lundi 17 juin 2013

Pourquoi le Brésil ? Pourquoi les femmes ?

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Isabelle Lefort | 15/06/2013, 09:28 - 752 mots
Toutes deux incarnent en France l'entrepreneuriat au féminin. Ex présidente d'Areva, Anne Lauvergeon pilote désormais la commission Innovation 2030. Véronique Morali, elle,préside Fimalac Développement, TF Co, Terra Femina et le Women's Forum. Au quotidien, elle s'applique à fédérer les énergies pour favoriser l'égalité professionnelle. Toutes deux vont conduire la délégation des chefs d'entreprise français qui, de lundi à mardi, du 17 au 18 juin, partent à la rencontre de leurs consœurs internationales en particulier brésiliennes à Sao Paulo. Rencontre croisée.

Que représente cette deuxième édition du Women's Forum hors les murs ? En quoi l'internationalisation de cette manifestation est-elle une opportunité pour les entreprises ?
Véronique Morali :
L'internationalisation du Women's Forum et le développement de manifestations locales dans des pays où nous sommes des défricheuses, constitue d'abord une opportunité pour les femmes. Nous souhaitons clairement être dans la proximité, le partage au plus près et au plus authentique de la culture et de l'état d'esprit des femmes avec lesquelles nous allons dialoguer.
Pour les entreprises, il est évident ainsi que notre déploiement dans des pays prometteurs et en profondes mutations économiques représente une double opportunité, celle de soutenir une dynamique positive de mixité et de développement économique dans ces pays.
Anne Lauvergeon : Deauville est un formidable succès. Des femmes du monde entier y viennent chaque année début octobre. Le « marrainage » d'une femme à revenu limité par une femme plus aisée ou des entreprises permet une nouvelle densité géographique et sociale. Mais ce modèle a une limite quand on veut toucher plus de femmes dans plus de pays.

Pourquoi le Brésil ? Pourquoi ce pays plutôt qu'un autre en priorité ? Quelle plate-forme de lancement en Amérique du Sud ?
VM :
Le Brésil n'est plus un pays émergent. Aujourd'hui sixième puissance économique mondiale, c'est une terre de l'avenir, un pays « ressources » à la conquête, et désireux, sous l'égide de sa présidente Dilma Rousseff, de promouvoir la place des femmes et le rôle des entreprises.
Un exemple frappant : 14% des PDG des plus grandes entreprises brésiliennes sont des femmes. Ce chiffre tombe à moins de 5% aux Etats Unis et au Royaume Uni. A titre de comparaison, en France, aucune femme n'est à la tête d'une entreprise du CAC 40.
Le Brésil est un hub en soi mais l'Amérique Latine, hors Brésil, représente un univers d'opportunités : le Mexique, la Colombie, l'Argentine sont par exemple d'autres pays dans lesquels nous aimerions aller un jour.
AL : Véronique dit vrai. Le Brésil est un pays qui se développe vite et qui sort un grand nombre de ses habitants et habitantes de la pauvreté. Malgré une tradition assez machiste, le rôle des femmes est en train de changer. Elles sont d'ailleurs motrices de cette transformation. La Présidente du Brésil, Dilma Rousseff, n'est pas l'arbre qui cache la forêt. La plus grande entreprise du pays, Petrobras, est aussi dirigée par une femme. Et une nouvelle génération arrive.
Dans quels domaines stratégiques nos deux pays peuvent-ils échanger des bonnes pratiques, en quoi les femmes peuvent-elles interférer ? Qu'elles voix différentes font elles entendre en particulier en matière d'énergie, de nouvelles technologies et de développement durable ?
VM :
Les femmes sont actives et engagées dans le changement au Brésil, comme en France, comme en réalité dans de nombreux pays dans le monde. Elles sont très mobilisées au Brésil sur les sujets de l'entreprenariat social et la réduction des inégalités, de même que sur les sujets de développement durable ; ce sont clairement des sujets à partager.
AL : Nos expériences respectives, côté brésilien et côté français sont bien sûr différentes. Mais les similitudes, les attitudes, les difficultés sont aussi bien souvent communes. Parler, échanger, se connaître, c'est aussi créer des opportunités de business, de développement commun et d'amitiés.
Les Françaises et les Brésiliennes n'ont pas les mêmes histoires, les avancées féminines diffèrent, pour autant nous pouvons apprendre des unes et des autres, en particulier sur les plans économiques et politiques, de quelles façons ?
VM :
Les femmes se retrouvent en complicité et en totale compréhension d'où qu'elles viennent. C'est d'ailleurs le côté magique de nos Forums qui sont des vecteurs d'échanges, de dialogue et je pense d'enrichissement mutuel.
AL : Venez à un de nos forums et vous verrez la richesse des échanges et la dynamique collective. Un forum est une batterie chargée d'électricité pour toutes les participantes et les participants qui sont aussi les bienvenus.
Travailler, réfléchir en réseaux ; quelle importance et quelle opportunité internationale constituent ces rencontres de femmes entre différents continents, quels rôles politiques et économiques peuvent-elles jouer à terme ?
VM :
Les réseaux sociaux constituent les relais idéaux pour organiser la continuité des échanges et le travail collaboratif autour des sujets évoqués par les forums. Ces rencontres internationales fortifient l'envie des femmes de se saisir de rôles privés et publics de haut niveau. Ce sont les catalyseurs du dépassement de soi-même.
AL : Tout à fait d'accord, avec Véronique. On ressort d'un forum avec non seulement de l'énergie, mais des réseaux agrandis et des idées nouvelles.

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