vendredi 30 août 2013

Comment nourrir 7 milliards d'humains



Cécile Chevré, rédactrice en chef de Défis & Profits
Nous continuons cette semaine encore à nous intéresser à la thématique de l'eau... cette fois sous l'angle de l'irrigation.
Pour comprendre les enjeux de la question, sachez que, selon la FAO, pour nourrir une population mondiale toujours plus nombreuse, la production annuelle de céréales doit passer d'un peu plus de 2 milliards de tonnes aujourd'hui à 3 milliards. 

L'irrigation, principale voie vers le rendement
En matière d'augmentation de la production, il n'y a pas 36 solutions. Vous devez :
1. soit augmenter la surface des terres cultivées ;
2. soit augmenter les rendements, ce qui contribuera à hauteur de 80% à l'augmentation de la production agricole mondiale.

L'amélioration des rendements passe, quant à elle, par trois principales actions :
- les biotechnologies (amélioration des espèces),
- l'utilisation d'entrants (produits tels engrais, pesticides…)
- et enfin et surtout l'irrigation. 


L'irrigation n'est pas née… de la dernière pluie. Les premières expériences d'irrigation datent de 6 000 av. J.-C. en Basse Mésopotamie. Je ne vais pas revenir sur une histoire longue de plusieurs milliers d'années mais plutôt vous proposer ce graphe 

Effet de l'irrigation sur les rendements agricoles
L'irrigation permet de multiplier les rendements au moins par plus de deux
Une irrigation de 6 000 m3 par hectare avec utilisation d'entrants permet une production céréalière de plus de 7 000 kg/ha alors qu'une culture pluviale, même avec utilisation d'entrants, produit au mieux 3 000 kg/ha. 




La voilà donc la solution ! Plus d'irrigation pour augmenter les rendements et ce d'autant que seuls 18% des terres arables sont cultivés. 18% qui fournissent 40% de la production agricole mondiale…
La bonne nouvelle, c'est que la surface de cultures irriguées dans le monde a fortement augmenté depuis les années 1980, avec environ 50 millions d'hectares supplémentaires par décennie.
Ça, c'est la théorie. Parce qu'en pratique, selon la FAO, l'irrigation est loin d'être aussi effective qu'elle pourrait l'être puisque sur les 300 millions d'hectares dans le monde équipés de matériel d'irrigation, seuls 84% sont effectivement irrigués.
Et puis, aujourd'hui, cette progression se tasse ; selon la FAO, toujours, à partir de 2025, les surfaces irriguées ne devraient plus augmenter que de 15 à 30 millions d'hectares tous les 10 ans. Selon ces prévisions, en 2030, 550 à 600 millions d'hectares devraient être irrigués. La marge de progression – et d'amélioration – de l'industrie de l'irrigation est donc importante. Le marché est d'ailleurs estimé à 5,6 milliards de dollars ! 

L'irrigation confrontée à un problème de réserves
Seulement voilà, nous disposons d'une quantité limitée d'eau douce et potable puisque celle-ci ne constitue qu'1% des ressources en eau de la planète. Et l'agriculture représente déjà 70% de l'utilisation de cette eau tout aussi indispensable à l'industrie qu'à la consommation humaine et usages domestiques. Dans certains pays, comme les pays en voie de développement, l'agriculture peut peser jusqu'à 90% des besoins en eau.

Aux Etats-Unis, l'aquifère Ogallala, une des plus grandes nappes phréatiques au monde et qui s'étend sur 450 000 km2 et 8 Etats, est aujourd'hui menacée par la surexploitation. Cette nappe a été en effet très largement utilisée au cours du demi-siècle passé afin de transformer cette région en zone privilégiée pour la grande culture céréalière et surtout de maïs et de coton – deux cultures qui nécessitent une irrigation intensive.
Aujourd'hui, elle alimente 27% de l'ensemble des terres irriguées américaines. Seulement voilà, malgré sa taille, l'aquifère ne devrait plus être exploitable d'ici 30 ans. Entre prélèvements intensifs (destinés à 97% à l'agriculture) et baisse des précipitations pluviales, il se vide lentement mais sûrement. 

Nombre de pays connaissent déjà de sérieuses difficultés d'approvisionnement en eau douce : l'Australie, l'Asie (Inde et Chine comprises), le nord de l'Afrique ainsi que le Proche et le Moyen-Orient ou encore une bonne partie de l'Europe.
Dans La Quotidienne de demain, nous verrons quelles sont les conséquences de la pénurie d'eau sur la production agricole, le rôle de l'irrigation dans l'aggravation de ces pénuries mais surtout les technologies qui permettent aujourd'hui d'allier irrigation, hausse des rendements et préservation des ressources en eau douce. Car ces solutions existent...
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.