jeudi 26 juillet 2012

Marseille : le voile de la discorde


Dans la nuit de mardi à mercredi, un contrôle d'identité d'une femme intégralement voilée a mal tourné à Marseille.
Photo d'illustration. Photo d'illustration. © Florence Durand / AFP

Les faits se sont déroulés dans la nuit de mardi à mercredi, à Marseille. Vers 0 h 45, alors qu'ils se trouvent à proximité de la mosquée es-Sunna, située dans le 3e arrondissement de la cité phocéenne, des policiers aperçoivent une femme intégralement voilée. Ils décident de procéder à un contrôle d'identité, comme les y autorise la loi sur le voile intégral adoptée en 2010. Mais très vite les choses se gâtent.
Louise-Marie, une jeune femme âgée de 18 ans, refuse de décliner son identité et, d'après les policiers, se met à pousser des cris, attirant une horde de curieux, empêchant ainsi tout contrôle. Une altercation éclate entre les forces de l'ordre et quelques hommes. Résultat : deux policiers blessés, un troisième mordu à la main par la jeune femme voilée. Des renforts arrivent alors sur place, quatre personnes - dont la jeune femme voilée - sont interpellées et placées en garde à vue. Elles seront finalement remises en liberté dans la nuit, avec à la clef une simple convocation.

"Tout ça fleure bon une certaine hypocrisie"

"Les autorités les ont remises en liberté, car elles redoutent des troubles manifestes à l'ordre public. C'est un scandale", confie sous le couvert de l'anonymat un policier marseillais. Pourtant, dans la circulaire du 31 mars, qui précise les modalités d'application de la loi sur le voile intégral, il est précisé que "face à un refus persistant de l'intéressé(e), et si aucune solution n'apparaît possible, le refus de dévoiler son visage rendant le contrôle de l'identité impossible, la procédure de l'article 78-3 du Code de procédure pénale est applicable". À savoir que la personne contrôlée peut être "retenue sur place ou dans le local de police où elle est conduite aux fins de vérification de son identité."
"Cette affaire souligne la difficulté que nous rencontrons pour appliquer la loi. On a le sentiment que beaucoup préféraient largement que nous fermions les yeux afin d'éviter des incidents", souligne Yannick Danio du syndicat Unité SGP-Police. Avant de conclure : "En résumé, vous pouvez faire des contrôles de police, mais attention à ne pas faire de vagues, car sinon cela vous retombera dessus. Tout ça fleure bon une certaine hypocrisie, et ne facilite pas le travail du policier sur le terrain."

"On prie chez soi !" (Fadela Amara)

Sollicitée par Le Point.fr, Nora Présozi, l'adjointe au maire de Marseille, fervente défenseuse de la laïcité et des droits des femmes, refuse d'entrer dans cette polémique. "Effectivement, ce quartier regorge de femmes voilées, mais peu importe. Si on veut éviter une situation explosive, les policiers doivent impérativement appliquer la loi. Chaque citoyen a l'obligation de se soumettre au contrôle d'identité quand la situation l'exige, comme c'est le cas dans cette déplorable affaire."
Mais l'élue assume une certaine franchise. "Beaucoup de femmes vêtues de burqa cherchent l'affrontement avec les forces de l'ordre", assure-t-elle. "De ce fait, elles donnent une piètre image de l'islam, poursuit-elle. Or, pour les fins connaisseurs, la religion musulmane prône la paix et la tolérance."
Même constat du côté de l'ancienne secrétaire d'État chargée de la politique de la Ville, Fadela Amara. "Le ministre de l'Intérieur doit rester ferme face à ses situations qui risquent, hélas, de se reproduire. Quelle que soit notre religion, nous devons respecter les lois de la République. Pour ma part, je soutiens les policiers, la France est un pays laïque, par conséquent, on prie pour soi, on prie chez soi !" estime la fondatrice de Ni putes ni soumises.

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