mercredi 30 mai 2012

A l'UMP, Bayrou choisit Fillon contre Copé


François Bayrou le 10 mai 2012 à Paris Mehdi Fedouach afp.com

POLITIQUE - Il estime que «la sensibilité» entre les deux hommes est très différente...

François Bayrou a estimé lundi que la guerre de succession à la tête de l'UMP, loin de se réduire à un choc d'ambitions, relevait d'un antagonisme de valeurs entre une droite ouverte représentée par François Fillon, avec qui il pourrait travailler, et une autre jouant les rapports de force, désignant implicitement Jean-François Copé.
«C'est exactement la ligne de clivage sur laquelle j'ai mené les combats qui ont été les miens depuis cinq ans», a expliqué sur France Inter M. Bayrou à propos de la rivalité entre Jean-François Copé et François Fillon à la tête de l'UMP.
«Il y a une partie de la droite française, républicaine, dont les idées et les valeurs sont absolument ouvertes, à mes yeux profondément justes et avec qui, naturellement des gens comme moi peuvent travailler. C'est François Fillon, pour qui j'ai de l'estime, et ce n'est pas un secret de le dire», a-t-il résumé.

Copé visé sans être cité

«Et puis, il y a, depuis des années, une autre sensibilité qui est profondément différente. Cette sensibilité accepte qu'entrent dans le débat public des sujets de profondes divisions, de profonds antagonismes entre Français, des sujets qui mettent le feu parce que (ces représentants) estiment qu'électoralement, c'est plus payant. Et, ils voient dans la montée du FN la preuve de ce qu'il faut faire», a-t-il ajouté sans toutefois citer le nom de Jean-François Copé.
«Cette ligne-là s'accompagne en même temps d'une vision de rapports de forces de la société, sur l'argent, la condamnation des partenaires sociaux et des corps intermédiaires... tout cela fait une vision du pays qui est me semble-t-il en contradiction avec ce que la droite française a donné de meilleur depuis des décennies», a jugé le leader centriste.
«Ce n'était pas la vision du général de Gaulle, pas la vision de Valéry Giscard d'Estaing et pas celle de Jacques Chirac», a-t-il affirmé sans citer le nom de Nicolas Sarkozy, dont il a souvent dénoncé la politique. «C'est une vision profondément antagoniste qui ressemble à ce qu'une partie de la droite américaine, ce qu'on appelle les "Tea-party", veut faire entendre. C'est sur ce point qu'il y a une ligne de clivage», a-t-il résumé. «Et donc, je ne crois pas que ce qui se passe au sein de l'UMP soit uniquement un choc d'ambitions (...) mais c'est sur du fond que ce débat va avoir lieu et il est pour moi, très intéressant», a-t-il conclu.

«J'ai fait un choix sans précédent»

Le président du MoDem en difficulté pour les législatives face à des candidats UMP et PS, a églement estimé lundi que si le PS répondait à son vote pour François Hollande à la présidentielle par «du sectarisme et des intérêts d'appareil, la France se s'en sortira pas».
«J'ai fait un choix qui a été regardé par tout le monde comme un choix sans précédent. C'est la première fois qu'un responsable politique du centre dit: cette ligne que vous essayez de tracer entre les Français comme un mur infranchissable, cette ligne-là, nous devons la franchir», a expliqué sur France Inter François Bayrou, à propos de son vote pour François Hollande à la présidentielle.
«Et j'ai fait un pas, tendu la main au-dessus de cette ligne pour une raison certaine, c'est que nous n'arriverons pas à nous sortir de la crise si nous ne sommes pas en mesure de travailler ensemble entre Français. Si c'est une majorité coupée en deux avec en face, une opposition agressive décidée à la faire perdre, alors c'est le pays qui va s'enfoncer», a-t-il expliqué.

Choqué par les propos de Lagarde

Enfin, François Bayrou a également jugé «extrêmement choquants» les propos de Christine Lagarde sur la Grèce car, a-t-il dit, la patronne du FMI «a mis en accusation le peuple grec comme s'il était coupable» alors qu'il a été «entraîné dans un aveuglement» par ses dirigeants. «J'ai trouvé les propos de Christine Lagarde extrêmement choquants parce qu'elle a mis en accusation le peuple grec comme si il était coupable et responsable», a-t-il expliqué sur France Inter.
Christine Lagarde a mis le feu aux poudres en estimant dans une interview au Guardian que «les Grecs devraient commencer par s'entraider collectivement», et ce, en «payant tous leurs impôts». Elle s'est dite moins préoccupée par leur sort que par celui des enfants d'Afrique.
«Il y a, dans la société grecque, dans le pouvoir grec et son organisation, des responsabilités mais il n'est pas vrai que ce soit le peuple grec qui soit responsable de ce qui lui arrive. Il a été entraîné dans un aveuglement, il avait un bandeau sur les yeux et on lui a fait croire qu'on pouvait continuer vivre en empruntant», a estimé le patron du MoDem. «Mais, a-t-il souligné, il n'est pas le seul peuple en Europe a qui on ait mis un bandeau sur les yeux et à qui on ait raconté qu'on pouvait continuer à vivre en s'endettant».

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