucléides dans les écosystèmes du fait de leur concentration par les organismes vivants (bio-accumulation) et de leur migration, après quelques années, dans les parties du sol où plongent les racines : ces radionucléides sont alors devenus de plus en plus accessibles aux végétaux, qui les reportent pour la deuxième fois à la surface du sol. C’est une des causes de l’expansion et de l’aggravation de la morbidité et de la mortalité atomiques dans les territoires contaminés.

Contamination de la végétation (extrait du film La bataille de Tchernobyl)
Quelques-unes des maladies provoquées par Tchernobyl
- La contamination radiologique de Tchernobyl a influé sur le fonctionnement de tous les organes du système endocrinien. L’effondrement de la fonction hormonale du thymus joue le rôle principal dans le développement de la pathologie du système immunitaire.
- Les maladies des organes circulatoires sont une des causes principales d’invalidité et de mort des « liquidateurs ».
- Le vieillissement accéléré provoqué par la catastrophe de Tchernobyl a déjà touché des centaines de milliers de personnes et en touchera des millions dans le futur.
- Le saturnisme est devenu une des pathologies importantes de Tchernobyl. En effet, entre 2 400 et 6 720 tonnes de plomb ont été déversées au cours des opérations d’extinction. Une partie importante de ce plomb a été rejetée dans l’atmosphère suite à sa fusion, à son ébullition et à sa sublimation dans l’incendie du réacteur.
En outre, les conséquences génétiques causées par la catastrophe de Tchernobyl toucheront pendant des siècles des centaines de millions de personnes, dont :
- celles qui ont subi le premier choc radiologique (irradiation externe forte et brutale), parce que la quantité des radionucléides rejetés dans l’écosphère fut infiniment supérieure et bien plus virulente que celle d’Hiroshima ;
- celles qui vivent, et vivront pendant les 300 ans à venir, dans les territoires contaminés par le strontium 90 et le césium 137, ou celles qui vivront dans les territoires contaminés par le plutonium et l’américium pendant des milliers d’années ;
- les enfants des géniteurs irradiés, pendant des générations, où qu’ils vivent par la suite.
Le secret, la falsification officielle des données et les malversations
Il n’y a pas de données instrumentées disponibles de la contamination de tous les pays d’Europe par l'ensemble des radionucléides de Tchernobyl, et désormais il n’y en aura plus jamais. S’appuyant sur ce manque, le rapport « Forum Tchernobyl » (2005) de l’AIEA et de l'OMS ne discute que des données concernant les territoires du Bélarus, de l’Ukraine et de la Russie d'Europe, passant sous silence la contamination des autres pays européens.
Or, même si la densité actuelle de la contamination n’est pas élevée dans un territoire, l’énorme contamination des premiers jours et des semaines qui ont suivi la catastrophe (on sait par reconstruction que, dans certains territoires, l’activité des retombées radioactives dépassait 10 000 fois les niveaux du fond naturel), jointe à la faible contamination persistant sur des décennies, ont pu influer et influeront considérablement sur la santé des habitants et sur l’environnement.
D’autre part, la suppression des institutions chargées d'examiner les suites pathologiques de Tchernobyl, le détournement des équipes de chercheurs de l’étude des problèmes engendrés par la catastrophe, le harcèlement et l’emprisonnement de certains médecins spécialisés, sont autant de tentatives concertées et persistantes pour cacher la vérité [7].
Aussi l’exigence avancée par les spécialistes de l’AIEA et de l’OMS de la nécessité d’une « corrélation certaine » entre la charge radioactive d’une personne concrète (jamais reconstituable avec précision, et pour cause) et l’atteinte à sa santé pour qu’il y ait démonstration évidente du lien de la maladie avec l’irradiation de Tchernobyl, relève-t-elle de manœuvres intellectuelles particulièrement malhonnêtes.
En plus de ces malversations, en ex-URSS, en Ukraine, au Bélarus, et au sein des principales organisations intergouvernementales concernées (CIPR, AIEA et OMS) les volontés de minimiser les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl sont légion. En voici quelques exemples.
- Dans aucun des livrets militaires des 60 000 militaires en service qui ont participé aux travaux de « liquidation » n’a été enregistré le dépassement de la norme de 25 rœntgens alors en vigueur. Mais l’examen clinique de 1 100 militaires liquidateurs a révélé chez 37 % d’entre eux les symptômes hématologiques de la maladie des rayons, indiquant à l’évidence que ces personnes ont reçu plus de 25 rœntgens.
- La médecine officielle n’a commencé à reconnaître la fréquence de la cataracte « tchernobylienne » que 8 ou 9 ans après sa découverte.
- Même chose en ce qui concerne le cancer de la thyroïde, la leucémie et les affections du système nerveux central.

Soins portés à un liquidateur (extrait du film La bataille de Tchernobyl)
Les conséquences de Tchernobyl sur la santé publique
En résumant sommairement les données publiées dans le rapport du CERI, la contamination radioactive de Tchernobyl a touché près de 400 millions de personnes (205 millions en Europe et environ 200 millions hors d’Europe). L’analyse des courbes de la morbidité générale des enfants vivant dans les territoires contaminés de l’ex-URSS est particulièrement désespérante : seulement 20 % d’entre-eux sont en bonne santé. Dans certaines régions du Polessié il n’y en a plus un seul. En Allemagne, les dents des enfants nés après la catastrophe contenaient 10 fois plus de strontium 90, tout comme on retrouve de l’uranium dans les dents de lait des enfants anglais résidant près de Windscale (depuis rebaptisé Sellafield) 53 ans après cette autre catastrophe atomique. Le nombre des victimes de Tchernobyl croîtra pendant plusieurs générations. Au cours des 15 premières années suivant la Catastrophe, il peut être estimé de la manière suivante :
Bélarus, Ukraine, Russie d’Europe 237 000
Reste de l’Europe 425 000
Asie, Afrique, Amérique du Nord 323 000
Monde entier 985 000 [8]

Enfant malade (extrait du documentaire Controverses)
Tchernobyl : une catastrophe nucléaire au temps de l’Anthropocène [9]
Les catastrophes atomiques ont ceci de particulier qu’elles délimitent toujours une fracture multidimensionnelle de l’histoire du vivant :
- La perte irrémédiable de tout un monde vivant sur d’immenses territoires, un printemps sans les cris des oiseaux, et des arbres roussis par un gigantesque et silencieux incendie.
- Une mortalité si nombreuse, et dans des conditions si inhumaines, que le travail de deuil s’avère impossible à réaliser, surtout « au temps de la mort sèche » [10].
- Un événement imprévu et inconcevable, qui dépasse nos facultés d’imagination, et dont les conséquences futures sont elles-mêmes imprédictibles.
- Des irradiés/contaminés subissant une atteinte aussi bien mentale que physique, dont certains effets s’étaleront sur plusieurs générations, pour donner naissance à des lignées d’êtres difformes.
Autrement dit, « un avant et un après » sans retour possible. Un trou dans la mémoire symbolique des humains, dans leur inconscient, ce qui nous prépare « un retour du refoulé » à la mesure de l’événement. Mais de plus, et c’est là le « double effet paradoxal » des catastrophes atomiques, elles n’ont pas de fin, pas de terme prévisible : c’est un monstre qui pousse et dévore de l’intérieur l’humanité, dont la morbidité persistante est difficilement évitable. La catastrophe atomique « colonise l’avenir et n’offre aucune possibilité d’échapper au destin tragique : aucune culture n’est prête à affronter ce pari » [11].
Le négationnisme et ses conséquences au temps de l’Anthropocène
Les Etats et les organisations intergouvernementales (UNSCEAR, CIPR…) ont délibérément minimisé les conséquences sanitaires de Tchernobyl : ce parti pris des jugements concerne également l’OMS [12] et sa fameuse thèse d’une trentaine de morts jusqu’en 2005. Mais il y a bien pire depuis le 6 août 1945 (cf. note 1 et note 15 de fin de texte).
Figures de la défaite déshonorante du Japon, les « hibakushas », assimilés aux pestiférés par peur d’une contagion fantasmée, furent l’objet de la honte publique, décourageant ainsi la plupart des rescapés de participer à un quelconque travail de mémoire, témoignages dont on a vu avec Primo Levi, Robert Antelme, David Rousset, Charlotte Delbo, Elie Wiesel, Jorge Semprun, Jean Améry et les autres survivants l’importance capitale dans l’Europe intellectuelle de l’après-guerre. Les édiles japonais procédèrent à une « reconstruction » rapide de la ville qui eut pour but d’effacer méticuleusement toutes les traces de leur défaite et… de ce crime effroyable. Contrairement à ce qui s’est produit pour la Shoah, vainqueurs et vaincus se sont associés pour aveugler l’humanité, avec succès jusqu’à ce jour, sur la nature des crimes commis à Hiroshima et Nagasaki. Un exemple : avec l’aide des autorités japonaises, les Etats-uniens ont mené sur place des études sur les conséquences de ces bombardements, études qui furent versées dans les archives secrètes de Washington, longtemps inaccessibles. En plus du mépris des victimes en souffrance dont cela témoigne, ce sont sur ces mêmes archives que les Etats et les organisations internationales se basent encore aujourd’hui pour nier les effets des faibles doses à long terme !

Hibakusha
Plus de traces, tel est le credo commun à tous les criminels et négationnistes (cf. ce qu’en dit plus précisément Günter Anders). Il en fut de même à Tchernobyl et en sera de même à Fukushima. Le travail de mémoire est ainsi forclos comme on tente d’enfermer un déchet radioactif dont on sait pertinemment qu’on en retransmet la dangerosité aux générations suivantes.
Un autre versant de la politique négationniste face à tous ces dangers consiste en un raisonnement de type scientiste qui les transforme en risques statistiques. Ce que vise à cacher cette manipulation intellectuelle du risque, c’est qu’en cas de catastrophe (« le risque résiduel »), ce sont toujours les Etats qui sont appelés à la rescousse car les moyens privés sont à l’évidence insuffisants pour y faire face. Mais depuis Tchernobyl et Fukushima les habitants de tous les pays de la planète doivent savoir qu’ils ne peuvent plus compter sur leurs gouvernements pour les protéger efficacement, ni avant et encore moins après une catastrophe atomique. C’est pourquoi nous pouvons dire que les populations du monde entier, après avoir été évacuées du choix politique – aucune société civile ne fut jamais consultée sur le nucléaire – courent le risque d’être évacuées de leurs territoires nourriciers, d’être « expulsées de leurs vies ».
La catastrophe de Tchernobyl aurait pu être encore plus grave
La catastrophe trouve son origine dans le projet inouï consistant à « expérimenter en vraie grandeur » : il s’agissait, dans le cas d'un arrêt d'urgence, d’utiliser le dégagement calorifique résiduel pour une production supplémentaire d'énergie électrique ! Autrement dit, le monde vivant est devenu le laboratoire à grande échelle de la technoscience (et ce, depuis longtemps). Mais le rejet du seul réacteur n°4 a provoqué une contamination des dizaines de fois supérieure à la contamination due aux bombes lâchées sur Hiroshima et Nagasaki, et le « nuage de Tchernobyl » a fait au moins deux fois le tour de la Terre, ce qui fait de Tchernobyl la plus grande catastrophe technologique de l’anthropocène à ce jour.
Mais il y a plus grave. Le Pr. Vassili Nesterenko, physicien nucléaire qui fut directement en charge des conséquences de la catastrophe, explique [13] que 1 400 kg [14] du mélange uranium-graphite au contact de l’eau constituaient une masse susceptible de provoquer une explosion atomique d'une puissance de 3 à 5 mégatonnes, soit entre 50 et 80 fois la puissance de l'explosion d'Hiroshima, si une quantité suffisante du corium, qui avait déjà percé la cuve du réacteur, avait transpercé la dalle de béton qui le séparait des masses d’eau contenues dans les sous-sols du réacteur. « Une explosion d’une telle puissance pouvait provoquer des radiolésions massives des habitants dans un espace de 300-320 km de rayon (englobant la ville de Minsk) et toute l’Europe pouvait se trouver victime d’une forte contamination radioactive rendant la vie normale impossible. […] Mon opinion est que nous avons frisé à Tchernobyl une explosion nucléaire. Si elle avait eu lieu, l’Europe serait devenue inhabitable. » [15].

Explosion du réacteur 1 de Fukushima Daiichi
Fukushima, une réplique de Tchernobyl
Au Japon, vu leur état, les systèmes de refroidissement ne pourront plus jamais être remis en service. Tandis que l’on injecte de l’eau borée dans les cuves et de l’azote pour inerter l’atmosphère des bâtiments, une énorme quantité d’eau y est quotidiennement déversée pour les refroidir afin d’éviter que les coriums transpercent l’enceinte et atteignent ces mêmes masses d’eau, ce qui pourrait être très grave. Et ce n’est pas un, mais quatre réacteurs, dont le n°3 qui fonctionnait au MOX [16] français, qui sont concernés. Sans parler des conséquences d’une éventuelle réplique sismique, que l’on ne peut malheureusement pas écarter vu l'emplacement de la centrale. Dans ces conditions, qui peut prédire les effets cumulatifs possibles de ce type de situation, au Japon ou ailleurs ? Or, ce qu’il fut possible de mettre en place à Tchernobyl pour éviter la catastrophe planétaire ne le sera vraisemblablement plus jamais nulle part sauf, peut-être pour quelque temps encore, en Chine.
En ex-URSS, il était possible d’enrôler 800 000 « liquidateurs », les services de secours civils de tout un immense pays, des centaines de pompiers, dix mille mineurs, une armée encore puissante avec ses dizaines de milliers de réservistes, et ce sur ordre du secrétaire du Politburo. Le déploiement de tels moyens ne sera plus possible dans d’autres cas similaires, et il est douteux que l’appel aux autres pays soit suffisant : en démocratie libérale, il y aura peu de volontaires pour mourir dans des souffrances que l’on sait atroces.
La perspective d’avoir à survivre en territoire contaminé ne peut être exclue
Dans les territoires contaminés par les dépôts de Tchernobyl, il est dangereux de s’occuper d’agriculture, il est dangereux d'arpenter les forêts, dangereux de pêcher le poisson et de chasser le gibier, il est dangereux de consommer les denrées produites localement sans contrôler leur radioactivité, dangereux de boire le lait et même l’eau. Tout ce qui constituait depuis des millénaires la plus sûre et la plus fidèle des sources de vie – l’air, les eaux naturelles, les fleurs, les fruits de la terre, les forêts, les fleuves et les mers – tout cela est devenu en quelques jours source de danger pour l’homme et l’animal. La catastrophe ukrainienne nous l’a enseigné, il faut également prendre en compte les effets délétères sur la santé des « faibles doses », inhalées ou ingérées via l’alimentation, qui vont ensuite se fixer dans l’organisme et produire leurs effets des années plus tard.
Les appareils automatiques de spectrométrie de radiation interne du corps humain, tels le SCRINNER en usage en Biélorussie, sont conçus pour mesurer l'activité des radionucléides dans le corps humain. Ces appareils devraient être d’usage courant dans tous les pays sous le vent de centrales atomiques en activité. Par ailleurs, dans de véritables prescriptions publiques à grande échelle, il faudrait préciser les avantages et les limites des pastilles d’iode et des mesures de confinement, les gestes qui sauvent, les « périmètres d’évacuation », les plans d’urgence… C’est pourquoi, dans tous les pays, les organisations de la société civile doivent considérer l’importance de la création d’un système de contrôles radiologiques indépendant du système officiel.
L’industrie nucléaire, une banalisation radicale du mal
A travers son concept de « banalité du mal », Hannah Arendt a démontré dans les années soixante que des crimes contre l’humanité avaient été perpétrés par des hommes ordinaires parce qu’ils ne se posaient pas de questions sur les fins de leurs « activités ». A partir du moment où ils étaient liés par un serment de fidélité à leur hiérarchie (ou à une idéologie, toutes choses qui sont aujourd’hui érigées en valeurs universelles par la raison calculatrice dans le monde du « travail » et ailleurs), ils tenaient ces activités pour légitimes.
Ce concept de « banalisation du mal » n’est pas issu de supputations sur une « nature humaine », mais bien d’une analyse socio-historique de ce qui s’est passé en Europe entre 1933 et 1945 et de ce qui en a préparé l’avènement. Soixante ans après, à moins de croire en un monde fixiste, il faut oser tirer les conclusions de ce qu'Hannah Arendt avait écrit.
Historiquement, la banalisation du mal occidental s’est répandue à grande échelle à partir du moment où le travail et les êtres humains ont été « industrialisés » avec l’appui massif de la technoscience, c'est-à-dire coupés de leur réalité nourricière, terrestre, pour être encasernés, prolétarisés, disqualifiés, déréalisés et finalement déshumanisés. A partir de ce moment, tout a été possible dans l’ordre de la banalisation et tout est devenu acceptable dans l’ordre du mal, puisque toutes les fins humaines ont été discréditées au seul profit de l’aliénation productiviste et marchande.
Les choses ne se sont pas arrangées depuis : cela est vérifiable sur tous les plans, y compris psychique [17]. Alors, il faut avoir le courage de dire que cette banalisation du mal est devenue omniprésente et que, en conséquence, nos sociétés ne sont plus que des « totalitarismes démocratiques » nous menant au(x) désastre(s) définitif(s), ce qui devrait être analysé comme tel dans l’ordre du politique. Porteuse de mort généralisée du vivant sur la planète, l’industrie nucléaire en est un exemple particulièrement frappant. Mais les gouvernements et la plupart des médias occidentaux (la guerre froide, qui devait durer quarante ans, y a bien pourvu) ont tout fait pour recouvrir, les 6 et 9 août 1945, cette défaite historique de l’humanité d’un épais manteau d’admiration et de dévotion devant le génie et la puissance des chercheurs, de la science, de la technique, de l’industrie… Un nouveau dieu est apparu ce 6 août 1945, à la puissance inquiétante certes, comme tous les dieux, et à la gloire duquel de nouveaux hymnes ont été forgés illico presto.
Le largage des bombes atomiques, puis « l’expérience Tchernobyl », furent non seulement un crime contre l’humanité mais, fait nouveau, un crime contre la Nature, ce que l’on appellerait aujourd’hui un Ecocide. Si le refoulement de ce type de catastrophe systémique pour l’écosphère persiste, il ne sera pas sans conséquences pour l’avenir de l’humanité et sa manière d’en écrire l’histoire.
Une conclusion s’impose donc : il faudrait mettre sur pied un tribunal international, du type de celui de Bertrand Russell, jugeant les crimes atomiques contre l’humanité à Tchernobyl et ailleurs, depuis le 6 août 1945 jusqu’à Fukushima en passant par Fallujah.
Ce texte a été signé par :
Paul ARIES, philosophe et écrivain, intellectuel de référence du courant de la décroissance. Dernier ouvrage publié : La simplicité volontaire contre le mythe de l'abondance.
Marc ATTEIA, docteur en mathématiques appliquées, professeur honoraire de l'Université de Toulouse, auteur de Le technoscientisme, le totalitarisme contemporain, Yves Michel, 2009.
Marie-Christine GAMBERINI, traductrice, référente de l'association Les Amis de la Terre France sur le nucléaire et l'énergie.
Alain GRAS professeur émérite de l'Université Paris I et directeur du Centre d'études des techniques, des connaissances et des pratiques, cofondateur de la revue Entropia, auteur de Le choix du feu. Aux origines de la crise climatique, Fayard, 2007.
François JARRIGE, maître de conférence à l’Université de Bourgogne, auteur de Face au monstre mécanique. Une histoire des résistances à la technique, imho, Paris, 2009.
Baudouin JURDANT, professeur émérite à l'Université Paris 7, traducteur de Paul Feyerabend, auteur de l'ouvrage Les problèmes théoriques de la vulgarisation scientifique, Ed. Les Archives contemporaines, Paris, 2009.
Paul LANNOYE, docteur en Sciences physiques, député européen honoraire, administrateur responsable du Groupe de réflexion et d'action pour une politique écologique (GRAPE) en Belgique, co-traducteur en français du rapport du CERI, éditions Frison-Roche.
Serge LATOUCHE, professeur émérite d’économie de l'Université Paris XI et objecteur de croissance, auteur de Vers une société d'abondance frugale ; Contresens et controverses sur la décroissance, Mille Et Une Nuits, Fayard, 2011.
Frédérick LEMARCHAND, sociologue, co-directeur du pôle RISQUES, Université de Caen, membre du Conseil scientifique du CRIIGEN. Coauteur de Les Silences de Tchernobyl et du film La vie contaminée, Conseiller de l’exposition internationale Il était une fois Tchernobyl.
Corinne LEPAGE, ancienne ministre de l’environnement, députée européenne, enseignante à l’IEP. Dernier ouvrage : La vérité sur le nucléaire ; le choix interdit, Albin Michel, 2011.
Stéphane LHOMME, président de l’Observatoire du nucléaire, auteur de L’insécurité nucléaire ; bientôt un Tchernobyl en France, Yves Michel, 2006.
Jean-Marie PELT, président de l'Institut Européen d'Ecologie et professeur honoraire de l'Université de Metz, dernier ouvrage : Heureux les simples, Flammarion, 2011.
Pierre RABHI, agriculteur, écrivain et penseur français d’origine algérienne, chevalier dans l’ordre national de la Légion d’Honneur, Pierre Rabhi est un des pionniers de l’agroécologie.
Jacques TESTARD, agronome et biologiste, docteur en sciences, directeur de recherche honoraire à l'Inserm; ex-président de la Commission française du développement durable (1999-2003). Co-auteur de Labo-planète. Ou comment 2030 se prépare sans les citoyens, Mille et une nuits, 2011.
Jean-Marc ROYER, ingénieur, ex-cadre supérieur ADP, ancien dirigeant du syndicat de cadres SICTAM/CGT Orly, en cours de publication : Décoloniser l’imaginaire occidental. I. La science creuset de l’inhumanité.
[1] 100 Mt : Andreï Sakharov, Mémoires, Seuil, 1990, p 246. L’IRSN parle de 50 Mt.
[2] Comité Européen sur le risque de l’Irradiation (CERI), Recommandations 2003 du CERI, Ed Frison Roche, 2004. Synthèse et commande du rapport : www.euradcom.org. Pour le CERI, environ 65 millions de morts sont imputables à l’industrie atomique depuis 1945 !
[3] Claude Lorius, Voyage dans l’Anthropocène, Actes Sud, 2010.
[4] La grande majorité des informations qui suivent sont extraites du livre d’Alexeï V. Yablokov, Vassili B. Nesterenko, Alexeï V. Nesterenko, « Tchernobyl, conséquences de la catastrophe pour l’homme et la nature », annales N°1181 de l’Académie des sciences de New York, dont le choix de textes traduits en français est dû à Wladimir Tchertkoff avec la collaboration de Lisa Mouravieff. Version américaine partiellement consultable en ligne sur : http://books.google.fr/. D’autres sites en proposent le digest français.
[5] Dans ces bombes, il y avait quelques kilos d’uranium ou de plutonium contre plusieurs centaines de tonnes à Tchernobyl !
[6] Au moment de l’accident, l’activité de certaines « particules chaudes » atteignait 10 à 12 mille becquerels, ce qui pouvait provoquer la mort en quelques heures.
[7] Yuri Bandajevski fut arrêté en juillet 1999, prétendument dans le cadre des mesures d'urgence destinées à combattre le terrorisme. Arbitrairement détenu, puis accusé de corruption et condamné le 18 juin 2001 à huit années de prison, malgré la rétractation publique de son accusateur, au terme d'un procès digne de ceux des années 30, il fut incarcéré jusqu’en 2005. Vassili Nesterenko, directeur de l'Institut indépendant biélorusse de protection radiologique Belrad, qu'il a créé en 1989 avec l'aide d’Andreï Sakharov, Ales Adamovitch et Anatoli Karpov, a été menacé d'internement en asile psychiatrique par le KGB, a subi deux attentats, et est décédé le 25 août 2008 après une opération à l'estomac.
[8] Alexeï V. Yablokov, Vassili B. Nesterenko, Alexeï V. Nesterenko, op. cit. Ces chiffres ont été largement revus à la hausse soit par l’académie des sciences de NY, soit à la suite de la conférence internationale de nov. 2010 : La gazette nucléaire n° 259 février 2011, http://resosol.org/Gazette/2011/259p23.html
[9] Ere caractérisée par le fait que l’homme en est devenu la force géologique principale (Georgescu-Roegen, A. Gras, J. Grinevald ou C. Lorius).
[10] Allouch Jean, Erotique du deuil au temps de la mort sèche, EPEL, 1995.
[11] Frédéric Lemarchand, sociologue, membre du Conseil scientifique du CRIIGEN, article du 17 mars 2011, Les Echos.
[12] Un accord a été signé en 1959 entre l’AIEA et l’OMS obligeant celle-ci à soumettre sa position à celle de l’AIEA dans tous les cas où le nucléaire est en jeu.
[13] Dans le film « Tchernobyl. La vie contaminée, vivre avec Tchernobyl » de David Desramé et Dominique Maestrali.
[14] Il reste encore en 2011 l’équivalent de quelques dizaines de tonnes d’uranium sous le sarcophage…
[15] Lettre du professeur Nesterenko à Wladimir Tchertkoff, Solange Fernex et Bella Belbéoch, janvier 2005.
[16] Combustible constitué d'un mélange d'oxydes d'uranium, mais aussi de plutonium, ce qui d’une part réduit les marges de sécurité (sa température de fusion étant plus faible et plus rapidement atteinte) et d’autre part accroît sa dangerosité, quelques milligrammes suffisant à déclencher une mort rapide.
[17] Melman Charles, Lebrun Jean-Pierre, La nouvelle économie psychique, une nouvelle façon de penser et de jouir aujourd’hui, Eres, 2009.

Allons travailler pour Tepco ! 東電に入ろう

Cette chanson est un véritable pied-de-nez à l'industrie nucléaire japonaise. Les auteurs reprennent les propos rassurants de la Compagnie d'électricité de Tôkyô (Tepco) pour en faire des paroles ironiques. Ils invitent notamment ceux qui font la promotion du nucléaire à aller travailler dans un réacteur. Le titre signifie "Allons travailler pour Tepco!" (東電に入ろう, tôden ni hairô). Il s'agit là d'un jeu de mot car la prononciation peut également siginifier "Abolissons les réacteurs en renversant Tepco" (倒電に廃炉). Cette chanson est une reprise de "Andorra" du chanteur de folk Pete Seeger.



Paroles:

Y-a-t'il des volontaires dans le public,
pour aller travailler pour Tepco?
Est-ce que quelqu'un veut faire sa fortune?
Car Tepco est à la recherche de personnes compétentes

Refrain

Allons travailler pour Tepco, Tepco, Tepco,
Travailler pour Tepco, c'est le paradis sur terre
Que tous les meilleurs hommes rentrent à Tepco
Et tombent comme des feuilles, morts
S'il y en a qui veulent avoir le frisson
Ils peuvent venir quand ils veulent chez Tepco
On a tout ce qu'il faut, de l'uranium, du plutonium,
Se faire employer comme sous-traitant, c'est tranquille!

Refrain

Tous ceux qui font la promotion du nucléaire
Venez s'il-vous-plait sous le coeur d'un réacteur
Cela ne vous fera rien de mal dans l'immédiat,
Prenez une douche et c'est tranquille!

Refrain

Le nucléaire est une énergie propre
Le plutonium, ça fait pas si peur que ça
Après tout, pour réduire sa radioactivité de moitié,
Cela ne prendra que 24 000 ans

Refrain

Pour soutenir les besoins d'énergie du Japon
On doit dépendre du nucléaire
Il est inévitable qu'il y ait quelques irradiations
Gargarisez-vous d'un bain de bouche et tout sera tranquille!

Refrain

Rassemblez tous les déchets nucléaires
Mettez-les dans des fûts, ça ira
Faites-les refroidir dans une piscine de Rokkasho-mura
Il ne reste plus qu'à attendre seulement 300 ans

Refrain

L'eau fuit de partout, mais gardez votre sang froid
De la fumée sort, mais ne paniquez pas
Le toit s'est envolé, mais tout va bien,
On va refroidir tout ça avec de l'eau de mer!

Refrain

Il n'y a pas vraiment de danger dans l'immédiat
Mais jetez quand même votre lait et vos légumes
Le grand homme du gouvernement nous l'a dit,
Nous paierons les indemnisations avec vos impôts!

Refrain

Les compteurs geiger sont en rupture de stocks
Vous n'avez pas besoin d'en possédez un
Nous publierons les niveaux de radiation
Seuls ceux qui nous croient seront sauvés!

Refrain (bis)

Rétrospective 2011

Is this love


Bob Marley - Is This Love par BobMarley-And-TheWailers

I wanna love you
And treat you right
I wanna love you
Every day and every night
We'll be together
With a roof right over our heads
We'll share the shelter
Of my single bed
We'll share the same room
Jah provide the bread
Is this love, is this love, is this love
That I'm feeling?
Is this love, is this love, is this love
That I'm feeling?
I wanna know, wanna know, wanna know now
I've got to know, got to know, got to know now
I, I'm willing and able
So I throw my cards on your table

I wanna love you
I wanna love and treat
Love and treat you right
I wanna love you
Every day and every night
We'll be together
With a roof right over our heads
We'll share the shelter
Of my single bed
We'll share the same room
Jah provide the bread
Is this love, is this love, is this love
That I'm feeling?
Is this love, is this love, is this love
That I'm feeling?
Oh yes I know, yes I know, yes I know now
Oh yes I know, yes I know, yes I know now
I, I'm willing and able
So I throw my cards on your table

I wanna love you
I wanna love and treat
Love and treat you right
I wanna love you
Every day and every night
We'll be together
With a roof right over our heads
We'll share the shelter
Of my single bed
We'll share the same room
Jah provide the bread
We'll share the shelter
Of my single bed...


Je veux t'aimer et te traiter bien
Je veux t'aimer chaque jour et chaque nuit
Nous serons ensemble avec un toit au-dessus de nos têtes
Nous partagerons l'abri de mon lit à une place
Nous partagerons la même pièce
Jah fournit le pain
Est-ce l'amour, est-ce l'amour
Est-ce l'amour que je ressens?
Je veux savoir, je veux savoir, je veux savoir maintenant
Je dois savoir, je dois savoir, je dois savoir maintenant
Je veux et je peux
Alors je jette mes cartes sur ta table

Je veux t'aimer et te traiter bien
Je veux t'aimer chaque jour et chaque nuit
Nous serons ensemble avec un toit au-dessus de nos têtes
Nous partagerons l'abri de mon lit à une place
Nous partagerons la même pièce
Jah fournit le pain
Est-ce l'amour, est-ce l'amour
Est-ce l'amour que je ressens?
Oh oui je sais, oui je sais, oui je sais
Oh oui je sais, oui je sais, oui je sais
Je veux et je peux
Alors je jette mes cartes sur ta table