vendredi 14 juin 2013

Intervention sur la politique de défense à l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale



P R É S ID E N C E D E L A R É P U B L IQ U E
Service de presse INTERVENTION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE Politique de Défense Institut des Hautes Études de Défense Nationale Paris, Vendredi 24 mai 2013
Je veux commencer par un moment fort, celui que j’a i vécu le 15 mai dernier. Je présidais à Bruxelles la conférence pour le Mali au niveau des chefs d’Etat. Plus de 100 délégations venant du monde entier ont salué l'intervention de la France. J'ai pu une nouvelle fois mesurer l'influence de notre Nation, le respect qu’elle sus cite et les attentes qui sont placées en elle. Elle les doit à ses militaires et aux personnels ci vils qui les soutiennent. Leur professionnalisme, leur efficacité, leur dévouement sont reconnus par tous. Et d’abord par nos concitoyens. Plus que jamais, la France a besoin d’une défense f orte. D’abord, pour rester ce qu’elle est : un pays indépendant, un allié fiable, une puissance dont les armées sont sollicitées sans discontinuer depui s une dizaine d’années. Ensuite, pour appréhender le nouveau contexte géopo litique. En effet, les États-Unis se désengagent des théâtre s sur lesquels ils s’étaient impliqués ces dernières années. L’Europe est confrontée à une réc ession qui conduit plusieurs de ses membres à réduire leur effort de défense. Dans le même temps, les ambitions des puissances ém ergentes s’affirment à mesure que leur poids économique se renforce. Ainsi, les dépenses m ilitaires de la région Asie – Pacifique , viennent de dépasser celles de l’Union européenne. Les révolutions arabes qui avaient suscité de grands espoirs soulèvent dé sormais de légitimes inquiétudes. En Libye, l’instabilité mena ce non seulement ce pays mais aussi les voisins immédiats, mais aussi l’Europe toute proche . Ensuite en Syrie, où le conflit a aujourd’hui pris une ampleur qui nous oblige, avec nos alliés, à n'écarter aucune option, si l'usage des armes chimiques était bien établi. C’es t l’enjeu de la prochaine conférence de Genève. 2 Quant à l’Afrique , elle est confrontée, malgré un développement écon omique incontestable, à une insécurité grandissante. A ce titre, il me para it tout-à-fait pertinent que l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, ait choisi cett e année, comme thème d’étude, ce grand continent. La France a besoin d’une défense forte parce que le monde n’est pas plus sûr qu’hier. La prolifération des armes de destruction massive e t de leurs vecteurs met en péril l’équilibre de régions entières, comme nous le constatons avec l’Iran et la Corée du Nord. Le terrorisme s’en prend à nos ressortissants, frappe nos intérêt s – nous avons encore une illustration ces dernières heures – et outrage partout nos valeurs. Les trafics de drogue – grand enjeu à mon sens des relations internationales –, les trafics d ’armes souvent liés et le blanchiment d’argent qui accompagnent les autres trafics se conjuguent p our affaiblir des États et surtout pour déstructurer les sociétés. Dois-je ajouter qu’il y a maintenant de nouveaux ri sques ? Celui de cyber attaque avec des capacités informatiques offensives particulièrement redoutables. Notre dépendance à l’égard des systèmes d’information nous rend plus vulnérabl es à des risques de paralysie, voire de destruction à distance des réseaux d’importance vit ale sur le plan économique et même militaire. Face à ces menaces, la France doit se donner un obj ectif, un seul : à tout moment assurer sa sécurité, répondre aux attentes de ses partenair es comme de ses alliés, et préserver la paix dans le monde. La France y a vocation parce que membre permanent d u Conseil de sécurité des Nations Unies, elle a cette responsabilité. La France y a vocation parce qu’elle est un pays fo ndateur de l’Union européenne, elle porte un idéal de paix entre les nations. La France y a vocation parce qu’elle est dépositair e par son histoire, d’une capacité militaire et diplomatique, qu’elle met au service de ses prop res intérêts – et nous devons les revendiquer – et du droit international. Chef de l'État, chef des armées, il me revient de d éfinir les orientations d’une politique de défense qui réponde à ces obligations. Cette charge, je l’assume pleinement depuis les pre miers jours de ma prise de fonction. C’est elle qui m’a conduit à prendre la décision de retirer dès la fin de l’année dernière nos troupes combattantes d’Afghanistan. On me disait qu e c’était impossible, dangereux même ! C’est fait – depuis le 15 décembre 2012. Je veux en féliciter tous ceux qui ont contribué à ce retrait dans des conditions de sécurité rigoureuses pour nos soldats et en pleine concertation avec nos alliés. Nous n’avons maintenant que les ef fectifs en Afghanistan qui correspondent aux missions qui sont prévues par le traité d’amiti é et de coopération que nous avons paraphé avec l’Afghanistan. 3 C’est cette même responsabilité qui m’a convaincu d ’engager la France au Mali. Pourquoi ? Parce que nous étions appelés par un pays ami, repr ésenté par son Président légitime ? Oui. Parce qu’il y avait une menace terroriste qui pouva it soumettre le Mali à une emprise dangereuse ? Oui. Parce qu’il y avait un risque pou r le Sahel tout entier ? A l’évidence. Mais parce qu’il y avait aussi une menace pour notre pro pre sécurité. J’ai donc répondu le premier, au nom de la France, parce que nous étions le seul pays disposant de moyens militaires pouvant agir immédia tement, à côté de nos amis africains. Nous ne sommes pas intervenus à la place des Africa ins, mais avec les Africains, permettant maintenant qu’une opération de maintien de la paix puisse être menée dans des conditions de légitimité internationale, d’une part, et d’efficac ité d’autre part. Nous resterons, là encore, avec des effectifs moind res dans les prochains mois. Mais nous resterons au Mali et autour du Mali. Parce que nous n’en avons pas terminé avec le terrorisme. J’ai évoqué ce qui s’est passé au Niger , hier, où nos intérêts ont été directement visés, où des Nigériens – parce qu’ils nous avaient appuyés, soutenus – ont été lâchement assassinés. J’exprime ma solidarité à l’égard du Pr ésident ISSOUFOU et de la population du Niger. Mais c’est une preuve supplémentaire que le combat que nous engageons contre le terrorisme, c’est un combat dans lequel tous les pa ys doivent, à un moment ou à un autre, être partie prenante, dès lors qu’ils portent les valeur s qui sont les nôtres. Notamment en Afrique, nous devons apporter toute notre solidarité, tout n otre soutien, tout notre appui, aux pays de l’Afrique de l’Ouest qui sont confrontés à ce fléau du terrorisme. Nous continuerons à le faire. C’est toujours ma responsabilité que de présenter a ux Français un nouveau Livre blanc qui sera prolongé par une loi de programmation militaire qui fixera les m oyens à consacrer à notre défense, autour de trois priorités : la protection, la projection et la dissuasion. Notre territoire et nos concitoyens, dans l’hexagon e et en outre-mer doivent être protégés. C’est notre premier devoir. Pour y parvenir, il exi ge des disponibilités permanentes de surveillance et de réaction terrestres, aérienne s et maritimes. Des moyens doivent pouvoir être mobilisés à tout moment pour intervenir aux cô tés des forces de sécurité intérieure et de sécurité civile lorsque c’est nécessaire. Parallèlement, la France doit être en mesure de projeter des forces préparées et équipées , à son initiative ou dans le cadre d’une coalition. Da ns cet esprit, au-delà du volume de forces projetables, j’ai souhaité que soit encore amélioré e l’efficacité opérationnelle de nos armées. Elles disposeront de 66 000 soldats projetables org anisés en brigades terrestres. Elles pourront intervenir à partir du groupe aéronaval autour du p orte-avions Charles-de-Gaulle. Elles auront aussi des capacités amphibies et sous-marines. Les moyens aériens nous donneront la possibilité d’appréciation de situation et de frapp e dans la profondeur. Voilà l’ensemble de notre dispositif de projection. J’ajoute que les pe rsonnels engagés bénéficieront d'une protection juridique élargie. Les ministères de la Défense et de la Justice doivent y travailler. Des mesures seront présentées en ce sens notamment dans le cadre de la loi de programmation militaire. 4 Enfin, la France doit assurer la crédibilité de sa dissuas ion. Dois-je rappeler son caractère stratégique ? Elle nous protège de toute agression ou de tout chantage qui menacerait nos intérêts vitaux. C’est sa raison d’être. Elle prése rve notre liberté d’action et notre souveraineté. Elle convainc tout adversaire de ne p as s’en prendre à la France au risque de dommages considérables pour son territoire. Notre doctrine est fondée sur le principe de strict e suffisance. Cela permet à la France de montrer l’exemple en matière de désarmement nucléai re. De cette garantie ultime, certains dénoncent réguli èrement le coût pour nos finances publiques. Je veux leur répondre. La dépense affect ée à la dissuasion représente aujourd’hui 11% du budget annuel de la défense. 11% est-ce trop pour sanctuariser la sécurité de notre pays ? Je ne le pense pas. D’autant plus que l’inno vation et la recherche nous ont permis de réaliser des économies substantielles sur les progr ammes. J’ai donc pris la décision de conserver les deux composantes, océanique et aéropo rtée. Le récent échec de l’essai d’un missile M51 après cinq succès, nous rappelle que la mobilisation de nos technologies est une conquête exigeante et nécessite une vigilance perma nente. Je tirerai toutes les conclusions de l’enquête en cours. Aujourd’hui, je tiens à renouveler ma confiance dan s les personnels exceptionnels qui assurent, en toute circonstance, en tout point du m onde, notre dissuasion. Il reste que la défense nationale est un investisse ment lourd pour la Nation. C’est pourquoi je suis attentif à l’adéquation de n os ressources budgétaires rares à nos objectifs impérieux, surtout dans cette période. Au ssi, les miens reposeront sur un seul critère : l’intérêt national. Car je dois préparer notre pa ys à relever les défis, pour les 15 prochaines années, qu'il peut rencontrer. Ce qui ne signifie pas « dépenser plus » au nom d’u ne couverture de tous les risques possibles, ni « dépenser moins » au nom d’un abaiss ement de notre ambition. Il faut « dépenser juste », le bon niveau, pour à la fois s écuriser nos objectifs et en même temps maîtriser nos comptes publics et dire, à tout momen t, la vérité aux Français. Georges Clemenceau avait une belle formule : « Il faut savoir ce que l'on veut. Quand on le sait, il faut avoir le courage de le dire ; quand o n le dit, il faut avoir le courage de le faire ». Les lois de programmation militaire de ces dernière s décennies n’ont pas appliqué à la lettre le principe de Georges Clemenceau. Non pas que la Nati on n’ait pas dit ce qu’elle voulait, elle l’affirmait et ces textes étaient des références ut iles. Non pas qu’elle n’avait pas le courage de dire. Mais elle n’avait pas toujours la possibilité de faire. Nous devons donc faire en sorte d’assurer, à la fois, la souveraineté de notre pays pour ses décisions stratégiques et, en même temps, garantir la souveraineté de notre pays pour assurer la maîtrise de nos comptes publics – et ne pas dépendre de l’extérieur et notamment des marchés pour le financement de notre dette souveraine. J’ai donc décidé comme réaliste de maintenir à son niveau actuel l’effort pour notre défense. Le budget sera fixé en 2014 à 31,4 milliards d’euro s c'est-à-dire exactement le même montant qu’en 2012 et en 2013. Pour l’ensemble de la périod e 2014-2025, nos forces disposeront de 365 milliards d’euros, dont 179,2 milliards d’euros pour la période 2014-2019. 5 Dans le passé, les objectifs ambitieux annoncés dan s nos lois de programmation n’ont pas pu être tenus. Je n’aurai pas la cruauté de rappeler l es précédents. L’écart entre les engagements et la réalité n'a cessé de s’accroître ; ce qui nou s a conduit à une impasse qui doit désormais être intégrée dans l’exercice à venir, car l’on ne peut jamais oublier la continuité de l’Etat et faire comme si tout pouvait recommencer. Nous somme s forcement comptables de ce qui n’a pas été payé hier. Ainsi, il y aura des conséquences. Nous avons voulu avec le Premier ministre et les ministres concernés les maitriser. Au terme de la loi de prog rammation militaire 2014/2019, les effectifs du ministère seront réduits de 24 000 hommes supplé mentaires pour atteindre de l’ordre de 250 000 personnels de la défense. Ce chiffre, je ve ux que chacun l’ait à l’esprit : c’est l’effectif le plus important d’Europe. Nous sommes le pays qui dispose, non seulement, de la dissuasion nucléaire, mais qui dispose, sur la plup art des équipements, des matériels pouvant offrir une capacité d’action et d’intervention ; et le pays d’Europe qui a l’effectif – en termes de personnels militaires et civils – le plus import ant. Cela renvoie donc à nos responsabilités. Mais cela nous permet aussi d’être un pays influent , un pays actif, un pays qui peut parler parce qu’il a les moyens aussi de pouvoir se faire respecter. Deuxième conséquence, par rapport aux sites d’impla ntation militaire dans l’hexagone. Sujet toujours sensible pour les personnels concernés, po ur les élus des territoires. J’ai demandé qu’une attention particulière soit portée pour que nous puissions maintenir une présence partout sur le territoire et éviter des fermetures de site. Mais je suis aussi attentif à ce qu’en outre-mer, nous puissions également assurer notre p résence. Nos équipements, doivent être ajustés à la réalité des menaces d’aujourd’hui et de demain. Nos forces seront dotées à l’horizon 2025 – 2030 de matériels modernes et performants, prenant en compte l’évolution des modes de confront ations armées. Je pense aux drones de surveillance et de combat, dont la décision de les commander a été trop longtemps différée, au risque d’être amenés dans certaines interventions à demander et à solliciter l’appui de nos alliés. Nous avons donc l’obligation aujourd’hui de commander ces matériels. Nous avons aussi la volonté d’engager les commandes des avions de transport A 400 M et de ravitaillement en vol MRTT, aux missiles anti-navir es légers ou encore aux frégates multirôles FREMM et aux véhicules blindés VBMR. Pour faire face également aux nouvelles menaces que j’ai évoquées – cyber-attaques, terrorisme – les crédits consacrés au renseignement , à la police et à la justice seront augmentés. Je tiens aussi à relancer la politique s patiale avec les satellites d'observation MUSIS et d'interception électromagnétique CERES. Tous ces investissements indispensables à la prép aration du futur s’ajouteront aux programmes déjà lancés : Rafale, hélicoptères d'att aque Tigre et de transport NH-90, sous- marins Barracuda et le système Félin. Aucun program me lancé ne sera arrêté, à la fois, pour des raisons de capacité, d’efficacité, mais aussi p arce que j’entends préserver notre industrie de défense . 6 J’en connais les atouts d’abord sur le plan des eff ectifs, de l’emploi, de sa présence sur le territoire. Il y a là de grandes entreprises que no us connaissons bien et qui nous connaissent bien. Mais il y a aussi un tissu de plusieurs milli ers de PME et de PMI. Nous avons l’une des premières industries de défense en Europe. Nous dev ons encore améliorer son niveau. L’effort de recherche et de développement sera main tenu à haut niveau. C’est essentiel pour garantir à nos armées les matériels dont elles auront besoin demain. C’est indispensable pour exporter et pour avoir l’impact le plus fort s ur l’industrie civile. La diversification fait aussi partie de nos atouts. La modernisation de notre appareil de production se poursuivra. Les participations détenu es par l'État évolueront. Des alliances industrielles nouvelles seront nouées notamment à l 'échelle européenne. Et les salariés devront être formés en même temps qu’ils seront ass ociés à l'avenir de leur entreprise et de leur savoir-faire. C’est un enjeu de compétitivité mais aussi de souve raineté. La souveraineté, ce n’est pas l’isolement. C’est au ssi d’être capable d’agir avec les autres. Les opérations militaires récentes ont montré combi en nous devons travailler avec l’Union européenne pour être en mesure de répondre aux cris es. C’est pourquoi la France veut ouvrir une nouvelle é tape de l'Europe de la défense. Plusieurs facteurs nous y conduisent. La nécessité partagée de redresser nos finances pub liques nous invite à mutualiser des capacités, à prendre davantage d’initiatives et à n ous appuyer sur les matériels fabriqués en coopération, en tenant compte des savoirs faire de chacun. C’est ce que la France fait déjà avec le Royaume Un i, pour construire notamment une force d’intervention conjointe. C’est aussi ce que la France veut faire avec l’Alle magne, y compris pour des opérations militaires extérieures. De même, je souhaite poursu ivre nos partenariats avec la Belgique, l'Italie ou l'Espagne et associer les nouveaux memb res de l'Union européenne à cette démarche. A commencer par la Pologne et les pays du groupe de Visegrad car l’Europe de la défense, cela doit être l’Europe toute entière, y c ompris celle qui hier était de l’autre côté. Je ferai des propositions d’ici le Conseil européen de décembre 2013. Elles porteront sur nos présences dans les Balkans, en Méditerranée, au Proche-Orient, en Asie. Partout, l’Europe doit agir de façon mieux co ordonnée. Réfléchit-elle à ce que nous pourrions faire mieux et peut-être moins cher ? Elles concerneront aussi nos coopérations dans les domaines du transport aérien, des satellites d’observation, du ravitaillement en vol, des drones pour ne citer que quelques exemples. 7 Les échecs du passé ne doivent pas nous décourager mais au contraire nous inviter à persévérer. Notre ambition, c’est de promouvoir, po ur l’industrie de défense européenne, des champions européens. C’est déterminant pour le main tien d’une base industrielle et technologique compétitive. Le grand sujet pour l’Europe n’est pas simplement d ’avoir un grand marché, d’avoir une zone monétaire stable. Cela ce sont des conditions. C’es t d’avoir aussi une politique industrielle. Et dans la politique industrielle, il y a l’enjeu de l a défense. La France est dans l’Europe mais elle agit aussi da ns le cadre de l’OTAN. Le rapport présenté par Hubert Védrine – je le remercie pour ses réflex ions – m'a conduit à confirmer notre présence dans le commandement militaire intégré de l’Alliance atlantique, tout en intensifiant notre influence en son sein. Mais il ne s’agit pas de perdre notre liberté de dé cision et d’action et encore moins de diluer le caractère national de notre défense. Mesdames, Messieurs, La France a toujours eu un lien singulier avec son armée. J’entends parfois dire que cette relation se serait distendue, avec la professionnal isation de ces personnels et avec la disparition de toute menace vitale à nos frontières . Eh bien, je ne le crois en aucune façon. Je ne constate rien de tel. Le soutien apporté par nos concitoyens à nos soldats est la preuve de l’attachement des Français à leur défense. Quand on songe à ce qu’était l’image de l’armée il y a 30 ou 40 ans dans un contexte différent de guerre froide, de décolonisation. Ce qu’était le lien parfois contesté, y compris à travers la conscription. Et ce qu’est aujourd’hui le lien, je considère que la relation s’est confortée mais, d’un certain point de vue, la fin de la conscriptio n a été aussi un éloignement et une forme d’acceptation d’une assurance passée, généralement considérée comme coûteuse, sans que l’on sache exactement le prix. Mais une forme de dé légation de la responsabilité et d’ignorance de la réalité de ce qu’est l’institutio n militaire. C’est la raison pour laquelle nous devons renforcer le lien. Comment ? En associant davantage la société française dans to ute sa diversité à la connaissance de l’institution militaire. C’est le rôle que joue not amment l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale, dont je salue l’action ici. Pas simplement en accueillant des professions brillantes, ce que l’on pense être l’élite du pays qui s’y retrouvera. Mais en s’adressant au- delà, à toute la nation, à la jeunesse en particuli er. Celle qui se sent peut-être moins concernée et qui, pourtant, doit être également protégée par rapport à un certain nombre de fléaux, de menaces que j’indiquais comme étant susceptibles de renforcer encore nos outils et nos protections. 8 C’est la responsabilité aussi du Parlement. J’ai te nu à ce que le gouvernement respecte pleinement ses droits, en matière d’information et de délibération sur les opérations dans lesquelles sont engagées nos forces. J’ai aussi souhaité que la politique d’exportation d’armement fasse l’objet de rapports annuels débattus devant les commissions compétentes des ass emblées. Là aussi, ne craignons rien de la transparence doit encore progresser. Nous veille rons à traiter, en particulier, la situation des intermédiaires. Car chaque État doit se montrer rigoureux dans le c ontrôle de ses exportations d’armement comme nous y incite le traité sur le commerce des a rmes conventionnelles que la France a contribué à faire adopter notamment aux Nations Un ies. Le contrôle du Parlement sera également amélioré en matière de renseignement. Loin d’affaiblir notre sécurité, l’information confirme la légitimité et l’efficacité de nos dispositifs. Le lien entre la Nation et son armée, c’est aussi l es réserves opérationnelle et citoyenne. Je veux les saluer. Nous y ajouteront une branche nouv elle pour la cyber défense dont l’objectif sera de mobiliser de jeunes techniciens et informat iciens intéressés par les enjeux de sécurité. D’une manière générale, rien n’est plus important q ue d’encourager les jeunes générations à prendre conscience du destin singulier de notre pay s, de son histoire. D'où l'importance des célébrations de l'année prochaine – le ministre dél égué aux Anciens combattants y travaillera : le centenaire de la Première Guerre mondiale, le 70 ème anniversaire du débarquement puis de la Libération. Il y aura des manifestations importantes sur le pla n international. Nous inviterons tous ceux qui ont été belligérant. Nous ferons en sorte de po uvoir donner, là encore, tout l’esprit qui s’attache à ces célébrations. C’est-à-dire de bien comprendre ce qui s’est produit, de bien analyser ce que furent ces conflits, ces guerres qu i se sont produites à l’échelle internationale, même la Première, avec des destructions considérabl es. Nous veillerons aussi à en faire des évocations cit oyennes pour que les jeunes sachent bien ce qu’est la guerre, pour mieux apprécier ce qu’est la paix. La défense de la France, c’est une grande histoire. C’est aussi notre avenir. La défense de la France, c’est la sécurité de l’Eur ope. La défense de la France, ce sont des moyens au serv ice de la préservation de la paix. La défense de la France, ce sont des femmes et des hommes, militaires et civils, dont je veux saluer ici le dévouement. 9 Encore cette année 2013, nous avons eu des morts au Mali. Et en 2012, y compris avec le retrait, nous avons eu des morts en Afghanistan. Je n’oublie pas aussi les militaires en opération qui ont pu payer de leur vie, notamment e n Guyane. Je n’oublie pas non plus les gendarmes, j’associe également les policiers victim es de l’insécurité et de la lutte contre tous les trafics. Dans ces moments où nous saluons l’eff ort de la Défense, où nous revendiquons un certain nombre d’objectifs, je pense aux familles a ujourd’hui de ces soldats, de ces gendarmes, de ces policiers. « Les grands pays le sont pour l’avoir voulu » disait le Général de Gaulle. La France veut toujours être une grande Nation. Non pas pour elle- même, non ! Pour porter les valeurs de la République. Merci à tous d’y contribuer. Je veux donc ici, redire l’engagement qui est le mi en, la conviction que nous préparons l’avenir, et vous exprimer ma gratitude pour contri buer à la défense de notre pays.

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