mercredi 25 janvier 2012

les bas salaires allemands seraient à l'origine de la crise en zone euro

L'OIT juge que les bas salaires allemands seraient à l'origine de la crise en zone euro
Dans un rapport publié ce mardi, l'Organisation internationale du travail épingle la politique structurelle allemande.

L'Organisation internationale du travail (OIT) a épinglé la politique allemande de compétitivité par les salaires, y voyant «la cause structurelle» de la crise en zone euro, dans un rapport publié mardi.

«L'amélioration de la compétitivité des exportateurs allemands est de plus en plus identifiée comme la cause structurelle des difficultés récentes dans la zone euro», souligne l'institution onusienne basée à Genève, qui critique notamment les réformes engagées en 2003 par le gouvernement Schröder.

Ces réformes, ainsi que les gains de compétitivité de l'économie allemande, sont régulièrement présentés par Berlin comme un modèle à suivre par les autres pays. Le président français, Nicolas Sarkozy, a notamment vanté le modèle allemand ces dernières semaines.

L'OIT y voit au contraire un frein à la croissance européenne. «Les coûts du travail allemand ont chuté depuis une décennie par rapport aux concurrents, mettant leur croissance sous pression, avec des conséquences néfastes pour la viabilité de leurs finances publiques», note l'organisation qui vise à promouvoir le travail décent à travers le monde.

«Marasme économique prolongé»

«Plus grave, les pays en crise n'ont pas pu utiliser la voie des exportations pour compenser la faiblesse de la demande domestique car leur industrie ne pouvait pas profiter d'une demande intérieure plus forte en Allemagne», ajoute l'OIT.

Dans un contexte de chômage élevé en Allemagne, les réformes Schröder ont eu pour effet de «réduire les revenus du bas de l'échelle [...], notamment dans les services où de nouveaux emplois, essentiellement à bas salaires, sont apparus». Mais, dans le même temps, «peu de choses ont été faites pour améliorer la compétitivité par le biais d'une progression de la productivité», selon ce rapport.

«La politique de déflation salariale n'a pas seulement amputé la consommation, restée plus d'un point de pourcentage en retrait du reste de la zone euro sur la période de 1995 à 2001. Elle a aussi conduit à un accroissement des inégalités de revenus, à une vitesse jamais vue, même durant le choc de l'après réunification», dénonce l'OIT, en faisant référence à des données récentes de l'OCDE sur le sujet.

«Au niveau européen, cela a créé les conditions d'un marasme économique prolongé, car les autres pays membres voient de plus en plus une politique de déflation des salaires encore plus dure comme solution à leur manque de compétitivité», souligne le rapport.

L'OIT estime par ailleurs que la contribution de la déflation des salaires en Allemagne dans la création d'emplois dans ce pays n'est même «pas si claire» : «Les récents succès à l'exportation doivent peu à cette politique salariale et s'expliquent davantage par l'orientation géographique des exportateurs allemands vers les marchés émergents dynamiques.»

(AFP)

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