samedi 23 mars 2013

Maurice Bellet

Maurice Bellet est un prêtre français, né en 1923. Docteur en philosophie et en théologie, formé à l'écoute psychanalytique, il est l'auteur d'une œuvre considérable (plus de cinquante titres). Celle-ci explore, en les faisant se croiser, des domaines aussi variés que la théologie, la psychanalyse, la philosophie ou l'économie.
Quel est l’avenir de la foi chrétienne confrontée au délitement du christianisme comme système idéologique et institutionnel ? Quelles sont, par delà les violences et la mort, les perspectives pour l’humanité ? Dédiant son œuvre à tous les hommes de bonne volonté, Maurice Bellet cherche à dépasser les problèmes insolubles propres aux discours dogmatiques pour ouvrir de nouveaux horizons. Il adopte un ton fraternel (L’Épreuve) ou critique (Le Dieu pervers). À l’écoute du cœur de l’homme et d’une « parole qui vient de Dieu », il défend la liberté de l’Évangile face à un certain christianisme fondé sur la peur et la culpabilité. Maurice Bellet se veut cependant profondément ancré dans la Tradition chrétienne. Il dénonce à la fois les crispations de l'intégrisme et le souci d'adaptation d'un certain modernisme qui finit par réduire le christianisme à un humanisme vague. Son travail d'écriture vise à retrouver le souffle puissant et subversif du message évangélique, sans rien céder à la mode ou au relativisme ambiant.

Bibliographie sélective

Pour connaître son parcours
  • La Longue veille : 1934-2002, Desclée de Brouwer, 2002
  • Un Trajet vers l’essentiel, Seuil, 2004
Spiritualité et théologie
  • Le Dieu pervers, Desclée de Brouwer, 1979, 1998
  • La Voie, Desclée de Brouwer, 2000 (réédition)
  • Christ, Desclée, 1990
  • L’Amour déchiré, Desclée de Brouwer, 2000
  • La Quatrième hypothèse : Sur l’avenir du christianisme, Desclée de Brouwer, 2001
  • La traversée de l’en-bas, Bayard, 2005
  • Le Dieu sauvage, Bayard, 2007
  • Dieu, personne ne l'a jamais vu, Albin Michel, 2008
  • Minuscule traité acide de spiritualité, Bayard, 2010
  • Translation. Croyants (ou non), passons ailleurs pour tout sauver, Bayard, 2011
  • Si je dis CREDO, Bayard, 2012
Psychanalyse
  • Foi et psychanalyse, Desclée de Brouwer, 1973
  • Dire ou la vérité improvisée, Desclée de Brouwer, 1990
  • L’Écoute, Desclée de Brouwer, 1999
Économie
  • La Seconde humanité : De l’impasse majeure de ce que nous appelons l’économie, Desclée de Brouwer, 1993
  • Le Sauvage indigné, Desclée de Brouwer, 1998
  • Invitation : Plaidoyer pour la gratuité et l’abstinence, Bayard, 2003
Essais
  • Le Lieu du combat, Desclée, 1976
  • L’Épreuve ou le tout petit livre de la divine douceur, Desclée de Brouwer, 1988
  • Les Survivants, L’Harmattan, 2001 (réédition)
  • Je ne suis pas venu apporter la paix..., Albin Michel, 2009
Roman
  • Les Allées du Luxembourg, Desclée de Brouwer, 1996

Liens externes

Articles connexes


«Qu’est-ce qui reste quand il ne reste rien ?
Ceci : que nous soyons humains envers les humains,
qu’entre nous demeure l’entre nous qui nous fait hommes.»


17 manières de prier sans en avoir l’air
Utiles à ceux que devoir prier désespère.

1
Marcher de long en large
dans une église romane, belle, assez grande
Saint Philibert de Tournus par exemple
ou dans une église gothique
Chartres, Reims, Bourges
ou baroque, comme la Wieskirche
et ne penser à rien
rien du tout
laisser le regard errer
laisser la pierre chanter
laisser le lieu dire
et s’en aller, au bout d’un temps,
sans aucune hâte.

2
Lire un livre de forte pensée
avec un désir fort de la vérité
sans avidité de savoir
sans prétention à disputer
mais par goût, par amour de la vérité
Ouvrir la porte profonde
à toute pensée qui vient
et la laisser demeurer en paix
afin qu’elle vienne à porter son fruit.

3
Ouvrir la sainte Écriture
ouvrir seulement le Livre
 et partir en songerie
imaginer son propre livre
se raconter des histoires
laisser remuer ses propres vieux mythes
de cruauté, de triomphe, de sensualité, de désespoir,
d’amour, de charité avec le parfait narcissisme de ces choses-là
et lire, dans le texte,
deux mots.

4
Dire une demande du Notre Père
une seule,
une seule fois.

5
Se désoler infiniment de ne pas prier
gémir intérieurement tout le jour d’être incapable
de la moindre invocation
la moindre lecture
pas même de l’évangile
d’être là froid, sec, absent
et heureux ailleurs
sans Dieu, sans Christ, sans tout ça
et en souffrir
et décider enfin de s’en remettre là-dessus à Dieu
et attendre, hors de toute pensée.

6
Dormir
et le coeur veille.

7
Comme un petit enfant, dire des choses à Dieu
prière, supplication, rage ou tendresse
regret ou jubilation
ça échappe
on ne s’en aperçoit même pas
sinon quelquefois après coup.
Celui qui parle ainsi en nous est l’enfant
toujours à l’aurore de la vie
naïf comme la volonté divine.

8
Converser de choses et d’autres
et soudain
il se fait sans mon Dieu qu’on l’ait voulu
qu’on se met à parler de l’essentiel
la vie, la mort, l’avenir de l’humanité
l’amour, la vérité
Dieu peut-être, et peut-être pas,
la religion chrétienne, les grands chemins de l’homme
On en parle les uns aux autres, sans haine,
sans controverse, sans passion basse, mais parce que cela importe plus que tout le reste
et qu’on en parle si peu souvent
et dans la conversation celui qui en Jésus Christ
laisse passer quelque chose de l’Annonce
pas tant parce qu’il s’y croit obligé
que parce qu’il est comme ça, c’est en lui,
sa parole porte la Parole
et il arrive que quelqu’un écoute
et le fond du coeur est ouvert.

9
Ouvrir la Sainte Écriture
et ça y est !
Ce n’est pas un livre, ce n’est pas le Livre,
c’est le lieu de la Parole qui s’entend par-delà les mots
rêve sans rêve en marge du texte en son milieu
résonance à travers toutes les épaisseurs de la vie
fontaine dont la source est invisible
pensées, images, paroles
mouvements sobres du coeur
la Lettre est nécessaire
l’esprit va
car le sens de l’Écriture, c’est la vie sauve.

10Désirer, désirer désespérément
désirer jusqu’à la douleur et la détresse
jusqu’au grand vide amer
désirer que ce soit autrement
désirer la fin des cruautés
des folies, de la bêtise, de l’abject,
désirer la gaieté, la lumière, la tendresse
avoir si faim, avoir si soif
du monde différent
et de soi-même différent.

11
Ecrire
par plaisir, par goût, pour voir
écrire pour écouter ce que le bruit ordinaire recouvre ou embrouille
y compris le bruit des mots
Laver les mots jusqu’à ce qu’ils soient
tout purs et ronds et lisses
ou bien aller par les chemins foisonnants
ou bien refaire, indéfiniment refaire
pour approcher un peu plus ce qui manque et insiste
écrire pour aller vers le point là-bas
qui communique avec l’au-dessus et l’en-deça de tout mot.

12
Ecouter la musique
La Messe en si mineur de Jean-Sébastien Bach par exemple
spécialement Incarnatus, Crucifixus, Resurrexit
ou bien autre chose
pas nécessairement de la musique religieuse
mais écouter dans la profondeur
écouter le chant du nouvel Orphée présent
à toute musique humaine
incarnation, crucifixion, jubilation
Si l’on peut, chanter soi-même et jouer de l’instrument,
c’est encore mieux !

13
Se tenir dans la paix
qui est l’harmonie des puissances
au-delà (certes) du tourbillon
au-delà de l’abstention sereine
au-delà de l’abandon volontaire des héros
dans l’harmonie des puissances
coïncidant avec la plus humble humilité
ceci, dans le médiocre des jours
sans hauteur, sans savoir et quelquefois sans grâce.

14
Sortir de l’église
quitter la célébration
parce qu’on ne supporte plus
parce qu’on ne peut plus rester
à cause du trop d’intensité et de hauteur
de ce qui est censé se faire là
en contraste avec l’échec navrant de ce qui s’y passe en fait
quitter sans scandale, sans contestation, avec tristesse
et le désir endurant que se lève à nouveau
comment ? comment ?
la lumière du grand poème où s’inaugure toutes choses.

15
Douter, intensément douter de Dieu
quoi, il y aurait un Dieu bon et tout puissant
avec toute cette cruauté dans la nature
avec l’infernale cruauté humaine
les enfants crevants de faim, les exploités,
les névrosés, les abrutis, les alcooliques, tous les déchets humains ?
Elle est belle, l’image de Dieu !
Et qu’est-ce que Dieu
sinon la pauvre petite idée élaborée
sur la planète où nous sommes
rien,  au sein de l’univers éclatant
vers des dimensions inimaginables
Objections, objections, agonie de Dieu
au coeur de l’homme de foi.
Il a répondu cent fois, mais il s’agit d’absence
Pauvre Dieu en agonie
comme son Verbe identique à Lui au jardin des oliviers
quand ses meilleurs amis dormaient...
Ce n’est donc pas si peu que de le veiller. En son agonie.

16
Ni les images, ni le texte,
ni le lieu ni l’heure
ni la parole qui sourd du coeur
ni la répétition lasse et attentive
pas même le silence
mais simplement le réel
terriblement réel et plat, les choses, la surface
la conversation sans but
les tâches, les loisirs,
manger, rêver, dormir
et la souffrance intolérable, indicible
tellement souffrante qu’on n’en souffre pas
l’attente nue de ce qui doit venir au monde
pour qu’il en soit sur la terre comme au ciel.

17
Travailler de ses mains
à des tâches ménagères, à la couture,
à son métier, à du bricolage
et faire taire la radio et tout le brouhaha intérieur
écouter ce qui parle sans mots
tandis que les mains s’occupent
et occupent la surface de l’âme.
Ou bien, conduire une automobile
très détendu, attentif, courtois
tandis que cette occupation laisse libre
une pensée sans pensée
qui mûrit d’ailleurs.


Cahiers pour croire aujourd'hui
Novembre 1993. n° 131
 
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"J’étais un enfant plutôt peureux, bon élève, pieux, oh pieux, tellement pieux qu’à la retraite de première communion, le prédicateur et mon supérieur m’avaient dit en riant qu’il fallait l’être un peu moins."
La longue veille, p.48
"Transformer la violence en force; pensées chimériques: très dangereux, les transformer; triompher de la violence par la gaieté".
Ecrit sur un petit carnet. J'avais 11 ans.
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"Il y eut mai 68. J'étais pour lors enseignant à la Catho. Les murs se couvraient de mots... Qu'est-ce qui s'est réellement passé ? C'est affaire d'interprétation."
La longue veille, p.138
"Puisque je n'écris pas pour moi, la chose que je voudrais communiquer, la seule, c'est une sorte de fièvre; une heureuse fièvre, comme la chaleur du vivant dans le monde froid."
La longue veille, p.185
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"Ce qui veut se faire entendre dans mes livres court devant moi, et je le suis comme je peux, péniblement, comme si à travers moi et bien d'autres se cherchait le chemin de la vie délivrée."
La longue veille, p.283
 Une croix. Vertical : le Christ va chercher tout homme, si bas soit-il pour l'élever à Dieu. Horizontal : l'amour du Christ embrasse tous les humains. Au centre, la scène d'Emmaüs : le ressuscité est communion.
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"Je suis, je veux être le sauvage indigné. Par rapport à tous les experts, sauvage; buté sur quelques constats bêtes : on ne me fera jamais avaler que ce monde d'hyperpuissance technique n'est pas un monde fondamentalement fou."
La longue veille, p.24
"Je me moque bien de ce qu"on" pense. Je pense autrement. Et si l'on dit encore que c'est autojustification... , peut-être bien, mais vous autres, quand vous défendez le monde comme il est et l'Eglise où elle s'en va, qu'est-ce que vous faites ?"
La longue veille, p.33
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"J'ai dit, plaisamment, mais c'est en fait du plus grand sérieux: "Les lecteurs, c'est ma communauté invisible." Comme si se tissait, bien au-delà de ce que j'en perçois et sans que ces gens se connaissent entre eux, une étrange communion dans les mêmes épreuves, les mêmes désirs, la même foi."
La longue veille, p.283
"Je me trouve un peu bêta, d'être ainsi sentimental et naïvement lyrique. Et alors ? Si vous enlevez tout à fait cette candeur-là, il ne reste que la froideur."
La longue veille, p.286
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"Travaillons, pendant que le jour dure encore. J’ai des projets. J’ai envie d’écrire, bien sûr. Ceux qui me connaissent et m’aiment bien disent que c’est ce que je dois faire, en priorité."
La longue veille, p.261
 
Vive le marché Si vous voulez acheter un téléviseur, divers cas peuvent se présenter.

Si vous êtes très pauvre, eh bien c'est simple : vous vous en passez.

Si vous êtes pauvre, vous l'achetez à crédit, c'est-à-dire vous payez 30% plus cher.

Si vous êtes dans une honnête moyenne, vous le payez au prix marqué.

Si vous êtes riche, il y a bien dans vos relations quelqu'un qui pourra vous le faire avoir à 30 % moins cher.

Si vous êtes très riche, vraiment très riche, le fabricant se fera une joie de vous l'offrir.



 


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