vendredi 31 août 2012

Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'humanité




http://www.france24.com/fr/20120825-neil-armstrong-premier-homme-marche-lune-mort-etats-unis-astronaute-espace 

http://www.ina.fr/video/I00008468/descente-d-armstrong-sur-le-sol-lunaire-drapeau-americain-plante-et-tenu-par-armstrong.fr.html

Revoilà Fukushima : pourquoi l’inquiétude monte d’un cran ?

La piscine de refroidissement des combustibles nucléaires du réacteur numéro 4 à la centrale de Fukushima, Japon. © REUTERS
La piscine de refroidissement des combustibles nucléaires du réacteur numéro 4 à la centrale de Fukushima, Japon. © REUTERS
En cas de séisme, l’effondrement de cette piscine, qui contient des combustibles nucléaires, serait catastrophique. Lors du tsunami dévastateur de mars 2011, au Japon, la centrale nucléaire de Fukushima a été considérablement endommagée.
  • Le problème actuel : la piscine du réacteur n°4
Au sein du de ce réacteur, une piscine en béton de 11 mètres de profondeur est maintenue en hauteur, à trente mètres du sol. Elle sert à refroidir 264 tonnes de barres de combustibles nucléaires, très radioactives.
Aujourd'hui, le bassin n’est plus protégé par un toit solide, mais par une simple bâche de plastique blanche, explique le Nouvel Observateur. Les murs qui le soutiennent sont dangereusement inclinés.
Des journalistes japonais de la chaine TV Asahi ont enquêté pour comprendre ce qui pourrait se passer en cas de nouveau séisme ou de typhon.
Dans ce documentaire, Yukiteru Naka, un ingénieur qui a participé à la construction de la centrale manifeste son inquiétude : "étant donné que c’est une construction provisoire, ce n’est pas censé résister aux secousses sismiques (…) J’estime qu’il faudrait peu de temps pour vider la piscine si les tuyaux étaient endommagés et causaient une fuite".
Hiroaki Koide, professeur à l’institut de recherche nucléaire universitaire de Kyoto, n’est pas plus rassuré : "Si la piscine devait s’effondrer à cause d’un nouveau gros séisme, les émissions de matière radioactive seraient énormes : une estimation prudente donne une radioactivité équivalente à 5000 fois la bombe nucléaire d’Hiroshima".
Début mai, un haut responsable du département de l’Énergie sous Bill Clinton, Robert Alvarez, s’était montré très alarmé dans The Guardian : "Si un tremblement de terre ou tout autre événement venait à affecter cette piscine, il pourrait en résulter un incendie radiologique catastrophique, avec près de dix fois la quantité de césium 137 qui s’est propagée à la suite de l’accident de Tchernobyl".
 Pour en savoir plus, Quoi.info a interrogé à son tour Jean-Louis Basdevant, physicien et auteur de Maîtriser le nucléaire : que sait-on et que peut-on faire après Fukushima ? (éditions Eyrolles, mai 2011)
  • À quoi sert la piscine du réacteur 4 ?
"Au moment de la catastrophe de mars 2011, le réacteur 4 était arrêté pour maintenance. Les vieux combustibles ont été placés dans la piscine afin de les refroidir. Plus ils servent, plus ils sont radioactifs, il faut donc les refroidir."
  • Que se passe-t-il s’ils ne refroidissent pas ?
"Ils chauffent terriblement, et il se passe une catastrophe qu’on appelle fusion nucléaire : tout fond à l’intérieur de la centrale nucléaire, et il se forme un magma radioactif de 2800°c".

  •  Quels sont les scénarios possibles en cas d’effondrement de la piscine ?
"Les barres de combustible sont enfermées à l’intérieur de tubes de métal. Si la piscine se vide, leur température peut monter à un rythme de 20°C par seconde. Le métal peut fondre et libérer le combustible nucléaire. Au contact de l’eau et de l’air, cela forme de l’hydrogène, qui explose. Il peut y avoir un dégagement de gaz radioactif comme à Tchernobyl".
Par ailleurs, des tonnes de produits radioactifs peuvent s’attaquer à la cuve, puis au sous-sol du bâtiment, puis au sol. Le magma radioactif peut pénétrer dans les nappes phréatiques et contaminer l’eau. Les animaux, les plantes seraient contaminés. Les Japonais ne pourraient pas boire de l’eau. Et la contamination peut durer 300 ans".
  • Pourquoi ne peut-on pas intervenir pour déplacer les barres de combustible dans une autre piscine ?
"C’est trop radioactif : on ne peut pas envoyer des gens, ils mourront en 2h ! Il faudrait intervenir avec des robots mais à 30m de hauteur, c’est très compliqué.
Ou alors, il faudrait parvenir à jeter du sable via des hélicoptères pour tenter de constituer une digue qui empêcherait la piscine de s’effondrer. C’est ce qu’on a fait à Tchernobyl, mais les pilotes avaient été irradiés.
Le problème, c'est que là bas, on fait appel à tous les meilleurs ingénieurs du monde, mais même eux ne savent pas quoi faire."

Les Pussy Riots, héritières des prophétesses Quaker ?




Les Pussy Riots sont un groupe contestataire russe de chanteuses Punk qui luttent, avec intelligence, courage et sens de la provocation, pour la libéralisation de la société et la séparation de l’Eglise et de l’Etat.
A la suite d’une prière anti-Poutine dans la Cathédrale du Christ sauveur (21 février 2012), aussi provocante que le Christ chassant les marchands du temple, ces jeunes femmes, incarcérées depuis 5 mois, sont jugées à Moscou. Mardi 7 août 2012, le procureur a requis contre elles 3 ans de camp.
L’Eglise orthodoxe russe a plaidé pour la sévérité et a dénoncé un “crime pire qu’un meurtre”.
Les turbulentes chanteuses n’ont pourtant  assassiné personne, bien qu’elles n’y soient pas allées de main morte en osant se produire devant l’autel de LA cathédrale emblématique de Russie.
Leur porte-parole, la brillante NADYA TOLOKONNIKOVA (5 ans d’études de Philo), n’a rien d’une criminelle! Elle développe un discours construit, non-conformiste et percutant, qui passe très difficilement pour anti-chrétien. Les anglophones le liront avec intérêt sur ce lien.
 
Ci-dessus: Nadya Tolokonnikova derrière les barreaux
Dixit Nadya (je traduis): “Durant notre performance (2 minutes trente de “prière” punk dans la cathédrale), nous avons voulu exprimer notre inquiétude: le recteur de la cathédrale du Christ sauveur et la tête de l’Eglise orthodoxe russe (le patriarche) soutient un politicien qui réprime par la force la société civile (qui nous est chère)”. Aucun appel au fascisme dans ce plaidoyer dense et argumenté publié par Nadya Tolokonnikova! Aucune fin de civilisation non plus.
On peut même y voir, au contraire, un vibrant manifeste pour la liberté, qui mériterait même (on peut toujours rêver) une nomination pour le Prix Nobel de la Paix. Mais dans l’immédiat, il semble urgent pour le haut clergé orthodoxe et le haut clergé séculier d’Etat de faire taire cet esprit qui dérange. Ainsi que ses collègues, dont une mère de famille. Le baillon, et vite! Car ce que Nadya Tolokonnikova dénonce apparaît effectivement pire qu’un meurtre.
“Pire qu’un meurtre”: toucher au porte-monnaie et au pouvoir de l’Eglise russe
Elle cible en effet l’autocratie de Poutine et les compromissions persistantes d’une Eglise orthodoxe russe qui vit, entre autres, rappelons-le, des taxes sur les cigarettes et autres faveurs reçues du pouvoir politique. Non mais! Quelques années de prison, cela rééduquera ces effrontées, qui ont osé défier le patriarche Cyrille! Post-scriptum, ce dernier était surnommé “métropolite cigarette” lorsqu’il officiait à Smolensk “à cause du rôle actif qu’il a joué au moment de la pérestroïka dans le commerce du tabac et des spiritueux” (dixit Nathalie Ouvaroff-Blime).
Dénoncer l’union du trône et de l’autel? Impardonnable! Sacrilège!
Cela mérite bien trois ans de camp, non? C’est en tout cas la peine qui a été demandée pour l’instant par le procureur lors du procès de Moscou.
Héritage des prophétesses quakers
Dans le contexte de l’histoire du christianisme, il faut bien avouer que le courage prophétique des Pussy Riots renvoie à un gros malaise. Car enfin, une partie du christianisme européen, durant des siècles, a trempé dans les mêmes compromissions qui ternissent aujourd’hui l’image du patriarcat de Moscou et son chef suprême. Liens incestueux avec le pouvoir politique, accaparement subreptice des richesses (les dernières terres, en France, où le servage a été aboli ont été des propriétés d’abbaye), légitimation négociée des systèmes autocratiques.
Mais une autre partie du christianisme (à l’intérieur des Eglises existantes, où en réaction aux Eglises établies) a de longue date protesté, à la manière des Pussy Riots aujourd’hui, contre l’inacceptable. Que ce soit par des figures charismatiques de prêtres (François d’Assise) ou pasteurs (Wesley), des ordres religieux, des mouvements mystiques, des élans prophétiques, des réformes, les voix chrétiennes n’ont jamais complètement manqué pour contester ce que les Pussy Riots défient aujourd’hui.
 

“Nous ne sommes pas des ennemis du christianisme”
Aussi Nadya Tolokonnikova a-t-elle parfaitement raison de souligner que son point de vue n’est pas anti-chrétien. Dixit Nadya: “Nous ne sommes pas des ennemis du christianisme. Nous avons à coeur l’opinion des russes orthodoxes. Nous les voulons tous à nos côtés -du côté des activistes anti-autoritaires venus de la société civile. C’est la raison pour laquelle nous sommes allées à la cathédrale” (source en anglais).
Pourtant, on ne voit guère, pour l’heure, de responsables ecclésiastiques européens se précipiter pour la soutenir (étonnant? Ou pas?).
Mais on doit faire observer qu’au regard de l’histoire du christianisme européen, il y a toujours eu des voix prophétiques, y compris féminines, pour contester la collusion Eglise-Etat et la dérive autocratique. Non pas contre le “Christ Sauveur” (nom de la cathédrale orthodoxe où a eu lieu le “sacrilège), mais précisément à cause du “Christ Sauveur”.
Au sein du protestantisme (mon terrain de spécialisation), on pense en particulier au contexte effervescent de la Révolution de Cromwell, en Angleterre (160-1660), épisode trop peu connu en France, qui a vu le roi d’Angleterre décapité (en 1649). Cet épisode complexe a été marqué par une extraordinaire veine prophétique, au sein duquel les femmes ont joué un rôle majeur, prêchant parfois devant des publics mixtes.
L’historienne Phyllis Mack a ainsi dénombré 38 prophétesses en vue durant les années 1640-1650 en Angleterre.
Elle prêchent à domicile, exceptionnellement dans certains temples ou en pleine rue, devant des foules parfois considérables, n’hésitant pas à intervenir sur la scène politique au nom de l’Évangile. Ce qu’elles dénoncent? Le manque de liberté, y compris pour les femmes. L’oppression dont souffre le peuple. Et  les compromissions des puissants, y compris des puissances ecclésiastiques.
 
The Quakers meeting (gravure du XVIIIe siècle montrant une prophétesse qui prêche)

“Crime pire qu’un meurtre”, à l’époque déjà!
Le souvenir de ces prophétesses ne s’est pas perdu. A la fin du XIXe siècle, alors que Pierre Larrousse publie son Grand Dictionnaire Universel, machine à éduquer les masses aux valeurs laïques et républicaines, l’auteur ne peut cacher sa fascination devant cette prophétesse, qui “se rua toute nue dans la chapelle de Whitehall, en présence du protecteur Olivier Cromwell”, ou cette “autre quakeresse” qui “reçut du ciel l’ordre de se présenter devant le Parlement, une cruche en main, et de la briser en terre, en s’écriant : “Ainsi serez-vous mis en pièces!””.

Et si les Pussy Riots étaient des prophétesses d’aujourd’hui ?
Cliquez-ici pour soutenir les Pussy Riots
Source : Blog de Sébastien Fath
Sebastien-Fath



Références :
. Phyllis Mack, Visionary Women : Ecstatic Prophecy in Seventeenth Century England, Berkeley, University of California Press, 1992.
. Pierre Larousse, article “Quaker, eresse ou quakre, esse”, Grand Dictionnaire Universel, réimpression de l’édition de Paris 1866-79, Paris, Slatkine, 1982, t.13, 1e partie, p.490, p.489.
. Sébastien Fath, “La prédication féminine en protestantisme évangélique. Le “non-conformisme” à l’épreuve”, Hokhma, n°74/2000, pp.23-60 (38p).
. Fiodor DOSTOIEVSKI, le passage sur le GRAND INQUISITEUR, dans les Frères Karamazov: on n’a jamais rien écrit de mieux comme résumé de l’histoire chrétienne. (texte en accès libre ici: http://www.bible-service.net/site/657.html)



Chantée en plein coeur de la cathédrale orthodoxe du Christ Saint-Sauveur à Moscou le 21 février dernier, leur "prière punk" est adressé à la Vierge Marie pour demander le départ du pouvoir de Vladimir Poutine. Les Pussy Riot avaient toutefois été empêchées de la chanter en entier.
Voici une traduction des paroles de "Vierge Marie, chasse Poutine"  :
(Choeurs)
"Vierge Marie, Mère de Dieu, chasse Poutine
Chasse Poutine, chasse Poutine
(Fin des choeurs)
Soutane noire, épaulettes d'or
Tous les paroissiens rampent pour s'incliner
Le fantôme de la liberté est au ciel
La gay-pride est envoyée en Sibérie enchaînée
Le chef du KGB, leur saint patron,
Conduit des protestataires en prison sous escorte
Pour ne pas offenser Sa Sainteté
Les femmes doivent enfanter et aimer
Merde, merde, merde du Seigneur !
Merde, merde, merde du Seigneur !
(Choeur)
Vierge Marie, Mère de Dieu, deviens féministe
Deviens féministe, deviens féministe
(Fin des choeurs)
La louange de l'Église aux dictateurs pourris
La croix portée par une procession de limousines noires
Un professeur-prédicateur t'attendra à l'école
Va en cours - donne-lui de l'argent !
Le Patriarche Goundiaev croit en Poutine
Ce salaud ferait mieux de croire en Dieu à la place
La ceinture de la Vierge ne peut pas remplacer les mobilisations massives
Marie, Mère de Dieu, est avec nous dans la protestation !
(Choeurs)
Vierge Marie, Mère de Dieu, chasse Poutine
Chasse Poutine, chasse Poutine"
(Fin des Choeurs)





alekhina - Pussy Riot
alekhina - Pussy Riot -

Voici le texte écrit par Maria Alekhina une des Pussy Riot, lu à son procès par son avocate. Avec Nadejda Tolokonnikova et Ekaterina Samoutsevitch, elle a été condamnée à deux ans de prison. Les Inrockuptibles, solidaires des Pussy Riot.

Ce procès est exemplaire. Le pouvoir en rougira, et pas qu’une fois, et il en aura honte. Chacune de ses étapes est la quintessence de l’arbitraire. Comment notre démarche, à l’origine une action modeste et plutôt farfelue, s’est-elle muée en cet immense malheur ? Il est évident que, dans une société saine, ce serait impossible. La Russie, en tant qu’Etat, apparaît depuis longtemps comme un organisme rongé par la maladie. Et cet organisme réagit de manière maladive dès qu’on effleure l’un de ses abcès purulents. D’abord il passe longuement cette maladie sous silence. Ensuite, il trouve une solution en dialoguant. Et voici ce qu’il appelle un dialogue. Ce tribunal n’est pas simplement une mascarade grotesque et cruelle, il est le « visage » du dialogue tel qu’il se pratique dans notre pays. Au niveau social, pour aborder un problème par le dialogue, il faut une situation – une motivation. Ce qui est intéressant, c’est que notre situation a été, dès l’origine, dépersonnalisée.
Parce que, lorsque nous parlons de Poutine, ce n’est pas Vladimir Vladimirovitch Poutine que nous avons en vue ; c’est Poutine en tant que système créé par lui-même, cette verticale du pouvoir où pratiquement toute la gestion s’effectue à la main.
Et cette verticale ne prend pas en compte, ne prend absolument pas en compte, l’opinion des masses. Et, c’est ce qui m’inquiète le plus, l’opinion des jeunes générations. Et cela dans tous les domaines.
Dans ce dernier mot, je veux dire ma propre expérience, ma propre confrontation avec ce système. L’éducation, là où commence la formation de la personne sociale, ignore ce qui constitue cette personne. Mépris de l’individu, mépris de l’éducation culturelle, philosophique, mépris des connaissances élémentaires qui font une société civile. Officiellement, toutes ces matières sont au programme. Mais elles sont enseignées sur le modèle soviétique. Résultat : la marginalisation de la culture dans l’esprit de chaque individu, la marginalisation de la réflexion philosophique, et le sexisme érigé en stéréotype. L’homme-citoyen est un idéal balancé au fond du placard.
Toutes les institutions en charge aujourd’hui de l’éducation s’efforcent avant tout d’inculquer aux enfants les principes d’une existence automatique. Sans tenir compte de leur âge et des questions propres à cet âge. Elles inoculent la cruauté et le rejet de toute idée non conformiste. Dès l’enfance, l’homme doit oublier sa liberté.
J’ai une certaine expérience de l’hôpital de jour psychiatrique pour les mineurs. Je peux affirmer que tout adolescent qui, de manière plus ou moins active, fait preuve d’anticonformisme peut être aussitôt interné. Dans ces établissements échouent nombre d’enfants qui viennent d’orphelinats. Oui, dans notre pays, il est normal de placer en hôpital psychiatrique un enfant qui a voulu fuir l’orphelinat. Et de lui administrer des tranquillisants comme l’aminazine, qui était utilisée dans les années 70 pour mater les dissidents soviétiques.
Dans ces établissements, c’est la répression qui est privilégiée et non l’accompagnement psychologique. Le système est basé exclusivement sur la peur et sur la soumission inconditionnelle. Ces enfants deviennent inévitablement des enfants cruels. Beaucoup d’entre eux sont illettrés. Et personne ne fait quoi que ce soit pour y remédier. Bien au contraire. Tout est fait pour briser, tout est fait pour étouffer la moindre aspiration, le moindre désir de progresser. Ici, l’être humain doit se fermer et perdre toute confiance dans le monde.
Voilà ce que je veux dire : une telle conception de l’homme interdit la prise de conscience des libertés individuelles, y compris religieuses, et cela touche toute la population. La conséquence de ce processus, c’est la résignation ontologique, c’est-à-dire la résignation ontique socialisée. Ce passage, ou plutôt cette fracture, est remarquable en ceci que, si on l’examine dans un contexte chrétien, on s’aperçoit que les significations et les symboles se substituent en significations et en symboles exactement inverses. Ainsi, aujourd’hui, la résignation, qui est l’une des catégories essentielles du christianisme, est entendue ontologiquement non plus comme moyen de purifier, d’affermir et de conduire à la libération définitive de l’homme mais, au contraire, comme moyen de l’asservir. On peut dire, en citant Nikolai Berdiaiev : « L’ontologie de la résignation — c’est l’ontologie des esclaves de Dieu, non des enfants de Dieu. »
En ce qui me concerne, c’est quand je me suis lancée dans la lutte écologique pour la forêt de Krasnodar que j’ai pris conscience de la liberté intérieure comme fondement de l’action. Ainsi que de l’importance, et l’importance immédiate de l’action en tant que telle.
Je ne cesse de m’étonner que dans notre pays il faille rassembler plusieurs milliers de personnes pour faire cesser l’arbitraire d’un ou d’une poignée de fonctionnaires.
La réaction de milliers de gens de par le monde à ce procès est en est la preuve éclatante. Nous sommes toutes trois innocentes. Nous sommes innocentes, le monde entier le dit. Le monde entier le dit pendant les concerts, le monde entier le dit sur Internet, le monde entier le dit dans la presse et dans les parlements.
Les premiers mots que le Premier ministre britannique a adressé à notre président n’ont pas concerné les Jeux olympiques mais il lui a demandé : « Pourquoi trois jeunes femmes innocentes sont-elles en prison ? C’est une honte. »
Mais ce qui m’étonne davantage encore, c’est que les gens ne croient pas qu’ils puissent influencer le pouvoir de quelque manière que ce soit. Alors que nous organisions piquets et meetings pour défendre la forêt de Krasnodar, alors justement que je récoltais les signatures pour les pétitions, beaucoup de gens me demandaient, et avec un étonnement tout à fait sincère, qui ça pouvait intéresser… Oui, peut-être, d’accord, c’était la dernière forêt séculaire de Russie, mais qu’est-ce que ça pouvait bien leur faire, cette forêt dans la région de Krasnodar ? Ce bout de terre paumé. C’est vrai, qu’est-ce que ça pouvait leur faire que la femme de notre Premier ministre Dmitri Medvedev ait l’intention d’y faire construire une résidence ? Et de détruire l’unique réserve de genévriers de Russie ?
Voici comment réagissent les gens… Voici encore une preuve que les gens dans notre pays ont cessé de considérer que le territoire appartenait à ses citoyens. Ils ont cessé de se considérer comme des citoyens. Ils se considèrent tout simplement comme des masses automatisées. Ils ne comprennent pas qu’une forêt leur appartient même si elle ne se trouve pas à proximité immédiate de leur domicile. J’en viens même à douter qu’ils aient conscience que leur propre maison leur appartient. Si une excavatrice s’approche de l’entrée de leur immeuble, que l’on demande aux gens d’évacuer les lieux et qu’on leur dise : « Excusez-nous, nous allons démolir votre maison pour y construire la résidence d’un fonctionnaire », ils ramassent leurs affaires, leurs sacs et ils quittent leur maison. Et ils resteront là, dans la rue, en attendant tranquillement que le pouvoir leur dise ce qu’il faut faire. Ils sont absolument amorphes, c’est très triste.
Après plus de six mois passés dans une cellule, j’ai compris que la prison, c’était la Russie en miniature. C’est la même verticale du pouvoir, où le règlement du moindre problème passe par la décision exclusive et directe du chef.
En l’absence d’une répartition horizontale des fonctions et des attributions qui faciliterait considérablement la vie de chacun. En l’absence également de toute initiative individuelle. Ici, c’est le règne de la délation. De la suspicion mutuelle. En prison, de la même façon que dans le reste du pays, tout est basé sur la dépersonnalisation et sur l’assimilation de l’individu à sa fonction. Qu’il s’agisse d’un employé ou d’un détenu. Le règlement sévère de la prison, auquel on s’habitue rapidement, ressemble au règlement de la vie qu’on impose à chacun dès sa naissance. Dans le cadre de ce règlement, les gens commencent à s’attacher aux choses insignifiantes. En prison, c’est par exemple une nappe ou de la vaisselle en plastique qu’on ne peut se procurer qu’avec la permission du chef. Dehors, l’équivalent, c’est le statut social, auquel les gens sont particulièrement attachés. Ce qui m’a toujours beaucoup étonnée.
Il y a aussi quelque chose d’important, c’est le moment où l’on prend conscience de ce régime en tant que spectacle. Qui, dans la réalité, se traduit par le chaos, mettant à nu la désorganisation et la non-optimisation de la majorité des processus. Cela ne favorise pas le bon fonctionnement politique. Au contraire, les gens sont de plus en plus désorientés, y compris dans le temps et dans l’espace. Le citoyen, où qu’il se trouve, ne sait pas où s’adresser pour régler tel ou tel problème. C’est pour ça qu’il s’adresse au chef de la prison. Hors de prison, ce chef s’appelle Poutine.
Nous sommes contre le chaos poutinien qui n’a de régime que le nom. Nous donnons une image composite de ce système où, d’après nous, presque toutes les institutions subissent une mutation, tout en gardant leur apparence extérieure. De ce système qui détruit cette société civile qui nous est si chère. Nos textes, s’ils recourent au style direct, ne réalisent rien directement. Nous considérons cela comme une forme artistique. Mais la motivation, elle, est identique. Notre motivation reste identique dans une expression directe. Cette motivation est très bien exprimée par ces mots de l’Evangile : « Car quiconque demande, reçoit; et qui cherche, trouve ; et à celui qui frappe à la porte, on ouvrira. » Et moi, et nous tous, nous croyons sincèrement qu’on nous ouvrira. Aujourd’hui, hélas, on nous a enfermées. En prison.
C’est très curieux que les autorités, en réagissant à nos actions, ne tiennent absolument pas compte de l’expérience historique passée des manifestations d’hétérodoxie, d’anticonformisme. “La simple honnêteté est perçue dans le meilleur des cas comme de l’héroïsme. Et dans le pire, comme un trouble psychique », écrivait dans les années 70 le dissident Boukovski. Il ne s’est pas écoulé beaucoup de temps et pourtant tout le monde fait comme si la Grande Terreur n’avait jamais existé, ni les tentatives de s’y opposer. Je considère que nous sommes accusées par des gens sans mémoire. Nombre d’entre eux disaient : « Il est possédé du démon, et Il a perdu le sens; pourquoi l’écoutez-vous? » Ces paroles, ce sont les juifs qui ont accusé Jésus Christ de blasphème qui les ont prononcées. Ils disaient : « Nous vous lapidons pour un blasphème » (Jean 10.33).
Il est remarquable que c’est précisément ce verset auquel fait référence l’église orthodoxe russe pour exprimer son avis sur le blasphème. Cet avis est dûment certifié sur un document versé à notre dossier criminel. En émettant cet avis, l’église orthodoxe russe se réfère à l’Evangile comme à une vérité religieuse immuable. L’Evangile n’est plus considéré comme un livre révélé, ce qu’il fut pourtant dès l’origine. L’Evangile est considéré comme un bloc de citations qu’on peut tirer et fourrer où bon vous semble. Dans n’importe quel document et à toute fin utile. Et l’église orthodoxe russe ne tient même pas compte du contexte dans lequel est employé le mot « blasphème ». En l’occurrence, il était appliqué à Jésus Christ.
Je considère que la vérité religieuse ne doit pas rester immobile. Qu’il est indispensable de saisir les voies immanentes pour l’évolution de l’esprit. Que les expériences de l’homme, ses dédoublements, ses fissurations doivent être pris en compte. Qu’il faut avoir vécu toutes ces choses pour se construire. Que c’est uniquement après avoir vécu tout cela que l’homme peut atteindre quelque chose et continuer à avancer. Que la vérité religieuse est un processus, et non un résultat définitif qu’on peut fourrer où bon vous semble. Et toutes ces choses dont j’ai parlé, ces processus, sont pensés par l’art et la philosophie. Y compris par l’art contemporain.
Une situation artistique peut, et se doit selon moi, comporter un conflit intérieur. Et je suis particulièrement irritée par toute cette « soi-disance » qui émaille les paroles de l’accusation lorsqu’elle mentionne l’art contemporain.
Je tiens à remarquer que les mêmes termes ont été employés lors du procès du poète Brodsky. Ses vers étaient désignés comme des « soi-disant » vers, mais les témoins ne les avaient pas lus. Comme une partie des témoins de notre procès, qui n’étaient pas présents lors de notre action, mais qui ont regardé le clip sur Internet. Il est probable que nos excuses soient également présentées par l’esprit généralisateur de l’accusation comme « soi-disant ». C’est une insulte. C’est un préjudice moral. C’est un traumatisme. Parce que nos excuses étaient sincères. Vous n’imaginez pas à quel point je regrette que tant de paroles aient été prononcées et que vous n’ayez toujours rien compris. Ou alors vous rusez, quand vous dites que nos excuses n’étaient pas sincères. Je ne comprends pas ce que vous voudriez encore entendre. Pour moi, c’est ce procès qui est un soi-disant procès.
Et je n’ai pas peur de vous. Je n’ai pas peur du mensonge, je n’ai pas peur de la fiction, je n’ai pas peur de cette mystification mal fagotée, je n’ai pas peur du verdict de ce soi-disant tribunal. Parce que vous ne pouvez me priver que d’une soi-disant liberté. C’est la seule qui existe sur le territoire de la Fédération de Russie. Ma liberté intérieure, personne ne pourra me l’enlever.
Elle vit dans le verbe, elle continuera à vivre quand elle parlera grâce aux milliers de gens qui l’écouteront. Cette liberté continue dans chaque personne qui n’est pas indifférente et qui nous entendent dans ce pays. Dans tous ceux qui ont trouvé en eux les éclats de ces processus, comme autrefois Franz Kafka et Guy Debord. Je crois, que c’est justement l’honnêteté et la puissance de la parole, et la soif de vérité qui nous rendront tous un peu plus libres. Cela, nous le verrons.
Maria Alekhina, 8 août 2012,
traduction Helmut Brent
Retrouvez ici tous les articles des Inrocks sur les Pussy Riot

jeudi 30 août 2012

Les pourris d'Or


La célébrité n'est plus ce qu'elle était

«Superstar» de Xavier Giannoli montre comment un homme ordinaire devient célèbre du jour au lendemain. Un reflet des transformations de la célébrité à l'ère de l'hypermédiatisation.

Kad Merad dans «Superstar» de Xavier Giannoli. - Kad Merad dans «Superstar» de Xavier Giannoli. -

Il y a 24 siècles, un certain Hérostrate, jeune homme éphésien, se rend devant le temple d’Artémis, l’une des sept merveilles du monde, et y met le feu. Arrêté, il est torturé et avoue son motif: il cherchait la célébrité, et avait trouvé là le moyen de l’atteindre. Efficace.
24 siècles plus tard, la soif de célébrité demeure, mais la nature même de la célébrité a changé. Plus besoin d’incendier un temple pour se faire remarquer: la célébrité est désormais accordée à tous indépendamment des valeurs portées par les individus, ou de la valeur de leur travail, de leur pensée…

Dans son film Superstar (dont Slate est partenaire), Xavier Giannoli livre une réflexion sur ce qu’est désormais cette célébrité, sur sa vacuité, sur l’hypermédiatisation qui l’alimente. Adapté très librement du roman L’Idole, de Serge Joncour, le film raconte l’histoire d’un homme (Martin Kazinski) qui se réveille célèbre un matin, comme dans La Métamorphose Gregor Samsa se réveille un jour en cafard. Dans le métro les badauds photographient Martin, le hèlent, lui réclament des autographes. Mais il n’a rien fait pour ça, cela n’a aucun sens.

Dans un entretien au Nouvel Observateur, Xavier Giannoli explique:
«Dans le film, des gens vouent sans raison un culte à un brave type, comme si la célébrité n'était plus l'expression d'une admiration mais un simple réflexe, excité par des médias eux aussi suiveurs et aveugles, qui encouragent cette quête absurde dans le seul but de la truffer de pages ou d'écrans de publicité. Il s'agit bien d'une perte de substance, d'une perte de sens, d'un ciel bientôt sans étoiles, sans vraies «stars»».
Les stars désormais ne sont plus liées à un talent quelconque – celui d’expliquer le monde, celui de le faire rêver, celui de le transfigurer. Dans sa passionnante Histoire de la Célébrité, l’historien George Minois retrace la célébrité d’Hérostrate à aujourd’hui.
«Dans les époques les plus reculées, la célébrité était reliée au monde des dieux, de la religion: les héros», explique George Minois à Slate.fr. Ce qui s’est prolongé avec le christianisme: au Moyen-Age les gens célèbres sont les saints, les rois, censés avoir un lien privilégié à Dieu.
«A partir du 16e siècle, et surtout du 17e, la célébrité s’est sécularisée et les «grands hommes», les humanistes puis les philosophes du 18e siècle, sont ceux qui ont eu l’apanage de la célébrité, désormais attachée à des qualités humaines, des services rendus à l’humanité».
Au 20e siècle la célébrité moderne émerge. Avec la fin des grandes idéologies explicatives du monde, ce ne sont plus les penseurs qui ont la main sur la célébrité – ils la laissent peu à peu aux acteurs, chanteurs… «Désormais c’est la forme plus que le contenu de la célébrité qui demeure. Ce sont davantage des coquilles vides. Les anciens « guides » de l’humanité sont devenus des reflets de l’humanité. Qui sont fabriqués largement par les médias».

L’essor du people dans les médias

Dans Superstar, Xavier Giannoli met en scène une équipe de journalistes télé voulant faire venir Kazinski (Kad Merad) dans leur émission télé pour raconter son histoire –et en tirer un maximum d’audience. Ils sont odieux ces journalistes, avides, méprisants, médiocres, sans ambition intellectuelle pour leur public. Le producteur de l’émission (Louis-Do de Lencquesaing) lance à une de ses journalistes, qui a eu l’idée du «sujet» pour leur programme (Cécile de France):
«C’est toi qui a tout inventé à force de vouloir donner du sens.»
Si la presse à potins existe depuis le 18e siècle, c’est à partir de la télévision que tout s’accélère, «et l’intensité est nouvelle depuis les années 90, le grand moment dans la presse people où l’on voit la multiplicité des titres et l’augmentation des ventes, selon Christian Delporte, historien spécialiste d’histoire culturelle et des médias. Et le pic se fait au milieu des années 2000».
Comme George Minois, Christian Delporte se dit «frappé» par «l’absence de valeur» des nouvelles célébrités. Comme Kazinski (qui travaille dans une usine de recyclage de produits informatiques), ce sont des gens qui n’ont rien créé, rien réalisé, qui n’ont pas augmenté le monde de plus que de leur personne. A la différence de Mikael Vendetta, Kazinski est touchant et ne massacre pas la langue française. Mais il n’est pas tellement plus légitime que ce type se retrouve un beau jour propulsé sur un plateau télévisé, entre un rappeur et un artiste-performer.
«Tout est mélangé désormais» souligne Christian Delporte. «Vous ouvrez un magazine et vous trouvez pêle-mêle un ancien candidat de la téléréalité, une actrice et un homme politique».
Dans son essai précurseur Les Stars, Edgar Morin expliquait que les idoles d’une société disent beaucoup sur elle. George Minois rappelle un très important sondage fait au début du siècle dernier:
«A l’époque, en 1905-1906, Le Petit Journal demandait aux Français qui étaient les grandes célébrités du siècle précédent: il y avait eu des millions de réponses et in fine, les trois personnes les plus connues étaient Pasteur, Victor Hugo et Gambetta. Au début du 21e siècle un sondage du même genre a été organisé: les trois quarts des personnalités citées étaient des acteurs, des chanteurs, des présentateurs. On a abandonné aujourd’hui les grandes explications de l’existence et ce que l’on recherche, ce sont des gens qui aident à faire face au quotidien, des amuseurs

Fascination haineuse

«Les médias donnent beaucoup d’importance à des personnes qui ne sont connues que parce qu’elles sont passées à la télé, où elles ne sont passées pour rien d’autre que pour devenir célèbre», explique François Jost ,directeur du Centre d'études sur l'image et le son médiatiques (CEISME) et enseigne la sémiologie audiovisuelle. Les spectateurs se sont amusés de Loana (Loft Story), Giuseppe (Qui Veut épouser mon fils), Amélie (Secret Story) alors la presse people reprend leurs histoires comme celles des artistes quand leur vie connaît des péripéties. Et cette célébrité-là est fielleuse.
Loana, Amélie et Giuseppe.
«Dans l’ampleur qui est donnée par les médias, beaucoup de gens confondent célébrité et amour. Un certain nombre de personnes connues se croient aimées», poursuit François Jost:
«Cette recherche d’amour constante était possible chez de vraies stars, que les fans aimaient pour ce que ces stars apportaient, elles les faisaient rêver, leur offraient leur talent. Désormais on aime se foutre de leur gueule. On aime les détester».
Dans Superstar, le directeur de la chaîne sur laquelle passe Martin Kazinski propose à ce dernier de devenir un «héros» de téléréalité. Kazinski refuse et le directeur lui dit: «Mais les gens vous aiment!»  «Ce n’est pas de l’amour, répond Kazinski, c’est un malentendu». Il ne faut pas attendre longtemps avant que ces mêmes gens passent de l’amour à la haine.
«Les gens croient être célèbres pour eux-mêmes, ils ne sont qu’un produit d’appel. Une déception fondamentale est toujours imminente» souligne François Jost en employant ce même mot de «malentendu», ajoutant: «Ils se leurrent totalement».

L’avidité du public

Xavier Giannoli, lors d’un débat organisé par Slate, a souligné que les médias, s’ils ont concouru aux dérives de la célébrité, n’en sont pas les seuls acteurs. Dans Superstar, un présentateur interroge «C’est pas un peu facile de toujours accuser les journalistes?»
La foule et les médias se partagent la responsabilité, ils sont les deux facettes nécessaires et indissociables de cette célébrité hystérisée.
«Cette traque est devenue banale, c’est accepté de prendre des gens en photo dans la rue et de faire intrusion dans leur intimité», estime Christian Delporte. En 1963, raconte l’historien, un photographe de Paris Jour, journal people français, avait pénétré dans la chambre d’Edith Piaf, alitée, malade. «Ca avait été rejeté par la presse en masse. Aujourd’hui la violation de l’intime ne choque plus. Il y a sans doute une responsabilité des célébrités elles-mêmes, de la chanson et du cinéma, qui se font de la pub à travers de fausses photos volées. Mais le public est aussi avide de cela».
Récemment, à la suite de la rupture de Kristen Stewart et Robert Pattinson, l’actrice Jodie Foster a écrit une tribune dans le Daily Beast pour défendre la jeune femme, avec laquelle elle avait tourné Panic Room:
«A mon époque, avec de la discipline et de la force de caractère, vous pouviez encore atteindre une carrière de star et maintenir une vie privée authentique. Bien sûr, il fallait perdre en spontanéité dans la construction de cet équilibre (…). Mais vous pouviez au moins vous lever et dire ‘je ne participerai pas délibérément à ma propre exploitation. C’est fini désormais. Si j’étais aujourd’hui un jeune acteur ou une jeune actrice, débutant ma carrière dans cette nouvelle ère des médias sociaux, et sa saison de chasse autorisée, pourrais-je survivre? (…) Si je devais grandir dans cette culture médiatique, je ne crois pas que je pourrais survivre émotionnellement».

L’individu foule

Giannoli cite cette phrase de Victor Hugo: «Souvent la foule trahit le peuple». Dans son film, il la montre à l’œuvre, cette foule, poursuivant un homme, traqué, pour le prendre en photo.
La foule, comme explique toute la sociologie s’étant penchée dessus, est autre chose que la somme des individus qui la composent. Cela a été montrée quantité de fois au cinéma. Mais Giannoli montre une foule nouvelle – la foule moderne. Alors que la foule est normalement aveugle, pensant en commun ou plutôt ne pensant pas mais agissant en commun, la foule de Giannoli, armée de téléphones portables, produit du contenu comme un individu. Elle agit comme une masse automate, mais en résulte une création humaine, individuelle. Elle combine donc l’hystérie de la foule et le pouvoir créateur d’un individu et devient ainsi un média informe, inquiétant.  
Superstar ©Wild Bunch
Dans son ouvrage De la Visibilité, la sociologue Nathalie Heinich explique que «le déferlement mondial des téléphones portables, ainsi que l’adjonction d’une possibilité d’enregistrement et de transmission des images […] amènent une nouvelle et dernière (mais sans doute pas ultime) étape dans l’accès électronique aux statuts conjoints – et désormais quasi indiscernables – de producteur, diffuseur et consommateur de visibilité.»
La célébrité semble être désormais l'Hydre de Lerne, avec ses têtes multiples: plus puissante, plus énorme, plus incontrôlable et plus effrayante. «Ce sont non seulement les publics des célébrités qui ont été multipliés à une échelle planétaire et dans une temporalité quasi instantanée, mais aussi les candidats à une possible célébrité, dès lors que chacun a la possibilité de diffuser sur le Net sa propre image, sa voix, ses faits et gestes, ses opinions».
La seule consolation est la durée de cette célébrité. «Avant elle s’inscrivait dans la durée, désormais il y a un très fort turnover de notoriété, vous pouvez être oublié très rapidement». Le quart d’heure warholien s’est transformé en minute.
Charlotte Pudlowski

Comment prendre une décision ?

La réponse du P. Michel Souchon, jésuite, à un internaute de croire.com. Il explique ce qu'est le discernement, "l'intelligence spirituelle", qui est finalement bien proche de la Sagesse.

Jeune femme pensive. © Gilles Rigoulet/Ciric


"Laissez Dieu vous transformer..."

Écoutez saint Paul : "Laissez Dieu vous transformer et vous donner une intelligence nouvelle. Vous pourrez alors discerner ce que Dieu veut : ce qui est bien, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait" (Romains 12,2). Tout est dit : l'intelligence spirituelle est cette faculté qui nous rend capables de découvrir ce que Dieu désire pour nous, pour notre bonheur, "ce qui plaît au Seigneur" (Éphésiens 5,10). Saint Jean invite au "discernement des esprits" : "Ne vous fiez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s'ils viennent de Dieu" (1 Jean 4,1). Comment répondre à cette invitation ?

Les Exercices de saint Ignace

Dans les Exercices spirituels, saint Ignace donne des indications. Durant sa convalescence, il a découvert que des pensées, des idées ou des projets lui donnaient un plaisir passager, mais étaient suivis de tristesse, alors que d'autres pensées lui procuraient une consolation durable. De cette expérience, il tire des règles pour distinguer ce qui vient du "bon esprit" de ce qui vient du "mauvais esprit".

"L'intelligence spirituelle"

Le discernement, "l'intelligence spirituelle", est finalement bien proche de la Sagesse, dont nous parle le Livre des Proverbes : "Moi, la Sagesse, j'ai pour demeure la prudence. J'ai découvert la science de l'opportunité" (Proverbes 8,12). C'est la Sagesse qui donne de savoir "lire les signes des temps". D'entendre les appels que nous adressent les circonstances et les rencontres.

De connaître les moments où il faut parler pour témoigner de l'espérance qui nous anime et de la foi qui nous fait vivre, et quand se taire, parce que "ce n'est pas le moment". Dans le Livre d'Isaïe, il est dit du "Serviteur" : "Sur lui reposera l'Esprit du Seigneur, esprit de sagesse et de discernement" (11,2). Que Jésus, le Serviteur, nous communique la "science de l'opportunité".
Michel Souchon, sj ; 2007

Little Dragon

Fonte record de la banquise arctique

Images satellites de la calotte glacière par des scientiques de la Nasa, le 26 août.
Images satellites de la calotte glacière par des scientiques de la Nasa, le 26 août. Crédits photo : NASA

INFOGRAPHIE - 4,1 millions de km2 : la surface de la glace de mer n'a jamais été aussi réduite.

L'annonce était attendue depuis plusieurs semaines. Cette fois, ça y est. Les images satellites de la Nasa, l'agence spatiale américaine, permettent de l'affirmer: depuis le lundi 26 août, la banquise de l'océan Arctique, autour du pôle Nord, a atteint un nouveau record de fonte. La superficie totale des glaces de mer n'est plus que de 4,10 millions de km2. Cela représente près de 70.000 km2 de moins que le précédent record qui datait du 18 septembre 2007, ont calculé les chercheurs du Centre américain de données sur la glace et la neige (NSIDC), basé à l'université Boulder, dans le Colorado.
«Tout cela, ce ne sont que des chiffres, mais c'est avant tout le signe que la couche de glace de l'océan Arctique est fondamentalement en train de changer», a reconnu Walt Meier, chercheur au ­NSIDC, lors d'une conférence de presse tenue en commun avec la Nasa. Tout ce qui se passe dans les hautes latitudes est à surveiller de près. «La banquise du Grand Nord est une région vigie pour tout ce qui concerne le réchauffement de la planète. Non seulement c'est la première à réagir, mais c'est là aussi où les impacts sont les plus forts, souligne Hervé Le Treut, directeur de l'institut Pierre-Simon ­Laplace (Paris).



Le record enregistré lundi est un signal pour la communauté scientifique. Il a valeur de démonstration des conséquences de l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre.» Autrement dit, l'homme serait le principal responsable du réchauffement actuel. Les premières images satellites de la banquise arctique ont été fournies en 1979. Depuis, la surface des glaces de mer a diminué durant l'été de 40%. Les six dernières années figurent parmi les années records de recul de la banquise.

Le record de 2007 déjà dépassé

Et l'été n'est pas terminé, la fonte devrait continuer pendant encore deux à trois semaines. Le retrait des glaces de mer pourrait donc être beaucoup plus important à la mi-septembre. «C'est un peu surprenant de voir qu'en août, le record de 2007 a déjà été dépassé alors qu'il avait été enregistré en septembre», souligne Walt Meier. En effet, cette année, les températures n'ont pas été particulièrement élevées contrairement à l'été 2007. Seule une grosse tempête survenue au début du mois d'août a pu amplifier l'effondrement des glaces.
Selon les projections avancées par les modèles climatiques dominants, la banquise arctique devrait avoir totalement disparu en été vers la fin du siècle. Le phénomène constaté cette année pourrait rebattre les cartes. «Apparemment, constate en effet Hervé Le Treut, ça va plus vite que ce qui était attendu. Mais ce n'est pas une erreur, plutôt une imprécision dans la chronologie. On a toujours des surprises. Les données physiques impliquées dans la fonte de la banquise sont très complexes.»
Le petit nombre de scientifiques qui prévoient la disparition totale de la banquise en été dès 2015 ou 2016 se trouvent confortés dans leur pronostic. «Les mesures effectuées par les sous-marins montrent que la glace a perdu 40 % de son épaisseur depuis les années 1980, explique à la BBC Peter Wadhams, de l'université de Cambridge.
En été, le volume des glaces ne représente même pas un tiers de ce qu'il était en 1970. Les énormes surfaces libérées par les glaces génèrent des tempêtes dont les grosses vagues fragmentent les glaces restantes et accélèrent leur fonte.»
La fonte de la banquise n'a pas de conséquences globales sur le niveau de la mer. En revanche, on ne sait pas quel impact cela pourra avoir sur le climat. «Le climat de la planète est lié en partie à la différence de températures entre les régions polaires et les régions tropicales. Cela pourrait, par exemple, modifier le régime des tempêtes dans l'hémisphère Nord», indique Hervé Le Treut.
Un sondage rendu public en début de semaine révèle que 98% des Canadiens ne doutent pas que le réchauffement climatique a déjà commencé. Pour 32% d'entre eux, il est provoqué par l'homme ; pour 54%, il est dû à une combinaison de plusieurs facteurs.

Une aubaine pour les pétroliers et les armateurs

La disparition de la banquise arctique en été suscite déjà des convoitises. Les armateurs projettent d'ouvrir des routes maritimes par les passages du nord-ouest et du nord-est. Rien n'est encore fait et les négociations entre les pays riverains ont à peine commencé. Les compagnies pétrolières rêvent de mettre la main sur un pactole. Selon l'US Geological Survey, les fonds marins arctiques recéleraient plus de 90 milliards de barils de pétrole, soit 13 % des ressources mondiales exploitables,  et 50 000 milliards m3 de gaz naturel.  Cet été, Shell a lancé des explorations  en mer de Beaufort et de Chukchi,  au large de l'Alaska. Les firmes russes et norvégiennes sont aussi mobilisées.

mardi 28 août 2012

Les moins de 30 ans préfèrent les startups aux grandes entreprises, selon une étude


Les moins de 30 ans  préfèrent les startups aux grandes entreprises, selon une étude
Selon une étude menée par PayScale aux Etats-Unis, les travailleurs issus de la Génération Y seraient peu représentés dans les grandes entreprises, préférant aux groupes les startups et PME, dont l'environnement de travail est jugé "plus flexible".

"L'indomptable Génération Y" boude les grandes entreprises au bénéfice des PME et startups : c'est le principal résultat d'une étude réalisée aux Etas-Unis par PayScale, un cabinet d'étude spécialisé dans les problématiques de management.

Selon les résultats de celle-ci, 47% des salariés de moins de 30 ans seraient embauchés dans des entreprises de moins de 1500 salariés, 30% travailleraient dans des entreprises de 100 à 500 salariés, et seulement 23% des Gen Y travailleraient dans un grand groupe (plus de 1500 salariés).

D'après l'analyse de PayScale : les jeunes salariés plébisciteraient les petites structures "pour leur flexibilité, la possibilité d'y exprimer leur esprit d'entreprise, ou encore d'utiliser les réseaux sociaux sans règles d'utilisation strictes imposées par leur employeur".


PayScale and Millennial Branding Release Study on the State of the Gen Y Worker

Report examines the Gen Y worker across cities, companies, careers, college degrees, compensation and job skills

Seattle and Boston - August 21, 2012 - PayScale, Inc., the world's leading provider of on-demand compensation data and software, and Millennial Branding, a Gen Y research and management consulting company, today announced a comprehensive study on the state of the Gen Y worker (ages 18 to 29). The study highlights that Gen Y workers - by and large - are not employed in large numbers inside America's biggest companies. Their preference is for smaller firms that allow for more flexibility, an opportunity to embrace their entrepreneurial ambitions, and the opportunity to use social networks at work without strict corporate guidelines. The report findings indicate, though, that big technology companies where innovation is prized, salaries are higher and workplace programs and culture are more flexible are environments where Gen Y workers find significant satisfaction as well.
"This report confirms that Gen Y is an entrepreneurial group, highly versed in social media, and prefers freedom and flexibility over big corporate policies," said Dan Schawbel, founder of Millennial Branding, Gen Y expert and bestselling author of Me 2.0. "While they are the future corporate leaders and change-makers, they are suffering in this economy by having to work in retail jobs over professional ones. A bachelor's degree can no longer be traded in for a job."
Additional highlights from the report include:
  1. Over 63% of Gen Y workers have a Bachelor's Degree, but the most commonly reported jobs for Gen Y don't necessarily require a college degree. Gen Y workers are more likely to hold the following positions than other U.S. workers: Merchandise Displayer (5.36x more likely); Clothing Sales Representative (4.63x more likely); Cell Phone Sales Representative (4.03x more likely). This is a strong indicator of the underemployment issue in the U.S. today.
  2. The best companies for Gen Y are all technology companies. The top five - ranked on Gen Y pay, percentage of Gen Y employees, Gen Y job satisfaction, Gen Y job stress, meaningfulness of job for Gen Y workers, Gen Y schedule flexibility and green score - are (1) Qualcomm, (2) Google, (3) Medtronic, (4) Intel, and (5) Microsoft.
  3. Most of Gen Y isn't working for large companies. The highest concentration of Gen Y workers are at small companies with less than 100 employees (47%), followed by medium companies that have between 100 and no more than 1,500 employees (30%), and the fewest work in large companies with more than 1,500 employees (23%).
  4. The most common Gen Y job skills center around online marketing and social media. The five most commonly reported job skills for Gen Y workers, relative to all U.S. workers, in order, are (1) Tableau Software, (2) Blogging, (3) Social Media Optimization, (4) Press Releases, and (5) Polymerase Chain Reaction (PCR) Analysis.
  5. Gen Y is embracing science and entrepreneurism. Gen Y is more likely to choose the following college majors, relative to all U.S. workers: (1) Neuroscience (1.95x more likely); (2) Bioengineering (1.86x more likely); (3) Entrepreneurial Studies (1.82x more likely).
  6. Seattle is the best large metro area for Gen Y workers. Of the 20 largest metro areas in the U.S., Seattle comes out on top for Gen Y, due to strong wage growth (4.4% increase between Q2 2009 and Q2 2012), high median pay for Gen Y ($44,000) and a strong presence of tech firms, which are top employers for Gen Y.
"Millenials are arming themselves with skills and educational training focused in technology and social media, two areas with great growth potential," said Katie Bardaro, lead economist for PayScale. "However, the shaky economy has forced many of them into a world of underemployment nonetheless."

About PayScale

Creator of the largest database of individual compensation profiles in the world, PayScale, Inc. provides an immediate and precise snapshot of current market salaries to employees and employers through its online tools and software. PayScale's products are powered by innovative search and query algorithms that dynamically acquire, analyze and aggregate compensation information for millions of individuals in real time. Publisher of the quarterly PayScale Index™, PayScale's subscription software products for employers include PayScale MarketRate™ and PayScale Insight™. Among PayScale's 2,200 corporate customers are organizations small and large across industries including Zappos, Volunteers of America and Manpower. For more information, visit www.PayScale.com.

Follow PayScale on Twitter: http://twitter.com/payscale and Facebook: http://www.facebook.com/PayScale.

About Millennial Branding

Millennial Branding is a Gen Y research and management consulting firm based in Boston, Mass. Millennial Branding helps companies understand the emerging Gen Y employee by providing research, training, and advisory services. As representatives of Gen Y and advisers to management, our goal is to provide research and insights that will make you more profitable, grow your market share, help you understand your Gen Y employees, and turn you into an industry leader. As ambassadors to Gen Y, we want to give our generation a voice, support their careers, and connect them with brands that understand their needs.
Press Releases 2011
Press Releases 2010
Press Releases 2009
Press Releases 2008
Press Releases 2007
Press Releases 2006
Press Releases 2005

Stratégie : des mots ou des idées ?

Schanghai
D’où vient la stratégie de l’entreprise ? Pour le citoyen, c’est celle du patron. Pour le dirigeant d’entreprise, et aussi pour le consultant qui se frotte à ce sujet tous les jours, c’est beaucoup moins simple.
D’où l’abondante littérature sur le sujet, provenant de professeurs d’universités et …de consultants divers.
HBR d’avril contient un article de deux professeurs de Harvard ( David J. Collis et Michael G. Rukstad) qui challengent le lecteur : êtes-vous capables de dire en 35 mots quelle est votre stratégie ? Et de citer leur « expérience » pour nous révéler que peu y arrivent. Ensuite, ils nous ressortent leur cours et leurs bouquins pour nous redonner les rudiments de l’analyse stratégique et le contenu-type d’une stratégie.
Ok, mais ce dont ne parle pas l’article de ces professeurs, c’est : comment on trouve les idées originales pour notre stratégie ? Car les mots c’est bien, mais les idées, c’est peut être utile aussi non ?
A la RATP, une expérience spéciale a été conduite pendant un an, avec des consultants (Les Echos, et plusieurs journaux, ont déjà raconté toute l’histoire ; la stratégie n’est même pas encore bouclée, on en parle déjà à tout le monde) : on a consulté dans des centaines de réunions plus de 10.000 personnes (sur les 45.000 salariés) pour leur demander leur avis sur la stratégie à horizon 2012, avec un vote à la fin sur les propositions. C’est une version « débat participatif » de la stratégie d’entreprise et une idée personnelle du nouveau Président, Pierre Mongin, ancien chef de cabinet de Dominique de Villepin à Matignon, qui inaugure ainsi de façon originale sa première expérience dans une entreprise, après une carrière dans les préfectures et les cabinets ministériels.
Les managers ont, par exemple, rédigés des « fiches ambition » (ah, les fiches, c’est le bon truc de consultant et de bon élève, ça !) avec leurs équipes…
A la fin, il y a cinq axes majeurs (cinq, c’est souvent le bon chiffre : trois ça fait trop direct, même si c’est souvent le chiffre dans les entreprises très concurrentielles, et dynamiques. Cinq, c’est le chiffre fétiche des entreprises publiques ; ça permet de montrer qu’on pense à plusieurs axes, et de caser des intentions sociales plus marquées).
Un des axes qui est ressorti comme majeur, je vous le donne en mille : la performance économique et financière. Quelle audace !
D’ailleurs, elles doivent travailler ensemble, en ce moment, les entreprises publiques : dans tous leurs plans stratégiques, il y a exactement les mêmes mots : « performance économique et financière ». Bon, maintenant, au-delà des mots, il va falloir « faire »…c’est plus dur, parfois. Et puis il va falloir dire comment concrètement. Là encore, il y a du boulot. Mais on ne peut que constater que les « mots » vont dans le bon sens.
Alors, et les idées ?
Dans certaines entreprises, il y a une croyance forte : il existerait UNE stratégie qu’il conviendrait de trouver, en analysant tous les paramètres, et ensuite de décider. Et après, on y va, on sait où on va. C’est la démarche de celui qui pense qu’il a tout prévu, donc on ne change rien, quel que soit l’environnement.
Cette approche est un peu « has been » dans les entreprises modernes et souvent « casse gueule » comme on dit, car il n’est jamais bon de conduire en aveugle. Les plus partisans de ce genre d’approche sont ceux qui se laissent griser par le succès, sans se remettre en cause, et qui ont oublié le principe de Andrew Grove, « seuls les paranoïaques survivent ».
Une approche plus moderne et adaptée à notre temps, c’est l’approche par les scénarios (on parle de « scenario planning »). Shell (avec Arie de Geus) a été pionnier de cette démarche, qui consiste à imaginer les scénarios du futur (non pas seulement les plus probables, car on ne le sait jamais, mais aussi les plus farfelus, mais plausibles) pour mieux s’y préparer, et à transformer l’exercice de plan stratégique en exercice d’apprentissage du changement et de l’incertain. C’était dans les années 80 et 90. Depuis, ces approches ont trouvé leurs théoriciens et leurs praticiens, et les consultants spécialisés, et se sont précisées.
Concrètement, l’approche « scenario planning », contrairement aux approches classiques, ou « rationalistes », ne cherche pas à imaginer un futur certain, ou le plus probable, mais au contraire à imaginer les scenarios les plus extrêmes, en fonction des paramètres de l’environnement et des marchés, pour déterminer comment s’y préparer. C’est un véritable exercice d’apprentissage de la flexibilité et de la réactivité.
Si l’on essaye de classer les paramètres qui vont conditionner le futur, on peut les qualifier de « prévisibles » ou « incertains », et aussi définir si l’impact sur l’entreprise sera « important » ou « moins important ».
C’est alors sur tous les critères positionnés dans la zone «  incertains – important » que les scenarios seront le plus utiles à imaginer. Et toutes les décisions sur l'organisation, les actions d'amélioration des performances, les investissements, les lancements de services et produits, en découlent.
Cette façon différente de travailler sur le futur est particulièrement efficace pour donner une vraie culture stratégique au management. La démarche stratégique ne se réduit plus à des objectifs bien alignés, avec plus ou moins de 35 mots, mais enclenche des conversations sur les perceptions du futur.
C’est aussi l’occasion de confronter les scenarios avec les compétences et les choix de l’entreprise.
Si les scenarios explorés montrent que ce « fit » entre les compétences et les enjeux de demain n’est pas le bon, ce sera le signe qu’il faut revoir les compétences et se doter de nouveaux atouts et talents, et faire progresser les talents existants vers les nouveaux enjeux.. Si le « fit » apparaît favorable, ce sont les « choix » de l’entreprise qui devront être challengés, afin de choisir ce qui sera le plus efficace pour profiter de chaque scenario, compte tenu des compétences de l’entreprise.
Bien sûr, la méthode de « scenario planning » va surtout plaire à ceux qui pensent que la caractéristique principale de l’avenir de leur entreprise est l’incertain. Ceux qui cherchent à se rassurer avec des certitudes pourront probablement continuer avec les méthodes rationalistes.
Et puis il y a ceux qui préfèrent ne rien prévoir, ce sont les pragmatiques, paraît-il…on pourrait aussi dire ceux qui ne savent pas où ils vont.
Cela me rappelle une citation attribuée à Einstein :
« La théorie, c’est quand on sait tout mais que rien ne fonctionne.
La pratique, c’est quand tout fonctionne, mais on ne sait pas pourquoi ».
Il semble que dans certaines entreprises, on allie efficacement la théorie et la pratique : Rien ne fonctionne, et on ne sait pas pourquoi.
Nota : Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les méthodes de « scenario planning », deux auteurs parmi d’autres :
Kees van der Heijden et Gill Ringland

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ILIAD : Innovation et Investissements en France : Financement de 200 millions d'euros de la BEI au Groupe Iliad

COMMUNIQUE DE PRESSE CONJOINT
27 Août 2012

Innovation & Investissements en France : Financement de 200 millions d'euros de la BEI au Groupe Iliad 
 
Le Groupe Iliad et la Banque européenne d'investissement (BEI) annoncent la mise en place d'un financement de 200 millions d'euros pour le déploiement des réseaux fixes de nouvelle génération. Le contrat de financement a été signé ce lundi 27 août 2012 par Xavier Niel, Fondateur du Groupe Iliad/Free et Philippe de Fontaine Vive Curtaz, Vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI), au siège du Groupe Iliad à Paris. Cet accord est dans la continuité du premier contrat de financement d'un montant de 150 millions d'euros signé en 2010 entre la BEI et le Groupe Iliad.
Ce financement s'inscrit dans la stratégie d'Iliad de déploiement de ses réseaux de nouvelle génération sur le territoire français: 65% du montant sera alloué à la mise en place de réseaux de fibre optique reposant sur la technologie d'accès FTTH (Fiber To The Home ou fibre jusqu'à l'abonné) point à point. Ce financement permettra aussi au Groupe Iliad d'étendre la portée et la capacité de son réseau ADSL2+ et d'intensifier le dégroupage. Enfin, une attention particulière sera portée aux régions les moins densément peuplées pour lesquelles un accord de cofinancement a été signé en juillet 2011 avec l'opérateur historique afin de couvrir une soixantaine d'agglomérations.
Philippe de Fontaine Vive, Vice-Président de la Banque européenne d'investissement (BEI), souligne l'importance de ce financement en ces termes : « L'innovation et le soutien à des technologies de l'information performantes sont une priorité d'action pour la BEI. Notre objectif est de contribuer au développement d'une économie compétitive en Europe fondée sur le triangle éducation-recherche- innovation. C'est pourquoi nous sommes très heureux de ce partenariat avec le Groupe Iliad, acteur clef de la révolution numérique en France. Les premiers bénéficiaires de ce financement seront les habitants des villes et territoires. »
« Nous nous réjouissons de ce partenariat avec la BEI qui permet au Groupe Iliad de poursuivre activement le déploiement des réseaux fixes numériques de demain et de renforcer le rôle majeur du Groupe dans les télécommunications en France » a déclaré Xavier Niel, Fondateur du Groupe Iliad/Free.
Fournir un accès à l'Internet ultra-rapide est l'une des grandes priorités de la stratégie numérique européenne, l'objectif étant de soutenir une croissance s'appuyant sur l'innovation numérique. En 2011, les investissements de la BEI dans ce domaine se sont élevés à quelques 4 milliards d'euros dans l'Union Européenne.
Note au responsable de publication : La Banque européenne d'investissement (BEI), dont les actionnaires sont les États membres de l'Union européenne (UE), est l'institution de financement à long terme de l'UE. La BEI met à disposition des financements à long terme destinés à appuyer des investissements de qualité afin de contribuer à la réalisation des grands objectifs de l'UE. Avec près de 5 milliards d'euros investis en France en 2011, la BEI continue de cibler le financement de l'économie réelle, créatrice d'activité et d'emplois en France. La BEI a ainsi financé en 2011 25 projets emblématiques sur l'ensemble du territoire français dans des domaines clefs tels que l'innovation et la modernisation industrielle et énergétique, les infrastructures, la rénovation urbaine, l'efficacité énergétique. Des projets avant tout concrets, bénéficiant directement aux citoyens dans leur vie quotidienne et professionnelle.
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ILIAD Le Groupe Iliad est la maison mère de Free. Free est l'inventeur de la Freebox, le premier boîtier multiservices qui donne accès au « triple-play » (internet-téléphone-télévision). Free est à l'origine de nombreuses innovations sur le marché de l'accès haut débit (VoIP, IPTV, forfaitisation des appels vers de nombreuses destinations…). Free propose des offres simples et innovantes au meilleur prix. Fin 2010, Free a lancé la Freebox Révolution, la 6ème génération de Freebox intégrant notamment un NAS et un lecteur Blu- Ray. Free a été le 1er opérateur à intégrer les appels des lignes fixes vers les mobiles. Depuis janvier 2012, Free démocratise l'usage du mobile avec une offre d'abondance, simple, sans engagement et au meilleur prix. Free a reçu le 1er Prix du Podium de la Relation Client 2012 pour la téléphonie mobile*.
Free compte plus de 5 millions d'abonnés haut débit et 2,6 millions d'abonnés mobiles (au 31/03/2012).
* L'enquête TNS Sofres / BearingPoint pour le Prix du Podium de la Relation Client a été réalisée du 30 mars au 9 avril 2012 auprès de clients de Free issus d'un échantillon de 4 000 personnes.
Iliad est cotée sur l'Eurolist d'Euronext Paris sous le symbole ILD.

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ILIAD : Evolution du Compte de Resultat

Google étend son empire sur la Toile

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Les bureaux de Google, dans le centre de San Francisco, en Californie, en mars 2008. | ERIN SIEGAL/REUTERS

On l'avait presque oublié, on l'avait cru perdu, dépassé par l'étoile filante Apple, ringardisé par les nouveaux arrivants Facebook, LinkedIn ou même Groupon. Pourtant, à l'ouverture, le 31 août prochain, de l'IFA, grand-messe annuelle de l'électronique grand public à Berlin, Google risque de gentiment se rappeler à notre souvenir et montrer aux observateurs de quel bois il se chauffe.

A cette occasion, le moteur de recherche devrait officiellement lancer sa Google TV en Europe. Un boîtier permettant de profiter de manière révolutionnaire de tous les services de Google directement sur sa télévision, pour peu qu'elle soit connectée bien sûr. Annoncée avant l'été, sa propre tablette, la Nexus 7, devrait, par ailleurs, faire son arrivée sur le Vieux Continent dans quelques jours. Sans oublier le rachat au creux de l'été du célèbre guide de voyage américain Frommer's pour se renforcer sur le segment du tourisme en ligne.
Certes, il ne s'agit plus de la start-up des années 2000, celle qui balayait tout sur son passage et attirait les plus brillants talents. Google est désormais une lourde machine, lestée depuis l'acquisition de Motorola de plus de 54 000 employés. Mais la mécanique est désormais bien huilée, et la jeune pousse, devenue plante tentaculaire, poursuit sa conquête du Web.
Contrairement aux Facebook et autres Groupon, dont le modèle économique ne semble pas certain, celui de Google reste d'une efficacité redoutable : tous les trimestres ou presque, malgré la crise, son chiffre d'affaires et ses profits continuent à progresser de 20 % à 30 %. Sa marge opérationnelle devrait, elle, encore atteindre 40 % en 2012, selon les estimations des analystes.
La poule aux oeufs d'or, c'est la publicité. Celle-ci représente 95 % des revenus de l'entreprise. Selon Brian Wieser, analyste de la société Pivotal, sur ce marché, le groupe se taille d'ailleurs la part du lion : il devrait capter plus de la moitié du total des dépenses des annonceurs en ligne cette année (hors Chine)...
UN MOTEUR DE RECHERCHE RENTABLE
Tout l'édifice, ou presque, repose sur la pertinence du moteur de recherche, premier service proposé par Google lors de sa création en 1998. Un outil qui a beaucoup évolué ces dernières années. Le souci : répondre le plus vite possible aux requêtes des internautes sur une Toile où la quantité de données explose.
La concurrence s'est pourtant intensifiée, avec notamment Bing, le moteur de Microsoft, qui monte doucement en puissance. Enfin, les comportements des internautes changent eux aussi. Connectés en permanence à Facebook ou Twitter, certains utilisent moins Google, trouvant les réponses à leurs questions à l'intérieur même de ces réseaux sociaux.
Pour pallier ces différents problèmes, Google a procédé à des évolutions majeures de son algorithme, visant à expurger des réponses les liens jugés non pertinents (agrégation de contenus, sites piratés...) et à déjouer les ruses des petits malins qui cherchent tous les moyens pour s'afficher en tête de liste. Résultat, le moteur a conservé son avance, avec une part de marché de près de 70 % des requêtes sur le Web.
C'est justement grâce à cette énorme audience que Google vend si bien ses fameux "liens sponsorisés". Ceux-ci se divisent en deux catégories. Il y a d'abord les "AdWords". Placés en haut à droite ou au-dessus des liens de réponse "non commerciaux", ils sont achetés par les annonceurs par l'intermédiaire d'un système d'enchères de mots-clés très rodé, perfectionné mais simple d'utilisation. Sur le même principe, les annonceurs peuvent acheter les liens "AdSense" qui, contrairement aux premiers, apparaissent sur des sites clients de Google.
Depuis leur mise en place au début des années 2000, ces liens ont permis à Google, d'accéder à un marché considérable mais quasiment vierge sur le Web : celui des myriades de PME à qui la publicité classique est inaccessible financièrement. Selon Pivotal, Google contrôle les trois quarts du marché des liens sponsorisés sur Internet (hors Russie et Chine). Des formats qui représentent, selon James Dix de la banque Wedbush, 90 % de ses profits opérationnels.
L'INCROYABLE MACHINE YOUTUBE
Depuis des années, une chose obsède Google : diversifier ses sources de revenus. Le moteur de recherche y arrive avec un certain succès. Son premier relais de croissance, c'est la publicité dite "display", à savoir les bannières et les vidéos. En quelques années, le groupe de Mountain View est devenu l'un des acteurs majeurs de ces formats, taillant des croupières à Microsoft et Yahoo !
En 2011, le display a représenté plus de 10 % de son chiffre d'affaires, selon Wedbush. Et ce, grâce à YouTube. Le groupe a racheté la plate-forme de vidéos en 2006, pour 1,65 milliard de dollars (1,32 milliard d'euros). A l'époque, certains jugeaient l'affaire cher payée. Aujourd'hui, YouTube est devenu une véritable machine de guerre, qui permet à Google de vendre des publicités "classiques" mais aussi de capter une partie des dépenses que les annonceurs consacrent à la télévision.
Au début, pourtant, le monde de YouTube tenait plutôt du "Far West". Beaucoup de contenus piratés et peu d'annonceurs ! Mais, peu à peu, la plate-forme s'est muée en un véritable "Network", avec 30 000 partenaires éditeurs de contenus audiovisuels, des dizaines de chaînes thématiques, et même de la vidéo à la demande.
Pour ce faire, elle a su normaliser ses relations avec les ayants droit (les sociétés d'auteurs comme la Sacem, la SACD... en France, en 2010). Désormais, les audiences étant considérables (800 millions de visiteurs uniques mensuels), la publicité afflue.
Selon une étude Pivotal du mois de février, le chiffre d'affaires de YouTube devrait atteindre 1,3 milliard de dollars en 2012, soit 25 % du total des dépenses publicitaires dans la vidéo en ligne ! "Si Google, avec Google TV, arrive à s'imposer comme un portail sur la télévision, YouTube pourrait lui permettre d'y vendre directement de la publicité", indique Kerry Rice, analyste pour la société de Bourse Needham.
Google, perçu par beaucoup comme un "big brother" sans foi ni loi, a mené ce travail avec YouTube en impliquant l'ensemble de l'écosystème. Résultat, les relations avec les éditeurs de contenu se sont en grande partie apaisées et un règlement à l'amiable est même probable dans l'enquête pour abus de position dominante menée par Bruxelles.
En France, où le débat sur l'opportunité d'une "taxe" Google est récurrent, l'américain a voulu donner des gages aux politiques. Il a notamment investi dans un siège social de 10 000 m2, derrière la gare Saint-Lazare à Paris, embauché 100 ingénieurs en 2011 et inauguré un centre culturel qui devrait ouvrir au public début 2013. "On veut prendre nos responsabilités, jouer le jeu", note Olivier Esper de Google Europe.
Une des forces de Google est, en outre, l'intention précise avec laquelle les internautes utilisent ses services. Lorsqu'on tape une recherche sur le moteur, l'acte d'achat n'est souvent pas très loin. D'où l'intérêt pour les annonceurs. Une situation qui contraste avec celle de Facebook. "Pour les marques, Google, c'est un canal de vente, Facebook, de marketing", estime Mme Rice.
LE MOBILE RAPPORTE ENFIN
Ces recettes publicitaires, Google a choisi de les appliquer prudemment au mobile, dont il est aujourd'hui l'acteur dominant avec Apple. James Dix, de Wedbush, enfonce le clou : "Le téléphone aime Google. Ses services (la recherche, la cartographie, etc.) y sont particulièrement pertinents. Le mobile pèse presque 10 % des revenus publicitaires de Google."
Un succès que Google doit à son système d'exploitation Android. Cédé gratuitement aux constructeurs, celui-ci a colonisé les smartphones, se taillant 68,1 % de part de marché, selon le cabinet IDC, loin devant iOS, le système d'Apple (16,9 %), qui équipe les iPhone et les iPad. Le pari de Google ? Utiliser Android pour standardiser les différents modèles de machines en circulation, préparant ainsi le terrain pour une diffusion maximale de ses services.
Même logique pour la Google TV : l'écran de télévision est préparé afin de recevoir la panoplie des services Google et capter, autant que faire se peut, une partie du budget des annonceurs consacré à la TV. Pour l'instant, la Google TV n'a pas réussi à prouver sa puissance de frappe. Loin d'être naïves, les chaînes de TV ont flairé l'entourloupe et refusent que le moteur de recherche, adossé à son système d'exploitation, indexe leur contenu... pour l'instant.
La plupart des analystes estiment néanmoins que la marge de progression de Google sur la publicité est encore considérable. "Plein de budgets publicitaires consacrés à la presse papier et à la TV vont continuer de basculer en ligne : les audiences y sont plus fortes et l'impact des campagnes de publicité plus facile à mesurer", estime Kerry Rice. Selon Magna Global, les dépenses publicitaires en ligne devraient atteindre 87 milliards de dollars en 2012 et 130 milliards en 2016.
Ce qui n'empêche pas Google de tester d'autres modèles économiques : la conception de matériel ou même le commerce en ligne. A l'instar d'Apple, le géant californien propose un service centralisé de vente de contenus (vidéos, musique, jeux, livres) baptisé Google Play.
C'est d'ailleurs sous cette bannière que sera commercialisée sa tablette Nexus 7. "C'est pour nous un moyen de mieux connaître les comportements d'achat de nos utilisateurs", souligne Jamie Rosenberg, responsable monde de Google Play. "Sa plate-forme n'est pas bien conçue pour la vente en ligne. Mais quand on voit leurs services : la publicité locale, la géolocalisation, la cartographie, l'e-commerce prend tout son sens", juge Mme Rice.
Une stratégie de long terme ? Plutôt une "tentation" à la Apple, qui touche aussi d'autres sociétés, toutes fascinées par le niveau de rentabilité auquel est parvenu le constructeur avec son modèle totalement intégré.
Pour l'instant, Google est encore loin de ce contrôle absolu du produit. Android lui a en partie échappé. Il en existe désormais des dizaines de versions différentes, les concepteurs de téléphones s'étant approprié le logiciel. Côté matériel, ses expériences ne sont pour l'instant pas très concluantes. Les téléphones Nexus, bien que fabriqués par Samsung, n'ont pas brillé par leur succès commercial.
FAIBLESSES
Mais les jeunes pousses, même devenues arbres géants, ne montent pas jusqu'au ciel. La Chine et la Russie résistent farouchement à ses efforts. La concurrence est de plus en plus rude avec les autres titans du Web, tels Amazon ou Microsoft, à mesure que Google envahit leurs plates-bandes. Sa faiblesse dans les réseaux sociaux pourrait également finir par lui nuire. Comme Intel ou Microsoft avant lui, comme Apple aujourd'hui, Google est condamné à la paranoïa, s'il veut survivre.
Mais attention, répond Philippe Torrès, de l'atelier BNP Paribas, la firme fondée par Larry Page et Sergey Brin dans un petit local de l'université de Stanford, il y a quinze ans, peut encore surprendre. "Le sujet pour les dix ans qui viennent, c'est la distribution. Pour l'instant, la stratégie de Google n'est pas très claire. Mais il a l'ADN pour défricher des domaines qu'il ne connaît pas. Peut-être que le groupe se positionne pour devenir le système d'exploitation du Caddie de demain ?"
James Dix est moins enthousiaste pour le long terme. Il pointe le risque d'un ralentissement de la croissance des revenus publicitaires. Les liens sponsorisés pourraient entrer en concurrence, selon lui, avec ces nouvelles techniques de marketing permises par le "traçage" du surf des internautes, qui consistent à leur offrir des réductions dès qu'ils semblent attirés par une marque. Un moyen redoutable de "zapper" le moteur de recherche. Comme au premier jour, l'avenir de Google est inscrit dans la formule mathématique sur laquelle il a bâti tout son succès.
A lire sur ce sujet Dans " Le Monde Eco & entreprise ", dans l'édition Abonnés du Monde.fr ou dans Le Monde daté mardi 28 août :
- Google étend son empire sur la toile, par Cécile Ducourtieux et Sarah Belouezzane.
- Une semaine sans Google, par Olivier Zilbertin.
- Dans les entrailles des " X-Lab ", par Sarah Belouezzane.
- Des usines dans le monde entier, par Florence Puybareau.
- Dangereuse innovation, par Philippe Escande.