jeudi 28 février 2013

Les ravages de l'ennui au travail

Un agenda quasiment vide et du temps pour ne rien faire au bureau, le rêve? Pas toujours, car l'ennui guette et peut être néfaste pour les travailleurs. 

Les ravages de l'ennui au travail
L'ennui au travail est perçu comme le nouveau stress des salariés. Un quart des travailleurs pourrait être touché par ce mal étrange.
REUTERS/Kai Pfaffenbach


Un chef qui ne sait pas déléguer et répartir les tâches, des collègues ou supérieurs ambitieux accaparant le travail... et c'est l'ennui au bureau qui guette. Sur le papier, se tourner les pouces au boulot peut sembler agréable. Mais la réalité est autre: entre absence de satisfaction et dépréciation personnelle, s'ennuyer au travail est souvent ressenti comme une souffrance par les salariés. 
Les forums débordent de témoignages de salariés en quête d'astuces pour passer le temps, sur un ton souvent fleuri. "J'ai trouvé un CDD en accueil et je me fais vraiment chier! Pendant 7h, il y a peut-être 3 coups de fil, 2 visites! Bref, c'est l'horreur, je trouve le temps long!" regrette Sonia. "Je passe également mes journées à tuer le temps (un jour il va finir par me tuer ce temps) à dire que ça va mais rien ne va, professionnellement parlant, l'épanouissement et la motivation à ce poste sont à 0 sur une échelle de 20, même 100 ce serait pareil", ajoute le bien-nommé "malade d'ennui". 
Un quart des travailleurs serait touché de manière chronique par ce "nouveau stress", selon une récente étude de l'université anglaise de Central Lancashire. S'ennuyer est commun, surtout dans l'administration et le secrétariat, la fabrication, la vente, le marketing et les technologies de l'information, relève encore l'étude intitulée Boredom drives office workers to chocolate and drink (L'ennui conduit les employés de bureau à consommer chocolat et boisson). 
Dans le top dix des métiers les plus ennuyeux suivent ceux de la recherche, des médias, les professions juridiques, de l'ingénierie et de la banque. "Il y a plus de risques de s'ennuyer dans les tâches répétitives et minutées", confirme Philippe Laurent, coach de transition et fondateur du cabinet Project coaching associés

Quand la soif d'apprendre n'est plus satisfaite

L'occasion de faire taire un préjugé trop longtemps rabâché, selon lequel l'ennui serait volontaire. "Nous nous ennuyons quand notre soif d'apprendre des choses nouvelles n'est plus satisfaite et quand l'utilité de ce que nous faisons n'est plus visible", commente le spécialiste du bonheur au travail. 
Le manager n'est pas non plus à l'abri des critiques. "Mon analyse suggère que la principale cause de l'ennui au travail est une charge de travail peu exigeante", relève la psychologue du travail Sandy Mann, directrice de l'étude précédemment citée. Mais pas toujours facile pour le manager de concilier efficacité pour la boîte et épanouissement du salarié. Il doit "faire en sorte que son salarié trouve un intérêt à son travail, or un chef peut avoir besoin de laisser le travailleur sur une tâche car celui-ci la fait bien", explique Philippe Laurent. 
Et l'ennui fait souvent entrer le salarié dans un cercle vicieux. Moins le travailleur travaille... et moins il aura envie de travailler. Selon l'étude menée auprès de 102 employés de bureau, 80% ont du mal à se concentrer à cause de l'ennui, et plus de 50% considèrent qu'il les conduit à faire des erreurs. Voire à "s'abêtir", complète le coach. 

Flirter pour tromper l'ennui

Pour éviter ces écueils, il faut donc tenter de contrer l'ennui. L'université anglaise de Surrey a remarqué que pour tromper l'ennui au boulot, les hommes draguent leurs collègues: "Les employés qui sont moins satisfaits dans leur travail ont tendance à plus s'ennuyer et se mettent à flirter avec leurs collègues pour rendre leur job plus amusant." 
Plus sérieusement, Philippe Laurent conseille de tirer parti de son inactivité. "Profitez de ce temps triste pour mener un projet", recommande-t-il. Une reprise en main qui passe par la réalisation d'un diagnostic de ce que l'on aime: dans tout ce que je fais dans ma journée, qu'est-ce que je préfère faire, et qu'ai-je appris? En attendant -mais pas passivement- à chacun de s'améliorer dans ce qu'il fait déjà. "Si vous ne faites pas ce que vous aimez, aimez davantage ce que vous faites", philosophe Philippe Laurent.

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