samedi 15 février 2014

Souffrance au travail : est-il possible de choisir entre approche médicale et approche médiation ?


Patrick Arzel

Les appels à médiation sur des crises en entreprise me font penser, dans leur urgence, aux interventions sur prise d’otages par le caractère aigu qui les caractérisent. Ainsi quand le collaborateur d’une structure entrepreneuriale, administrative ou associative montre des signes de souffrance au travail, on arrive parfois (et trop souvent hélas) à des tentatives de suicide. Tout cela provoque l’émoi et le stress chez les dirigeants et Drh qui s’en remettent à la médicalisation, compte tenu du danger que représente potentiellement le collaborateur pour lui même, l’entreprise et les carrières de ceux qui les managent. Et le mythe de l’organisation pathogène est en marche.
On enferme la personne en mal être dans un espace temps d’arrêts de travail – et une forme de camisole chimique -  où elle rumine son ressentiment à l’égard de tout ce qui a pu provoquer son état de souffrance. Cela dure, encore et encore et coûte beaucoup d’argent à la société et l’entreprise en particulier qui finit par se demander comment sortir de ce guêpier.
A chaque fois que j’ai été appelé en médiation sur des cas de souffrances avec tentative ou menace de suicide, je me suis trouvé en face de dirigeants complètement perdus. Ne sachant plus comment faire et me disant :
        – “Vous vous rendez compte même le médecin ne sait pas comment faire ; donc c’est sûr on va dans le mur.”
Pour en revenir à la comparaison avec une prise d’otage, lorsqu’une unité d’intervention est appelée, elle vient avec un certain nombre de compétences opérationnelles –  dont le médecin – mais là où le processus diffère de ce qui peut se passer en entreprise, c’est qu’avant d’avoir une vision médicale ou encore plus “létale”, le “négociateur” intervient – et il engage un dialogue en dehors de toute approche médicalisée ; il doit s’en tenir au plus proche d’un échange avec des arguments portant sur la réalité. Pour faire simple et clair : on commence par engager le dialogue et c’est un spécialiste du processus qui le conduit. L’erreur n’est plus faite de privilégier des systèmes de diagnostics clés en main.
Dans tous les cas de difficultés relationnelles, il faut commencer par dialoguer pour comprendre sur quoi repose le sentiment de légitimité des personnes qui en sont arrivées à un point de rupture. Ainsi à l’instar des groupes d’interventions les plus prestigieux, le médiateur professionnel, appuyé par une équipe prête à intervenir, peut installer un dialogue dans un climat sécurisé et ainsi les conflits peuvent être apaisés et réglés par le processus structuré préconisé.
Pour cela, les médiateurs professionnels mettent en place des modes d’intervention orientés vers des résultats permettant aux protagonistes de se sortir de ce qui provoque l’entêtement, l’obstination, de ce qui entraîne des situations de blocage. Il faut juste que ceux qui sont aux commandes soient à l’écoute de cette proposition de service, juste qu’ils écoutent un instant les médiateurs professionnels.

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