dimanche 30 juin 2013

Dettes souveraines : Oui, nous sommes solvables !

Les craintes actuelles liées à l’endettement des États sont dictées par une idéologie libérale anglo-saxonne omniprésente. Il faut s’en affranchir et revenir aux fondements de l’économie : l’existence de la dette est consubstantielle à cette dernière ; non seulement elle n’est pas dangereuse, mais elle est indispensable pour construire l’avenir. Et hormis le cas très spécifique de la Grèce, les dettes publiques des pays sont loin d’être insoutenables... Michel Henochsberg va à l’encontre de la pensée dominante et présente une analyse roborative de la situation européenne.
Tour eiffel de M. Henochsberg

L'auteur

Cet article est extrait de
Revue Banque n°749bis

Face aux marchés, les États sont-ils encore souverains ?

Nous étions en 2011 dans un « sauve-qui-peut » généralisé. La planète économicofinancière cheminait au bord du précipice, elle le disait… et continue de le penser. Le pire est-il encore d'actualité ? Finira-t-on par enrayer la menace d'un effondrement européen du système bancaire et monétaire ? La réponse est évidemment politique, mais les gouvernements, à l'image de l'Allemagne, se complaisent encore dans des atermoiements coupables. Face à ces hésitations, les opérateurs mondiaux de la finance demeurent eurosceptiques et poursuivent leur imperturbable logique du gain rapide.
Le contexte imposé d'un dogme trompeur
Le ressaisissement espéré requiert non seulement une conscience européenne solidaire, mais aussi une remise en cause de l'idéologie économique, aujourd'hui soumise à la logique libérale anglo-saxonne qui conditionne et guide les marchés et les agences de notation. Le constat est simple : l'aréopage de ces deux entités parvient à imposer analyse et gouvernance économiques au monde entier. Une idéologie règne, totalitaire : « les marchés pensent que… », « les agences de notation estiment que… », et leur sentence tombe, radicale. Tel pays est dégradé, tel secteur condamné, telle banque soupçonnée… Le verdict s'impose à tous, y compris et surtout aux États, aux banques centrales, au FMI. L'aréopage s'exprime et règne, il ne s'agit pas d'un groupe d'intérêts, c'est une « idéologie-qui-parle ».
Wall Street et la City la traduisent et la nourrissent, les autres places financières entonnent la même mélodie. Le Financial Times, le Wall Street Journal, The Economist exposent son credo et ses analyses, entraînant l'univers médiatique à répéter le dogme. Tout ce monde oubliant aujourd'hui que cette idéologie a failli trépasser à la fin de 2008, sauvé par les banques centrales et les États qui ont dû voler au secours d'une finance mondiale ébranlée par Lehmann Brothers et gangrénée par les subprime toxiques qu'elle a créés et surtout diffusés.
Insensible à ces revers, le dogme prospère à nouveau, identique. Cette idéologie a pénétré profondément les centres d'analyses et de décisions, les gouvernements et leurs administrations. C'est pourquoi le président Obama a vu ses rêves s'écrouler face aux oppositions du monde financier et du Tea Party, pourquoi la Grande-Bretagne est revenue ouvertement à son credo libéral après l'intermède travailliste, et surtout pourquoi Angela Merkel s'est arrimée à l'orthodoxie monétaire et budgétaire propre à la tradition allemande, dont la rigidité avait déjà déclenché le retentissant krach d'octobre 1987. Cette orthodoxie libérale hégémonique continue de déployer une croyance indéfectible aux vertus de l'équilibre et à l'efficience des marchés. Pour l'aréopage des agences de notation, les acteurs économicopolitiques de la planète doivent se conformer ou, faute d'acquiescement, être punis. Cette rengaine, reprise aujourd'hui par tous, y compris par les gauches européennes acculées, est tragique, car elle méconnaît en profondeur l'économie. Et cette ignorance, dans les circonstances actuelles, touche au drame, dans la mesure où il faut recouvrer élan et confiance. Toute relance, vers l'offre ou/et la demande, appelle du crédit, du déficit, de la création monétaire. Sur un plan plus général, n'oublions jamais que le capitalisme est, par définition, une économie d'endettement. L'équilibre est fiction théorique, synonyme d'immobilisme mortifère, alors que la pente de la dette correspond à la dynamique du système de l'économie. Aussi, nous naviguons sur une mer de promesses, à commencer par celle qu'est la monnaie. La promesse étant une avance, toute politique économique consiste à ne pas sortir de la route pentue, figures imposées et délicates du slalom.
Au début était la dette…
Globalement incomprise, la dette est la catégorie économique la plus maltraitée. Parce qu'elle dit un « écart », un manquement au bouclage idéal que chérit la science économique, celui de la symétrie égalitaire de l'offre et de la demande, de la vente et de l'achat, des recettes et des dépenses. Cette économie d'Épinal est un conte pour enfants : elle n'a jamais existé sur le terrain. L'économie courante est tout sauf un plat pays bien lisse, elle n'est constituée que des pleins de la richesse et des creux de la dette, agencement de crédit et de débit, de prêt et de dû.
C'est d'ailleurs dans les temps prééconomiques du monde primitif que la dette a surgi, elle-même conséquence induite du don qui fait du récipiendaire un obligé, de sorte que ces sociétés des débuts de l'Histoire sont maillées et cimentées par d'innombrables réseaux réversibles de dettes entre chacun : la dette lie. Plus tard, en Occident, dans la foulée de la rupture fondatrice des XIe et XIIe siècles, crédits et prêts se multiplient avec le commerce émergeant, car il s'agit alors de s'émanciper de l'obligation de régler comptant l'achat, faute de ressources et de numéraires suffisants. Aussi, l'homme endetté devient dès cette époque la caractéristique de l'individu gagné à l'économie. Nous ne faisons aujourd'hui que de porter à son paroxysme cette réalité originelle [1].
La multiplication de la dette est donc un trait quasi permanent des sociétés ; au fil du temps, celles-ci passeront d'une dette symbolique réversible à une dette économique remboursable, glissant ainsi d'une marque indélébile à une trace annulable, déliant ainsi la société contemporaine d'obligations interindividuelles trop contraignantes.
La dette n'est donc guère dangereuse en elle-même, au contraire elle est structurante du social, à condition de rester annulable. C'est en ce sens que l'endettement est non seulement banal et répandu, mais nécessaire à bien des égards à notre société, contrainte d’inventer en permanence les pratiques qui soutiendront une consommation en nécessaire croissance. En revanche, en poursuivant cette logique, on déduit que si l'endettement est « fonctionnel », le surendettement fait problème. Autant l'acteur raisonnablement endetté ​est indispensable, autant le surendetté est une figure menaçante et subversive, symptôme trop visible de la démesure actuelle. Entre ces deux « conditions », la raisonnable et l'excessive, tiennent tous les enjeux contemporains : une affaire de seuil, qui ne relève d'aucune norme objective [2]. C'est pourquoi la dette privée micro et la dette publique macro sont logées à la même enseigne, foncièrement nécessaires à notre économie monétaire, devenant périlleuses dès que la ligne jaune est franchie.
Or, la théorie standard abhorre dettes et déficits, malgré leur impérieuse nécessité fonctionnelle liée au principe de l'avance qui définit et dynamise le capitalisme. Schizophrénie, duplicité ou simple méconnaissance ? Peu importe. Officiellement et discursivement, le dogme est celui de l'équilibre général, et la religion économique est rappelée aux États : on ne dépensera que ce que l'on engrange. Dans la réalité des pratiques gouvernementales qui se contentent intelligemment d'interpréter la doctrine, la question se transforme : à partir de quel déficit public dira-t-on que l'on est sorti de la « zone » d'équilibre, pour glisser vers celle des « défauts » ?
Une ligne jaune subjective
Reprenons l'interrogation : existe-t-il un seuil qui décréterait la faillite théorique d'un État, en liaison avec les défauts qui le menacent ? Seuil de même nature que celui qui indiquerait une situation pathologique de surendettement privé… Aujourd'hui, études et modèles se multiplient pour fixer plus scientifiquement le péril des dettes souveraines. Il en ressort une sorte de norme qui stipulerait que dès lors qu'une dette publique dépasse 80-90 % du PIB, la charge de cette dette pèse gravement sur la croissance d'un pays [3].
Toutefois, il ne faut pas occulter le côté fragile, pour ne pas dire illusoire, de ces nombreuses tentatives qui se contredisent mutuellement. La démarche économétrique et historique est de peu de secours pour produire une norme qui rendrait compte des différents défauts observés dans le temps. Il apparaît au contraire que la soutenabilité d'une dette souveraine (comme celle du privé) dépend clairement des circonstances spécifiques et environnementales du moment de l'observation. Pour des chiffres équivalents, elle est considérée parfois comme « normale », à d'autres moments comme alarmante.
Hormis des cas flagrants, comme celui de la Grèce aujourd'hui, nous sommes confrontés le plus souvent à des appréciations subjectives, émises en tenant compte du contexte, au sein duquel les politiques économiques proposées comme remède sont déterminantes. Bref, la notion de dette maximale pour caractériser ce que l'on dénomme le « risque-pays » varie suivant les circonstances, laissant libre cours aux évaluations produites par les uns et les autres. En particulier, le prétendu « effet domino », souvent invoqué par les agences de notations pour l'Europe du Sud est une pure élucubration spéculative [4], reposant sur le seul primat du mimétisme dans les processus de marché, ce qui est un argument faible pour rayer l'Italie et l'Espagne de la carte économique…
Même parmi les économistes américains, on trouve des auteurs qui s'insurgent contre la prétendue objectivité du risque-pays envisagée par Reinhart et Rogoff : « Quand le déficit est-il trop grand? Quand il dépasse 3%, ou 7%, ou 10%? Répétons-le, il n'existe pas de chiffre magique, et celui qui persiste en cette direction se tromperait simplement sur ce que sont l'économie monétaire et la macroéconomie [5] ». Ces auteurs rétablissent l'efficacité des politiques économiques stabilisatrices, rappelant que la seule limite objective existante pour rétablir les équilibres est celle de l'inflation.
Pas de faillite, mais des défauts
Précisons un point qui relève à la fois de la sémantique et de la théorie : un État peut-il faire faillite ? La réponse est catégorique : non ! Le terme-concept de faillite ne vaut que pour les entreprises, cette situation pouvant conduire à la liquidation et la disparition de l'entité devenue non-viable économiquement. Les individus privés, victimes de surendettement, peuvent être déclarés « défaillants », mais non « en faillite », de nombreux pays offrant désormais des mesures de protection qui relativisent l'issue du constat.
Donc, si l'État ne fait jamais faillite, il peut cependant connaître des situations « d'incapacité de remboursement », voire de « cessations de paiements ». Dans ces cas, on utilisait jadis l'expression alarmiste de « banqueroute » ; dorénavant, on parle plutôt de « défauts », ce terme induisant l'hypothèse d'un constat conjoncturel, en correspondance avec l'approche contractuelle du problème qui prévaut dorénavant sous les auspices du FMI.
Les défauts matérialisent « officiellement » les « incapacités » de l'État et de son gouvernement à remplir ses obligations. Cela vaut pour faillite, mais sans en être une, et sans en avoir les conséquences. En général, tout cela conduit à la « restructuration » de la dette lors d'un compromis public négocié politiquement avec les créanciers, désormais souvent privés dans le contexte de notre économie où le marché est leader et… financier.
On peut signaler que l'utilisation actuelle du terme inapproprié de faillite de l'État, apparaît comme une conséquence indirecte de la généralisation de la notation par les agences ad hoc, en se rappelant que celles-ci ont toujours eu pour objectif de noter les « entreprises ». En un mot, l'extension discutable du périmètre de ces agences a contribué à celle de la catégorie juridique de faillite. La difficulté éventuelle de paiement, ou de financement, trahit de toute évidence des difficultés réelles et dommageables pour tout pays, mais il faut la distinguer clairement de l'insolvabilité qui figure la menace essentielle. L'insolvabilité d'un pays majeur est une vue de l'esprit [6] : nul pays ne peut faire faillite, surtout dans le contexte actuel du maillage mondial.
Solvabilité et actifs des États
L'évidence médiaticopolitique d'une ligne jaune, aussi évasive soit-elle, nous renvoie finalement à une seule question centrale, celle de la solvabilité. En effet, la véritable et seule interrogation sérieuse est celle-là : sommes-nous solvables ? Et cette solvabilité se décompose entre disponibilités et garanties, entre liquidités mobilisables et actifs collatéraux.
Pour ce qui concerne la dette souveraine, le premier aspect relève des comptes de la nation, du budget de l'État, le second de l'évaluation de la richesse nationale publique. C'est ici que surgit la spécificité absolue d'un État par rapport à une entreprise : on connaît le « capital » d'une firme, on sait mesurer ses actifs, évaluer sa valeur, alors que rien de tel est possible pour un État.
La richesse d'un pays est une opinion, elle n'est pas une donnée économique mesurée, car non mesurable. Tout le nœud de notre interrogation est là : que vaut la France, qu'on ne peut réduire à sa structure économique dont le PIB n'est qu'un indice bien imparfait ? Que valent la Tour Eiffel, le Château de Versailles ou le Pont du Gard ? Que valent les Alpes ou la Côte d'Azur ? Et notre système éducatif, notre climat tempéré, etc. ?
Comment questionner un pays sur le critère de ses dettes courantes, alors que l'on se sait incapable d'appréhender sa richesse et surtout sa puissance, ses potentialités ? L'impasse prévisible de la Commission Stiglitz a bien révélé le trou noir de l'évaluation du qualitatif et des immatériels : ces notions échappent à la mesure. C'est pourquoi les marchés scrutent l'externalité négative d'une dette ou d'un déficit, tous deux mesurés, sans jamais évoquer les actifs du pays, sans jamais mentionner ses externalités positives. Les agences font l'inverse de la démarche élémentaire de tout banquier : elles se refusent de rapporter le négatif des dettes au positif du « capital pays ».
Le AAA ne peut être la « note de la France », elle n'est aujourd'hui que l'appréciation par les marchés financiers de la politique économique d'un gouvernement de la France. Les agences notent la copie de l'étudiant et non l'étudiant dans sa globalité, dans sa trajectoire, dans son histoire, dans son contexte. Les agences sont des machines programmées à corriger des copies selon l'unique prisme de la théorie standard néolibérale, celui du sacro-saint équilibre et des grandeurs statufiées de la comptabilité nationale.
La dimension anxiogène de la dette souveraine
L'existence d'un « problème de la dette » se présente comme un mode de justification idéal pour entériner le triomphe d'une conception restrictive et orthodoxe (libérale) de l'action publique. « Regardez ces incapables, ils ne savent que creuser le trou de la dette! » La relative impuissance actuelle des Etats à régler le déséquilibre coupable de la dette publique renforce la conviction populiste en une politique économique minimaliste, les critiques ayant beau jeu de souligner que toute orientation politique s'éloignant de cette orthodoxie serait épinglée par les agences de notation.
De sorte qu'un engrenage idéologique déplorable se confirme dans le monde économique : les écarts au modèle idéal de l'équilibre se multipliant, ils suscitent le constat largement partagé d'une incurie gouvernementale majoritaire, ledit constat débouchant alors sur un désenchantement démocratique. Les « politiques », éloignés du quotidien des gens, sont caricaturés tels des pantins (cupides) et inefficaces, incapables de résoudre les problèmes réels des individus et de la collectivité. Cette incapacité fait le lit de toutes les critiques dont se nourrissent avec profit tous les populismes, de droite ou de gauche, dans les pays les plus divers.
Le cours des choses n'est plus « sous contrôle » des politiques, les dettes s'accumulent, et la fin d'un certain âge d'or se profile, l'usage très abusif du terme de crise ne faisant qu'amplifier l'atmosphère anxiogène. L'Histoire s'écrit automatiquement et elle échappe aux volontés politiques, dévalorisant tout processus démocratique qui tourne à la farce convenue entre les privilégiés de ce système en débandade. C'est pourquoi le traitement de la dette souveraine par les agences entame gravement la crédibilité de la démocratie elle-même.
Rétablir une vue saine de la dette
Nous sommes bien loin de toute faillite collective. Cessons cette culpabilisation générationnelle qui plombe la maturité et désespère la jeunesse : nous sommes globalement solvables, plus riches que ne le disent les chiffres courants, qui ne traduisent que ce qui est mesuré et mesurable.
Depuis toujours, la dette structure la société, s'imposant comme motrice dans la société de l'économie. Jouer la dette, la pratiquer avec discernement, c'est tout simplement construire l'avenir. S'endetter, c'est croire en l'avenir. C’est croire au développement et à la métamorphose dans ce qui ne rapportera que plus tard, l'intelligence, et donc la coopération des cerveaux.
Se polariser aujourd’hui à l'extrême sur le problème de la dette, sur son impérative réduction, est une faute politique découlant d'un point de vue erroné. C’est induire une pause mondiale dans l’investissement le plus urgent qu’ait connu notre planète : celui qui bâtira la modernité cognitive et écologique. Car notre contemporain est celui d’une course contre la montre ou, dit autrement, d’une course entre un système « cognitif-propre-endetté » à créer, et un capitalisme archaïque pollueur et facticement équilibré, alors qu'il engendre la démesure. Pour y parvenir, la dette publique est stratégiquement déterminante, car c'est elle qui finance structures et long terme, directement peu rentables.
Pour gagner ce challenge, cessons de culpabiliser ceux qui dépensent et investissent, fussent-ils d'État. Cessons de stigmatiser ceux qui prêtent, fussent-ils banquiers. Ces creux et ces pleins dessinent la géographie contemporaine, à nous d'en faire des paysages et des chemins en accord avec une respiration plus humaine. Notre richesse la plus grande est celle du futur, elle n’est pas celle que nous aurions perdue, gaspillée ou détruite. C’est cette richesse à venir qui garantit nos dettes créatrices. L'actif de ce monde endetté est incommensurable, il rend risible l’effroi contemporain de nos dettes. Un monde sans dettes est un plat pays, loin de la vie.
[1] Maurizio Lazzarato, « La Fabrique de l'homme endetté », Ed Amsterdam, 2011.
[2] La situation de surendettement n'est qualifiable que lorsque l'on sait que le remboursement ne pourra se faire, la dette devenant insolvable selon les voies régulières. Or il est clair que ce diagnostic est chaque fois singulier, en rapport avec un cas chaque fois spécifique.
[3] Sur ce thème, on pourra se rapporter aux différentes publications de Carmen M. Reinhart et Kenneth S. Rogoff, dont un livre à succès, « This time is different : Eight Centuries of Financial Folly », Princeton University Press, 2011. Mettant en avant un important effort historique et statistique, ces auteurs révèlent un modèle cyclique de crise financière, dette privée/dette bancaire/dette publique, au travers des 200 dernières années. Deux « working papers » reprennent ces éléments : http://www.voxeu.org/index.php?q=node/1067 ; Carmen M. Reinhart et Kenneth S. Rogoff, « From Financial Crash to Debt Crisis », American Economic Review, American Economic Association, vol. 101(5), 2011, pp. 1676-1706.
[4] L'engrenage d'une contamination progressive, de type domino, ne résiste à aucune analyse sérieuse. En quoi la « résistance » italienne « protègerait » la France ? En quoi un défaut espagnol transformerait le diagnostic français ? Tout cela fonctionne comme un jeu de massacre forain où l'abattage des premières cibles, plus accessibles, questionnerait les pays « leaders », alors fragilisés.
[5] L. Randall Wray et Yeva Nersiyan, « Does Excessive Sovereign Debt Really Hurt Growth? », Working Paper n° 603, Levy Economics Institute of Bard College, 2010. Dans cet article, les auteurs avouent une dette à l'égard d'Abba Lerner et de son concept de « finance fonctionnelle ». Ils font resurgir la figure très Mittel Europa de cet économiste iconoclaste, contemporain de Keynes, qui enseigna à LSE, puis dans diverses universités américaines. On le qualifie aux États-Unis de « Milton Friedman de gauche ».
[6] Qu'il nous soit permis de rappeler les derniers chiffres concernant les États-Unis. L'État fédéral américain a accusé un déficit budgétaire record pour un mois de mars, à 171,2 milliards de dollars. La Maison Blanche prévoit sur l'ensemble de l'année 2012 un déficit à 1 330 milliards de dollars, soit 8,5 % du PIB. Qui s'en inquiète réellement, alors que ce déficit, quasi traditionnel, est très supérieur aux 5,2 % français qui effraient tant les marchés ? Deux poids, deux mesures ? Ou plus simplement un « autre raisonnement », plus fondé, pour les États-Unis, qui tient compte de données qualitatives et politiques et des actifs immatériels…

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