vendredi 13 septembre 2013

Industrie: La stratégie du gouvernement tient-elle la route?



INDUSTRIE – «20 Minutes» revient sur les 34 plans présentés ce jeudi...

Des avions électriques, des voitures en pilotage automatique, des tours de bureaux en ossature bois, des robots qui enseignent ou des textiles qui soignent… Jeudi, François Hollande a présenté l’industrie française de demain, qui sera bâtie dès aujourd’hui à travers 34 plans de bataille.
Ces secteurs dans lesquels l’Etat dit vouloir mettre le paquet ont été sélectionnés en fonction des savoir-faire déjà présents dans l’Hexagone et jugés capables de séduire le monde. Pour autant, et comme le précise François Hollande, «il ne s’agit pas de revenir aux grands plans des années 1960 et 1970 (Concorde, TGV, Ariane, nucléaire, etc. ndlr) où l’Etat était l’inventeur, le prescripteur, le producteur et le client final», mais «de donner un cadre et d’accompagner» cette nouvelle industrie.
«Il faut bousculer ce qui existe déjà»
Concrètement, chacun des 34 plans sera animé par un chef de projet issu du monde industriel, qui pilotera l’ensemble et fera remonter les difficultés et les besoins. Les programmes devront aboutir dans dix ans maximum et tous les six mois, le Premier ministre les passera en revue. Côté finances, le chef de l’Etat a annoncé un soutien de 3,5 milliards d’euros, qui seront pris sur le budget des investissements d’avenir (12 milliards prévus), et viendront s'ajouter aux investissements des industriels.
Philippe Waechter, directeur des études économiques de Natixis Asset Management, s’interroge sur les fonds alloués: «Pour que ces nouvelles industries puissent se développer, il faut mettre les moyens et bousculer ce qui existe déjà. Notamment en transférant les ressources des secteurs fragiles à ceux jugés prometteurs… Ce que nous avons beaucoup de mal à faire en France. Tant que le gouvernement n’explique pas clairement comment il compte faciliter cette bousculade, sa stratégie ne peut être suffisante».
Des emplois en quantité limitée
Quant au Medef, s’il salue cette initiative, il appelle le gouvernement à «enclencher rapidement une baisse du coût du travail et des charges pesant sur les entreprises afin de maximiser la création d'emplois qui pourra découler de cette ambition». En termes d’emplois d’ailleurs, les chiffres avancés par le gouvernement sont loin de faire rêver.
D’après le cabinet McKinsey, ces 34 plans pourraient, dans les dix ans qui viennent, conforter et créer 480.000 emplois… Alors que la France a perdu 750.000 emplois industriels ces dix dernières années. «Penser que l’industrie moderne va créer de nombreux emplois est un fantasme. Elle générera des gains, mais peu de postes. Il faut d’ailleurs se poser dès à présent la question de la répartition de cette future richesse, puisqu’elle ne sera redistribuée qu’à très peu de salariés», avertit Philippe Waechter.

La France lance 34 plans de reconquête industrielle


Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, le 11 septembre 2013 à l'Elysée, à Paris Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, le 11 septembre 2013 à l'Elysée, à Paris Patrick Kovarik 

ECONOMIE - Ils sont présentés ce jeudi à l'Elysée par le président de la République François Hollande, avec le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg...

Le gouvernement dévoile jeudi 34 plans de «reconquête industrielle» pour préparer au défi de la compétition mondiale ses filières les plus prometteuses, autour du TGV et des voitures du futur, de textiles innovants, de biocarburants, et autres objets connectés.

Trois axes stratégiques

Ces plans d'action expriment la «Nouvelle France industrielle»,  A travers ce programme, la France, forte d'une tradition d'ingénieurs et d'inventeurs, mais dont l'industrie a décliné depuis des années, veut retrouver une place majeure dans les grands pays industriels à horizon de 10 ans et conquérir des positions fortes en créant les objets du futur.
«Ces 34 plans ont pour but de nous repositionner dans la mondialisation et de nous rendre plus forts, en mettant beaucoup de moyens: nos ressources technologiques, industrielles, économiques, humaines, financières», a expliqué Arnaud Montebourg à l'AFP.
Trois grand axes stratégiques seront définis par le président de la République: la transition énergétique et environnementale, la santé et le numérique. Les plans doivent permettre à terme d'augmenter la part de l'industrie dans le produit intérieur brut français et les emplois.
L'ensemble est le fruit d'une analyse d'un an au sein du ministère du Redressement productif, avec le concours du cabinet McKinsey, qui a aidé «à concentrer les forces sur les points forts, les atouts» de l'industrie française.

Une renaissance

«Notre socle est très rétréci, mais très solide. C'est une base pour redémarrer et partir à la conquête de marchés nouveaux» et «recommencer à faire croître nos parts de marchés», a souligné le ministre qui appelle à «une renaissance» de l'industrie.
«Les changements de mode de vie vont avoir des conséquences industrielles, en termes de produits et de créations d'emplois, si nous les exploitons», estime-t-il.
Selon les estimations du cabinet McKinsey, les 34 plans industriels pourraient se traduire en dix ans par près de 480.000 emplois industriels soit créés soit renforcés là où ils étaient menacés. Le projet pourrait dégager 45 milliards d'euros de valeur ajoutée au bout de dix ans et 18 milliards d'euros d'exportation en plus.
Une estimation jugée «réaliste, mais très volontaire» par Arnaud Montebourg, qui a placé le made in France au coeur de son action.
Le ministre a lancé en début d'année une nouvelle stratégie de filières industrielles avec l'objectif à la fois de consolider les industries existantes et d'investir dans des technologies clé pour le long terme en visant des innovations de rupture. La définition des 34 plans industriels s'inscrit dans cette philosophie.
Quelque 80% de ces «plans de reconquête industrielle» sont des projets issus des filières et l'Etat a pris «la décision de les porter, de les réunir, de les ordonner et de les financer», a souligné le ministre du Redressement productif.
Certains des projets étaient déjà lancés au sein des filières comme la voiture consommant 2 litres aux 100 km ou le «TGV du futur». Les 34 plans couvrent un vaste éventail de secteurs: transports (véhicule sans pilote, avion électrique), textile, bois, chimie verte, réseaux électriques, numérique, robotique, biotechnologies médicales, nano-électronique, objets connectés, etc.
La «grande innovation» revendiquée de la Nouvelle France industrielle est que les chefs de projets chargés de la mise en oeuvre seront en très grande majorité des industriels, «chefs d'orchestre» des projets. Ils devront constituer les équipes et bâtir des coopérations entre public et privé.
L'État interviendra à travers la législation, les moyens fiscaux, les commandes, mais aussi avec des financements publics comme le Plan d'investissements d'avenir. Au total, 3,7 milliards d'euros d'argent public pourraient être consacrés aux plans, avec l'objectif que l'investissement privé prenne le relais à un niveau supérieur.

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