samedi 5 avril 2014

Comment accepter de se faire aider ?

Par ERIC ALBERT | 31/03/2014 | mis à jour le 01/04/2014

L'efficacité durable du dirigeant passe nécessairement par une phase d'introspection et d'identification de ses propres limites. A trop s'appuyer sur ce qu'il considère être ses qualités, il se met en échec.

A l'heure où l'on ne parle que de remaniement ministériel, un grand scepticisme règne sur la vraie capacité de changement de l'exécutif, après une première partie de quinquennat marquée par les revirements sans ligne directrice et donc sans résultats. Sous une autre forme, l'histoire présidentielle se répète. Les politiques ne sont malheureusement pas les seuls à persister dans des comportements qui limitent leur efficacité, voire les conduisent à l'échec. Enfermés dans leurs grands traits de personnalité, nombreux sont les dirigeants qui s'y complaisent. Ils se construisent un discours d'autojustification expliquant pourquoi ils ont raison d'être comme ils sont.
L'un ne maîtrise pas ses colères et vante leurs effets sur ses collaborateurs empressés de lui plaire. Un autre, toujours impatient, n'écoute personne et se persuade qu'il n'y a que lui qui peut décider. Un troisième, éternel indécis, laisse traîner les problèmes jusqu'à produire des crises. Pis, alors qu'eux-mêmes ne changent pas, ils considèrent que leurs équipes devraient s'adapter facilement. Ce qu'ils n'envisagent pas pour eux devrait être naturel pour les autres. En ne s'appliquant pas à eux-mêmes ce qu'ils demandent aux autres, ils sous-estiment les difficultés. Leur niveau hiérarchique leur permet de couper court à toute tentative de discours de vérité sur eux-mêmes, qui pourrait les remettre en cause.
L'efficacité durable du dirigeant passe nécessairement par une phase d'introspection et d'identification de ses propres limites. A trop s'appuyer sur ce qu'il considère être ses qualités, il se met en échec.
Convaincre un dirigeant de se faire aider suppose de le faire réfléchir à sa valeur ajoutée et à son outil de travail. Quelle que soit son intelligence, si elle ne dispose pas des comportements nécessaires à son déploiement, elle ne sera que peu utile.
Or, la compétence comportementale a en permanence besoin d'être entretenue, au risque de se rétrécir et de s'assécher.
Convaincre un dirigeant de se faire aider, c'est lui faire prendre conscience que sa première exigence est vis-à-vis de lui-même. C'est parce qu'il doit sortir de sa zone de confort qu'il a besoin de support. Sinon, il fait semblant et vit sur ses acquis, tel un préretraité.

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