mercredi 21 août 2013

Le coût des inondations risque d'exploser d'ici à 2050


Une rue de Manhattan à New York après le passage de l'ouragan Sandy, le 29 octobre 2012.

C'est un chiffre choc, propre à frapper les esprits et, peut-être, à pousser les responsables politiques à l'action. Le coût total des inondations dans les grandes villes côtières de la planète pourrait atteindre à l'horizon 2050, si rien n'est fait pour endiguer les flots, la somme astronomique de plus de 1 000 milliards de dollars (750 milliards d'euros) par an.

Tel est le scénario catastrophe que décrit une étude publiée en ligne, dimanche 18 août, par la revue Nature Climate Change. Dirigée par Stéphane Hallegatte, économiste à la Banque mondiale, elle a été financée par l'Organisation de coopération et de développement économiques.
En économistes, les auteurs ne se sont pas penchés sur le coût humain – qui se chiffrerait en milliers de victimes –, mais se sont intéressés au seul coût financier de la perte d'habitations, de bâtiments, d'infrastructures et de biens divers. Les résultats sont saisissants. En 2005, les dommages imputables aux inondations, dans les 136 plus grandes villes côtières du monde, étaient estimés à 6 milliards de dollars par an. D'ici à 2050, ils pourraient grimper à 52 milliards de dollars, du seul fait de l'évolution socio-économique : poussée démographique, urbanisation, hausse du niveau de vie.
"IL NE SUFFIRA PAS DE RENFORCER OU DE REHAUSSER LES DIGUES"
C'est compter sans la montée des océans due au changement climatique et sans l'affaissement du sous-sol de mégapoles, provoqué par un terrain marécageux, le poids des constructions ou le pompage des nappes phréatiques. En intégrant ces facteurs, la facture passe à 63 milliards.
Si, du moins, des investissements sont faits sur les ouvrages de défense, digues et autres jetées, pour contenir le risque d'inondations à son niveau actuel. Faute de quoi, donc, le coût bondirait jusqu'au montant "inacceptable" de plus de 1 000 milliards de dollars.
Les auteurs admettent "les limites et les incertitudes" de leurs calculs. Pour autant, souligne M. Hallegatte, il s'en dégage "trois messages très clairs". D'abord, "les risques liés aux inondations sont déjà très élevés et vont exploser dans le futur". Ensuite, "c'est dans des villes où le risque est aujourd'hui relativement faible qu'il va le plus augmenter". Enfin, "il ne suffira pas de renforcer ou de rehausser les digues, mais il y faudra une réponse globale incluant la gestion de crise, la reconstruction et l'aide internationale".
DANGER DE SUBMERSION
L'étude montre que le planisphère des risques va être bouleversé. En tête des agglomérations aujourd'hui les plus menacées figurent, derrière Canton (Chine), trois villes américaines : Miami, New York et La Nouvelle-Orléans. Au milieu du siècle, le risque majeur se déplacera vers des villes en développement : derrière Canton, toujours en tête, on trouvera Bombay et Calcutta (Inde), même si Miami, New York et La Nouvelle-Orléans restent parmi les dix plus exposées. Si l'on regarde cette fois les villes où le risque va proportionnellement croître le plus en cinquante ans, la carte est encore tout autre. Le pourtour méditerranéen y est surreprésenté, avec des villes comme Alexandrie, Naples, Beyrouth, Istanbul, Athènes, mais aussi Marseille.
En économistes, les auteurs évaluent le prix à payer – 50 milliards de dollars par an pour l'ensemble des 136 villes en danger de submersion – afin d'éviter le pire. "Ne rien faire, dit Stéphane Hallegatte, n'est pas une option."

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