samedi 5 avril 2014

Commission - Risques psychosociaux : dépistage et évaluation

Cette commission était présidée par Valérie Langevin, Psychologue du travail à l’INRS.
Il s’agissait d’une commission sur les risques psychosociaux qui, d’après la définition de l’agence de Bilbao, incluent notamment les situations de stress, de harcèlement moral et de violences externes. Ce vocable a été utilisé, mais également d’autres, tels que stress, souffrance, santé mentale, charge mentale.
Le stress au travail est l’une des menaces les plus importantes qui pèsent sur la santé des salariés, mais également sur la performance des entreprises : il peut et doit être prévenu.
Concernant la réalité du phénomène, il apparaît que le stress est le problème de santé le plus répandu dans le monde du travail et qu’il s’aggravera probablement (Agence européenne de Bilbao, 2007).
Rappelons quelques données chiffrées (source : Fondation européenne de Dublin, 2005) : 22 % des salariés européens se plaignent de problèmes de santé en rapport avec le stress au travail ; le stress est à l’origine de 50 à 60 % des journées de travail perdues ; 5 % des salariés européens ont déclaré subir du harcèlement moral au travail. La commission a évoqué deux modèles de stress au travail : le modèle de Karasek, portant sur les déséquilibres entre les exigences de la tâche et la marge de manœuvre décisionnelle et le modèle de Siegrist, portant sur les déséquilibres entre les efforts et les récompenses.
L’état de stress – quant à lui - provient d’un déséquilibre perçu entre les exigences du poste de travail et les moyens d’y répondre. Il passe par la mise en œuvre de mécanismes physiologiques, décrits à travers trois phases dans le modèle de Selye. Si l’état de stress devient chronique, la personne entre dans une phase d’épuisement d’un point de vue physiologique.
Au-delà des atteintes à la santé, il faut aussi rappeler les conséquences négatives pour l’entreprise en termes d’absentéisme, de turnover, de baisse de la performance et de la productivité, d’altération de la qualité de service, etc.
Il existe en France une forte préoccupation sur les risques psychosociaux dans le champ social. Les risques psychosociaux ne sont plus considérés comme des risques mineurs, comme des "sous-risques" professionnels.
Toutefois, de manière paradoxale, les actions de prévention sont encore trop peu nombreuses. Pour expliquer ce paradoxe, la commission a listé les freins au développement de la prévention :
- l’absence d’implication jusqu’à présent des pouvoirs publics (même si, avec le rapport Nasse-Légeron, la situation semble évoluer),
- l’opposition entre une approche individuelle et une approche collective,
- l’opposition entre une vision patronale et une vision syndicale des causes de stress et des causes des risques psychosociaux,
- une médicalisation et des arrêts de travail qui protègent bien évidemment le salarié en souffrance, mais n’autorisent pas toujours à remonter jusqu’à la prévention,
- une juridiciarisation enfin, parfois nécessaire mais souvent incertaine et qui, dans tous les cas, signe l’échec de la prévention.
Un autre frein au développement de la prévention des risques psychosociaux en France réside dans un certain nombre d’idées reçues, par rapport au stress notamment. Celui-ci apparaît tout d’abord comme un facteur positif, la pression permettant de dynamiser les équipes. Il peut aussi être perçu comme une fatalité contre laquelle nous ne pouvons rien : le stress serait une donnée macroéconomique et nous n’aurions pas de prise sur un contexte hyper-concurrentiel de mondialisation. Enfin, le stress est souvent considéré comme le signe d’une vulnérabilité individuelle. Tant que les entreprises ne parviendront pas à dépasser ces idées reçues, il sera assez difficile d’avoir une approche de prévention à la source (prévention primaire).
Au niveau des entreprises, trois types d’action sont possibles :
- La prévention primaire consiste à combattre les risques à la source, donc à réduire les sources de stress : ce sont des actions de prévention, assez longues à mettre en place, mais qui garantissent des effets à long terme.
- La prévention secondaire concerne des actions visant à renforcer la résistance des salariés au stress par le biais de techniques de développement personnel : il s’avère que ce sont effectivement des actions de prévention efficaces à court terme et assez simples à mettre en place, mais dont l’inconvénient procède d’effets à court terme uniquement.
- Enfin, la prévention tertiaire relève de la prise en charge des salariés en souffrance.
Si ces trois niveaux de prévention sont complémentaires, le défi actuel à relever est de faire porter les efforts sur la prévention primaire, c’est-à-dire de réduire le risque à la source. C’est ce type d’actions qui est le moins mis en œuvre dans les entreprises. Ceci peut, sans doute, expliquer, en partie, le retard dont il est question en matière de prévention des risques psychosociaux en France.

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