dimanche 27 octobre 2013

Bernard Stiegler

Bernard Stiegler, né le 1er avril 1952 à Sarcelles 1, est un philosophe français qui axe sa réflexion sur les enjeux des mutations actuelles — sociales, politiques, économiques, psychologiques — portées par le développement technologique et notamment les technologies numériques2.
Initiateur et président du groupe de réflexion philosophique Ars industrialis créé en 2005, il dirige également depuis avril 2006 l'Institut de recherche et d'innovation (IRI) qu'il a créé au sein du centre Georges-Pompidou.

Il est né d'un père électronicien et d'une mère employée de banque3. Bernard Stiegler ne peut continuer ses études après la classe de seconde3. Il commence, en 1969, des études (qu'il n'achèvera pas) d'assistant réalisateur au Conservatoire libre du cinéma français et poursuit, en 1973, par un stage d'analyste programmeur à l'IRIA (aujourd'hui dénommé INRIA). Il fait alors des petits boulots (ouvrier agricole, bistro)3. Après mai 68 et jusqu'en 1976, il est adhérent au PCF.

Dès 1976, il attaque une première banque à main armée. Suivront 3 autres braquages, dont le quatrième s'achève par son arrestation en flagrant délit par une patrouille de police. Il est condamné à cinq ans de prison, et avouera : « J'aurais pu en prendre pour quinze ans, mais j'avais un très bon avocat ». Entre 1978 et 1983, il passe cinq années en prison à la prison Saint-Michel de Toulouse, puis au centre de détention de Muret. Pendant son séjour carcéral, il suit par correspondance des études de philosophie à l'université Toulouse II-Le Mirail. Il aide aussi des codétenus à passer le bac.


En 1990, Bernard Stiegler est chargé d'écrire le scénario de l'exposition du pavillon français à l'Exposition universelle de 1992 à Séville.
Sous la direction de Jacques Derrida, Bernard Stiegler soutient sa thèse à l'École des hautes études en sciences sociales en 1993 et obtient un doctorat de philosophie4.
Professeur associé, et directeur de l'unité de recherche qu'il a fondée en 1993, « Connaissances, organisations et systèmes techniques » à l'Université de technologie de Compiègne (UTC), Bernard Stiegler a été directeur général adjoint de l'Institut national de l'audiovisuel (INA), puis directeur de l'Institut de recherche et coordination acoustique/musique (Ircam) jusqu'à la fin 20055.
Il a lancé le projet LECAO (« lecture et écriture critiques assistées par ordinateur ») avec le soutien du ministère de la Recherche ; créé et lancé le séminaire de sciences et technologies cognitives de Compiègne, qui se poursuit depuis chaque année au cours de la dernière semaine de janvier, et qui aura reçu plus de mille doctorants et chercheurs français et étrangers ; lancé le programme OPEN (« outil personnalisable d'édition numérique », logiciel réalisé sur la base du logiciel 4D).
Bernard Stiegler est nommé membre du Conseil national du numérique (CNN) pour une durée de trois ans en janvier 20136.

Selon Bernard Stiegler, la philosophie grecque se constitue en perdant la question de la technique. C'est en reléguant ce qu'elle surnomme la technique à un simple dehors que la philosophie crée ce dedans, cette enceinte de savoir plein à laquelle elle s'identifie. La philosophie s'articule en se démarquant de ce qu'elle surnomme la technè, dont s'inspirent les sophistes. Ce dehors est supposé ne contribuer en rien au savoir plein du dedans, et n'a par conséquent de statut que comme auxiliaire. Le philosophe peut bien se servir de la technique (de l'écriture, par exemple), mais la technique n'est pas supposée participer à la constitution de la vérité philosophique. La technique n'a rien d'original ou d'originaire, elle est toujours dérivée, et elle est donc la supposition même de l'origine (la vie et le savoir pleins).

Toute « pensée » de la technique excède nécessairement les limites de la philosophie. Une approche « pensante » de la technique ne peut que toucher aux bords de la pensée, ne peut que mettre en péril les schémas philosophiques.


Selon Stiegler, la technique doit être appréhendée comme une constituante anthropologique. La technicité participe originairement à la constitution de l'homme (l’hominisation). C'est pourquoi l'homme n'a d'essence que par accident : « L'homme est cet accident d'automobilité que provoque une panne d'essence ». L'homme est ce vivant qui n'a de qualités que dans un ajout originaire d'artificialité. Son essence est faite d'artéfacts. Sa nature est originairement secondaire. Si l'essence de l'homme (sa destination, ses fins) est artéfactuelle, elle est toujours sujet de débat, de controverse, de polémique et même de guerre : les hommes ne peuvent que se disputer sur leurs qualités. La technicité de l'homme contient toujours le risque du combat, amical ou belliqueux. Ce risque est sans fin.

C'est ainsi que la constitution technique (ou factice) de l'homme fait la nature politique de l'homme : la technicité, c'est la question de l'essence de l'homme (fins, destination, origine : des questions philosophiques, donc), ainsi que la question politique (comment vivre ensemble ?).

Pour Bernard Stiegler, la question politique fondamentale est celle-ci : comment sauver le « capitalisme » et la productivité de la consommation contre tous les phénomènes destructeurs qui les menacent et conduisent à ce que le philosophe appelle la « guerre ». La mondialisation et le phénomène d'uniformisation des comportements et des modes de vie s'attaquent ainsi à la singularité des individus et des cultures. C'est par le biais de la technique numérique, de l'américanisation du monde, des monopoles et du contrôle de la distribution, que le capitalisme s'autodétruit en niant le concept de singularité, et la vocation combative des cultures.

Bernard Stiegler
Philosophe occidental
Époque contemporaine
Description de cette image, également commentée ci-après
Bernard Stiegler dans le film The Ister.
Naissance 1er avril 1952
Principaux intérêts Technique, Politique, Esthétique
Idées remarquables finitude rétentionnelle, organologie générale, transindividuation, rétentions tertiaires
Influencé par Gérard Granel, Aristote, Platon, Jacques Derrida, Sigmund Freud, Martin Heidegger, Edmund Husserl, André Leroi-Gourhan, Gilbert Simondon, Gilles Deleuze

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