vendredi 22 février 2013

Les chevaux de Findus, une vieille, très vieille affaire

Samedi 9 février - par Gérard Luçon
 
Cet article avait été proposé en 2011 et pas retenu, et voilà que, grâce à Findus et aux suédois, il refait surface

Roumanie, chronique d’un massacre pour nos boucheries chevalines
Il y a quelques mois, en février 2011, un article paraissait dans la presse roumaine, signé Cornel Ivanciuc, dont voici de larges extraits, traduits en français :

Son titre : « Y aurait-il en Roumanie une mafia de la viande, en liens avec des français et des italiens notamment ? »

« Lorsqu’il était Ministre de l’Agriculture roumaine, Gheorghe Flutur a été contacté par le patron du « complexe de viande de Bordeaux ». En date du 22 mai 2006 ce patron a même écrit au Ministre, précisant que, « suite à ses nombreux voyages en Roumanie, je vous réitère ma proposition d’acheter tous les chevaux malades (atteints par l’AIE, anémie infectieuse équine) soit environ 14 à 15.000 chevaux ».
« L’offre de ce français (qui répond à un nom basque bien connu du côté de Bayonne)* présentait une cotation, soit 200 euros la tonne, et une proposition de lieu d’abattage, à savoir dans les locaux de la Société Européenne de Sibiu, Strada Ecaterina Teodoroiu nr. 39, société créée en 1994, avec une longue expérience dans le domaine de la commercialisation de viande de bovins, ovins et chevaux.
Il semble que cette offre ait été suivie d’effet puisqu’une grande quantité de chevaux roumains sont venus compléter la demande de l’Union Européenne de 2,3 millions de chevaux par an. Initialement le Ministre avait annoté le courrier en provenance de France d’un « rog analiz » (je demande une analyse), en date du 25 mai 2006. A cette époque la consommation de viande de cheval ne faisait pas l’objet d’une loi européenne. C’est seulement en 2009 que l’UE a fait ses premiers pas notamment dans le but d’interdire l’abattage des chevaux en vue de la consommation, pour des raisons sanitaires, puisque les médicaments pouvaient pénétrer l’organisme des consommateurs.
Toutefois le modèle « Flutur » semble avoir très bien fonctionné. Par exemple en avril 2010 étaient comptabilisés sur le territoire roumain 7.500 chevaux atteints de cette anémie infectieuse, dont 400 dans le département de Brasov. Ces derniers ont été sacrifiés dans un abattoir spécialisé et leur viande est partie vers l’Italie pour y préparer des saucissons secs….
En 2008, la Roumanie a exporté 3.300 tonnes de viande de cheval, dont une grande quantité provenait de ces animaux atteints de l’AIE. En 2009 ce sont 14.000 chevaux vivants qui ont été de nouveau expédiés vers l’Italie. Un rapport de la Direction pour l’alimentation et les services vétérinaires de la Commission Européenne a mentionné l’échec complet de l’identification des chevaux au moyen de « chips », en ce qui concerne la Roumanie. Ces chevaux sont encore et toujours sacrifiés dans des abattoirs illégaux, et les animaux malades continuent à ne pas être marqués donc restent non identifiables. »
2 petits ajouts à ces extraits :
-Les paysans qui reçoivent la visite des services vétérinaires roumains touchent une indemnité de 350 lei par animal réquisitionné (soit 85 euros), à peine de quoi louer un tracteur pour retourner leur terrain la saison prochaine. Car en Roumanie un terrain agricole non entretenu entraîne automatiquement une amende de l’Etat… la boucle est bouclée … reste à vérifier si les responsables des services vétérinaires ont reçu des aides de l’UE pour investir dans les tracteurs agricoles …
-sur France 24, l’émission « Reporter » a programmé en juillet 2011 un reportage sur le futur abattage des chevaux sauvages, en liberté dans le Delta du Danube (une réserve naturelle de plus de 3.000 km² enregistrée dans le projet Nature 2000 de l’Union Européenne). Ces chevaux sont plusieurs milliers, ne sont pas malades, et paraît-ils abiment les cultures !?!?
 Nul doute qu’un lien existe entre ce besoin en viande de cheval sur les étals de France et d’Italie et ce massacre programmé. Nul doute que ce sont les mêmes margoulins qui sont derrière. Nul doute que les projets de l’Union Européenne ne sont pas vus de la même manière selon qu’on se trouve à Bruxelles, Bucarest ou Bayonne !

*il s’agit de Mr. Harinordoquy

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