mercredi 3 juin 2015

Bernard Kerespars fait des miracles

À 68 ans, Bernard Kerespars reçoit le monde entier dans sa petite maison de Clis. Son don particulier de guérisseur attire les foules.

22/02/2012 à 18:09 par Christophe Lusseau
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“Ma grand-mère avait l’habitude d’offrir une montre à chacun de ses petits-enfants pour leur communion. Huit jours plus tard, la mienne s’est bloquée et n’est jamais repartie. J’avais 12 ans et j’ai pris une baffe que, plus tard, j’ai compris que je ne méritais pas…” Si l’anecdote n’explique pas le don reçu par Bernard Kerespars, elle est symptômatique de certains phénomènes qui ne trouvent parfois pas d’explications. Plus de 50 ans après, le Guérandais de Clis croit avoir trouvé certaines réponses à ses questions. “Quand tu grattes, tu trouves”, répéte-t-il, mystérieux. Guérisseur, rebouteux et magnétiseur, il est en tout cas connu comme le loup blanc pour faire des miracles.
Taoïste plutôt que clodo
Petit et râblé, la barbe à la ZZ Top et le crâne imberbe, Bernard Kerespars reçoit dans une maison qu’il connaît bien. Au bord de la route qui mène à La Turballe, la bâtisse ne paye pas de mine. “C’est celle que m’a laissée ma mère. J’y suis né. Rien n’a changé. J’ai juste rajouté des éléments de décor au fur et à mesure…” Les plus optimistes parleront de décoration “kitch”, avec ces objets hétéroclytes qui s’entassent sur les étagères et les nombreux trophées de chasse ramenés par cet amoureux de la nature (il est aussi président de la société de chasse du Pays blanc et administrateur à la fédération, NDLR).
L’homme n’est pas matérialiste. “J’ai tout juste mon certificat d’études et j’ai commencé comme peintre en bâtiment, raconte-t-il sans fausse pudeur. J’ai bien failli devenir clodo si ma mère ne m’avait pas accueilli.” Marié, puis divorcé (il revit depuis avec son ex-femme), père de quatre enfants, Bernard Kerespars s’installe dans les deux pièces que lui cède sa maman, celles qui lui servent toujours aujourd’hui de salle d’attente et de “cabinet de consultation”. Durant cinq années, fort de quelques expériences étranges, il s’interroge sur le sens de son don. “J’ai trouvé un mode de vie avec le taoïsme (à la fois une philosphie et une religion chinoise, NDLR), appris à mieux connaître mon corps et ses limites.” Et puis, sans se l’expliquer vraiment, “confronté à une situation, j’avais le sentiment de pouvoir faire quelque chose…”
50 “patients” par jour
Ceux qui commencent à venir le voir se fichent bien de l’étrangeté de la demeure. Il faut dire que l’ami Bernard traîne une solide réputation de guérisseur, aidée par un drôle de coup du sort. “En haut du village de Clis, il y avait déjà un guérisseur rebouteux, avec un certaine renommée. Quand il est mort, il y a eu comme un transfert”, rigole-t-il. Depuis 28 ans maintenant, le bouche-à-oreille fonctionne et les “patients” se bousculent chez lui. “Il faut que la proportion de réussite soit suffisante pour être crédible, relativise Bernard Kerespars, malgré un taux qui avoisine les 80-85 %. Le pouvoir, ce n’est pas toi qui le détiens, ce sont les gens qui te le donnent.”
À tel point que, l’affluence devenant difficile à gérer, la fille de Bernard vient l’aider à canaliser. “J’avais jusqu’à 300 personnes dans ma cour. Il a fallu que je m’organise”, se souvient-il. Depuis, le rituel est le même : les lundis, mardis et vendredis, jours de consultation, les premiers “clients” arrivent à 6 h du matin pour chercher leur ticket. Le magnétiseur-guérisseur enchaîne ensuite les rendez-vous à partir de 10 h 30. À raison de 40 à 50 “patients” par journée, la durée moyenne de ces visites ne dépasse par le quart d’heure.
Un “merci” suffit
À Clis, toutes les couches sociales, de la Presqu’île comme de Paris, de France comme de Lituanie, viennent trouver une alternative à la médecine traditionnelle. Angiomes, verrues, déplacements musculaires, voire même des cas plus difficiles (lire encadré), Bernard s’applique à soulager. “À partir du moment où les gens font la demande, il y a 50 % du travail de fait. C’est l’effet placebo, je leur donne la possibilité d’autoguérison.” Même si ça lui coûte physiquement. Car lorsque le rebouteux entre en action, l’énergie dépensée le laisse vidé.
Une tâche usante, mais une satisfaction et un respect que Bernard peut lire dans les yeux de ceux qu’il a guéris. “Je ne demande rien. Un merci, un bouquet de fleurs ou une bouteille suffisent… Mais en général, on me donne un billet.” À 68 ans, le guérisseur ne veut pas se fixer de limite. “Je m’arrêterai sans doute quand je serai mort… Mais je ne suis pas pressé.”
Christophe Lusseau

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