jeudi 20 février 2014

Système U et Terrena construisent une filière porcine innovante

Après deux ans de négociation, le distributeur et la coopérative signent un contrat de trois ans.
Les éleveurs, dont la rémunération est revalorisée, fourniront une viande de meilleure qualité.

Dès le 4 mars, Système U vendra des barquettes de porc sous la marque Nouvelle Agriculture. En contrepartie, Terrena s\'est engagé à élever le niveau de qualité de la viande. - Photo Justin Tallis/Report Digital-REA
Dès le 4 mars, Système U vendra des barquettes de porc sous la marque Nouvelle Agriculture. En contrepartie, Terrena s'est engagé à élever le niveau de qualité de la viande. - Photo Justin Tallis/Report Digital-REA
Un contrat de vente de trois ans et qui garantit aux producteurs une plus-value de 8 à 12 centimes d'euros le kilogramme de porc. C'est l'accord avantageux qu'ont décroché les éleveurs de la coopérative Terrena auprès de Système U. Son président, Hubert Garaud, a présenté hier soir avec Serge Papin, président du distributeur, ce partenariat qui a exigé deux ans de discussions parfois âpres. «  Nous sommes parvenus à sortir des négociations annuelles très dures qui régissent en France les rapports entre le monde agricole et le commerce. C'est un contrat proche de ce que font les Anglo-Saxons ou les Allemands », estime Hubert Garaud. Pour Serge Papin, «  il s'agit de mettre de la régulation dans ce marché qui voit les prix varier de 2,5 à 9 euros le kilogramme ».
Dès le 4 mars, les linéaires de Système U vendront des barquettes de porc sous la marque Nouvelle Agriculture avec les deux logos des partenaires. Terrena s'est engagé en contrepartie à élever le niveau de qualité de la viande. Concrètement, les éleveurs nourrissent leurs bêtes avec des graines de lin et du colza riches en oméga 3, réduisent progressivement les antibiotiques et améliorent le bien-être du cheptel.
Le dirigeant explique que le surcoût de ces pratiques plus durables est de l'ordre de 3 à 5 centimes le kilogramme, soit 8.000 euros en moyenne par exploitation. Les éleveurs ont accepté cet investissement grâce à la sécurisation de leurs débouchés. En deux ans de discussions, les partenaires ont également réussi à supprimer des coûts inutiles, notamment dans les transformateurs de Terrena. «  Nous valorisons mieux toutes les parties du cochon, à travers par exemple de nouvelles recettes de saucisses. Nous avons travaillé aussi sur la logistique, etc. », précise Hubert Garaud.
Sur les 150 éleveurs de Terrena, seuls une trentaine de producteurs se sont pour l'instant lancés dans cette nouvelle agriculture. «  Nous allons monter en puissance » promet Hubert Garaud. Car pour lui, il existe un marché entre les produits bio et l'agriculture conventionnelle : «  Les consommateurs veulent des produits locaux, sains, sans OGM et qui ont un impact environnemental inférieur ».

Filière du lapin

Terrena a déjà converti il y a un an une part de sa production de lapin, un premier essai jugé aujourd'hui transformé. Lancée par une vingtaine d'éleveurs, cette filière va mobiliser bientôt jusqu'à 120 producteurs.
Maximilien Rouer, fondateur du cabinet BeCitizen qui a accompagné les deux partenaires, justifie le choix de la filière porcine : « C' est celle qui a le plus besoin de nouer des accords de ce type. Contrairement à la filière bovine qui parvient à bien vendre les parties avant des bêtes, la valorisation du porc par les saucisses et les salaisons est plus difficile », explique-t-il.
Pour Philippe Breton, consultant dans la grande distribution, ce type d'accord permet aux distributeurs de sécuriser leur approvisionnement, de s'assurer de la qualité des produits et d'en faire un élément différenciateur par rapport à la concurrence. Il salue également la concrétisation des promesses faites par Serge Papin dans son livre « Pour un nouveau pacte alimentaire », paru en 2012.

Terrena devra néanmoins tenir sa promesse de limiter les antibiotiques des porcs, un défi technique qui pose pour l'instant des difficultés aux éleveurs. 


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